633 – INEGALITES: BOMBE A RETARDEMENT ?

 

 

Durant les 250 dernières années l’humanité dans son ensemble n’a pas cessé de prospérer. Même dans les pays pauvres, les populations ont globalement un meilleur bien-être et un meilleur état sanitaire que jadis. La prospérité est constituée de nombreux paramètres économiques, sanitaires, politiques, c’est-à-dire incluant l’éducation, la liberté d’opinion, l’absence de violence et d’arbitraire.

Disparités Nord/ Sud
Disparités Nord/ Sud

 Malgré ces progrès il existe encore de grandes disparités entre les pays, à tous les niveaux que nous venons d’énumérer. Les standards de vie sont très éloignés à Zurich et à San Francisco, de ce qu’ils sont à Jakarta ou à Lagos. L’économie est plus facile à mesurer que tout autre et de ce point de vue on peut constater que le revenu par tête est 10 fois plus haut en Amérique qu’en Inde ou au Nigéria et même 90 fois plus élevé qu’en République Centre Africaine. Ces chiffres sont ajustés pour tenir compte du coût de la vie dans chaque pays.

Ces disparités sont sources de conflits et de phénomènes migratoires de grande ampleur comme le vit actuellement l’Europe. La richesse attire naturellement les pauvres et ce phénomène provoque des déséquilibres globaux dont on ne mesure pas encore bien les conséquences. Chacun sait que le meilleur moyen d’endiguer les flux migratoires consiste à participer au développement économique et démocratique des pays pauvres. Vaste tâche certes, mais sans doute inévitable. L’Europe aurait tout intérêt à mettre sur pied un vaste plan Marshall pour l’Afrique, comme les USA l’ont fait pour l’Europe après la guerre, lui permettant de rapidement retrouver une forte croissance économique. L’intérêt évident de l’Europe c’est d’aider l’Afrique à se développer car c’est aussi conserver une sphère d’influence et susciter de futurs clients. L’Europe aura t-elle cette clairvoyance ?

 Les inégalités se vivent aussi à l’intérieur des pays et de ce point de vue les pays riches connaissent de criantes disparités qui seront à terme des sources de conflits importantes si l’on ne sait y porter remède. Ces inégalités se sont considérablement aggravées dans l’ensemble des pays depuis la crise de 2008 dont nous subissons toujours les conséquences. Il y a 30 ans, aux USA, les 1% les plus riches possédaient 8% du produit national, ils en possèdent aujourd’hui 18%. A des degrés divers on peut observer le même phénomène dans les différents pays riches. La France fait partie des pays dans lesquelles l’inégalité a progressé le moins vite et 1% des français possèdent moins de 9% du produit intérieur.

La difficulté actuelle provient de l’absence de croissance économique qui fait que les jeunes d’aujourd’hui risquent d’avoir un niveau de vie inférieur à celui de leurs parents. Si le gâteau grandit chaque année, chacun peut espérer avoir une plus grande part. Si au contraire rien ne change, on ne peut gagner plus qu’au détriment de quelqu’un d’autre ! Les gagnants étant généralement ceux qui bénéficient d’une rente de situation, qui peuvent influencer les lois qui leur sont favorables, qui peuvent protéger leurs privilèges grâce au lobbying ou qui sont proches des sources de la manne financière, mais aussi ceux qui parviennent à innover malgré l’obstruction de ceux qui protègent leurs rentes de situation.

Unknown Ces inégalités croissantes sont des sources de conflits graves et peuvent aussi générer des changements politiques drastiques lorsque les citoyens se sentent marginalisés et, en quelque sorte, méprisés par la classe dirigeante qui fait partie de ceux qui prennent une part plus grande du gâteau. Tout ceci est source d’instabilité et d’incertitude vis à vis de la démocratie elle-même. Il ne fait pas de doute qu’il est devenu urgent d’agir de façon ferme pour diminuer les inégalités. Certains évoquent une réforme du capitalisme qui devrait être mieux régulé avec un système qui prévoit une meilleure redistribution des richesses. C’est une voie, encore faut-il que la redistribution ne favorise pas trop ceux qui ne participent pas à la création de richesse et qui attendent les subsides de façon passive.

Maintenant, il convient de comprendre les raisons pour lesquelles l’économie est au point mort dans les pays développés et, souvent même, elle frise la récession. Il faut considérer les acteurs économiques majeurs qui pèsent le plus lourd et qui, par leur poids, ont une influence considérable sur les décisions économiques. Ils sont au nombre de trois :

  • Tout d’abord les systèmes de santé qui sont devenus des mastodontes dont les budgets sont hors de contrôle et qui absorbent à eux seuls un cinquième du Produit Intérieur Brut (PIB). Les dépenses de santé ont une croissance très supérieure à celle du PIB et handicapent lourdement l’avenir. Il n’existe aucun mécanisme de régulation, chacun décidant du niveau de soin qu’il désire, multipliant les check-up et les analyses selon son bon vouloir et suivant son niveau d’angoisse.

  • Ensuite, le secteur financier basé sur la spéculation, coupé des réalités économiques, proche du pouvoir et surtout proche de ceux qui créent la monnaie ce qui lui permet de se servir copieusement au passage.

  • Enfin, l’administration et sa cohorte de fonctionnaires dont le poids

    La forteresse administrative
    La forteresse administrative

    électoral lui donne un pouvoir considérable qui lui permet d’obtenir des faveurs particulières, mais elle édicte des règlements démesurés qui freinent l’innovation et alourdissent la machine économique. L’ensemble nécessite des hausses d’impôt qui appauvrissent les citoyens.

Telle est la triade qui rançonne les pays et bloque la croissance économique, en accaparant les revenus du travail et dont les budgets sont en constante augmentation. Cet état de fait, qu’aucun gouvernement ne parvient à contrôler, est à l’origine des inégalités. Ceux qui ne font pas partie de l’un ou l’autre de ces groupes voient leur revenus décroitre. La question qui se pose est de savoir s’il est possible de diminuer les pouvoirs de la triade par des moyens démocratiques. Chacun de ses membres a intérêt au statu quo. Le pouvoir de la finance permet de contrôler les media et le gouvernement afin que rien ne change, tandis que le système de santé prospère et que le pouvoir administratif étend son influence. Rêvons d’une prise de conscience globale afin qu’un processus démocratique puisse corriger ces dysfonctionnements. Cela peut prendre du temps, sauf si les peuples perdent patience, ce qui ne serait pas une bonne nouvelle car la colère n’est pas bonne conseillère.

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