632 – LES DEUX MONDES

 

 

J’entame ici une série de chroniques sur les principaux enjeux qui vont façonner notre futur. Je vais aborder successivement quelques grands thèmes dont dépend le bien-être de nos enfants à l’horizon 2050, c’est-à-dire très bientôt. La façon dont nous saurons répondre à ces différentes problématiques changera le cours de l’histoire. La démographie, les inégalités, la croissance économique, la gamétogénèse in vitro qui consiste en rien moins que de modifier le patrimoine génétique de l’humanité, la durée de vie, etc.

Parlons aujourd’hui de démographie. C’est un facteur prépondérant dans l’évolution des sociétés, c’est aussi un facteur de grande inertie. Les naissances d’aujourd’hui auront des répercutions sur plusieurs générations. Globalement, le monde peut être divisé en deux pôles opposés. D’une part des pays développés, d’un haut niveau de vie et technologiquement avancés dont l’Allemagne est le prototype, mais dont la natalité est si basse que la population autochtone va décroitre rapidement. D’autre part, des pays pauvres, dont les systèmes éducatifs et de santé sont déficients où le chômage est endémique, tel le Nigéria, avec un taux de natalité extrêmement élevé. Ces deux situations extrêmes sont potentiellement explosives, tandis que d’autres pays se trouvent dans des situations démographiques plus avantageuses, comme aux USA par exemple.

FRANCE ALLEMAGNE _ Evolution population L’Europe du Nord et de l’Est est confrontée à une démographie anémique qui peut gravement handicaper son avenir, d’autant que ce phénomène est accompagné par une augmentation significative de l’espérance de vie. Ces deux phénomènes simultanés engendrent un vieillissement accéléré de la population, véritable défi sanitaire et économique. Sans apport migratoire, l’Allemagne aura perdu 6 millions d’habitants en 2050 et 40% de la population aura plus de 60 ans ! Autant dire un déclin économique considérable et une augmentation exponentielle des dépenses de santé, avec des caisses de retraite en faillite. A cette date, la population française devrait dépasser celle de l’Allemagne. Pour combler ce déficit démographique, et amener assez de jeunesse pour soutenir l’économie, il faudrait une immigration de plusieurs dizaines de millions de jeunes dans toute l’Europe pour la remettre à flot car elle n’assure plus le renouvellement de sa population.

Ce phénomène de déficit démographique concerne toute l’Europe, à des degrés divers. L’Italie, l’Espagne, l’ensemble de l’Europe de l’Est, l’Ukraine, l’Europe du Nord et la Russie. En Asie, le Japon souffre du même handicap. La première réponse consiste à repousser l’âge de la retraite, en même temps que la notion de vieillesse, pour tenir compte du fait que de plus en plus de gens vivent plus vieux en bonne santé. Les allemands vont travailler jusqu’à 67 ans et les autorités parlent déjà de 69 ans. Partir à la retraite avant 65 ans, comme en France, n’est pas une situation tenable, sauf à se contenter d’un niveau de retraite sous le minimum vital.

Le deuxième moyen d’action pour limiter ce déficit démographique consiste à procéder à une immigration massive, comme l’Allemagne a judicieusement commencé à le faire. Cette immigration peut venir des autres pays européens mais ce réservoir de main d’œuvre qualifié, et facilement assimilable, est faible et se fera vers les quelques pays les plus dynamiques aux dépens des autres, à la traine, aggravant leurs problèmes. Naturellement, l’immense vivier migratoire se situe au Maghreb, au Moyen Orient et en Afrique noire, mais chacun sait les énormes difficultés d’intégration surtout en ce qui concerne les populations musulmanes dont la culture est très éloignée de la nôtre. Il serait judicieux de favoriser dès maintenant l’immigration des minorités chrétiennes de Syrie, d’Irak ou d’Afrique noire, mieux éduqués, plus faciles à intégrer, et qui sont en outre souvent persécutées. L’immigration plus massive des musulmans ne peut se faire qu’après avoir établi des critères simples et des quotas stricts, associés à une vaste politique d’intégration. Les pays européens jouent leur survie sur leur capacité d’intégration d’une large immigration choisie. Sans cette politique volontariste et organisée, l’Europe subira un véritable envahissement sauvage qui la balayera.

21686_artigo_mutilacao_genital Face à ce monde riche atteint de déprime nataliste, se situe un autre monde pauvre où la natalité est encore explosive à l’image du Nigéria dont le nombre moyen d’enfants par femme est de 5,7, un record sur un continent où ce chiffre atteint encore 4,7. En 2050 la population du Nigéria aura doublé et dépassera celle des USA pour atteindre environ 400 millions d’âmes. A cette date la population mondiale sera proche de 10 milliards d’individus et l’Afrique sera le principal contributeur pour cette augmentation. Ce taux élevé de fertilité est hélas accompagné d’un cortège de fléaux qui en découlent : pauvreté, faim, forte prévalence de maladies contagieuses, pollution, sans compter les effets du changement climatique. Dans l’Afrique sub-saharienne, un quart de la population manque de nourriture adéquate et 30 millions d’enfants souffrent de malnutrition.

Pour sortir de ce cercle vicieux, ces pays doivent atteindre une sorte de ficgayo7_0«transition démographique » qui survient lorsque la natalité ralentit et que le pays dispose d’une jeunesse nombreuse, mieux éduquée, et en âge de travailler. Malheureusement cette transition démographique n’est pas survenue dans nombre de pays sub-sahariens car la natalité a trop tardé à ralentir. Ces pays se trouvent submergés par des jeunes mal formés qui s’entassent dans des bidonvilles, à la périphérie des villes. Dans ces conditions, il devient très difficile d’éradiquer la misère, de combattre la faim et la malnutrition, d’améliorer les infrastructures, l’éducation et la santé. Cette situation est explosive car une masse de jeunes sans formation et sans emploi constitue le terreau de la violence, de la criminalité et du terrorisme.

Les contraires sont faits pour se rencontrer suivant le principe des vases communicants. Le trop-plein ici est fait pour se déverser dans les manques ailleurs. Qu’on le veuille ou non, le monde riche vieillissant et le monde pauvre, riche de sa jeunesse, ont besoin l’un de l’autre. Nous avons commencé à assister à la rencontre de ces deux mondes opposés et complémentaires. La tâche est immense pour que cette rencontre ne soit pas une confrontation suicidaire. Tel est l’un des défis que nous devons relever en mettant en œuvre une politique migratoire volontariste et organisée. Le drame, c’est qu’actuellement les esprits semblent plus proches de la confrontation que de la collaboration. Cet état d’esprit met en péril l’équilibre global…

 

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