La démocratie parlementaire semble à bout de souffle. Dans de nombreux pays occidentaux, les partis politiques ont tellement perverti la démocratie que l’on en vient à douter de ses vertus ! Ces dernières années, nous avons assisté, un peu partout, à des surenchères démagogiques qui ont porté au pouvoir ceux qui savaient le mieux mentir et qui faisaient les plus belles promesses. Les peuples sont las de ces mensonges, de ces reniements et de ces capitulations.
Je continue de plaider inlassablement en faveur de la démocratie directe qui a l’avantage de donner la parole aux citoyens, par-dessus les partis politiques, et de se débarrasser des querelles partisanes. Rien ne responsabilise davantage les citoyens que de les interroger par référendum, pour tous les sujets de société qui les concernent directement. Ils font preuve généralement d’une grande sagesse et ils risquent moins que les politiciens de se laisser influencer par des idéologies irréalistes ou néfastes. Globalement, les peuples sont plus pragmatiques et ne s’embarrassent pas des théories à la mode.
Le système de la démocratie représentative a l’immense désavantage de sélectionner les médiocres et les bonimenteurs. Les hommes politiques d’envergure, qui ont des discours raisonnables, honnêtes, de bon sens, modérés, sans promesses excessives, mais qui recherchent le bien de leurs concitoyens, sont éliminés lors des votes. Ils ne pèsent pas lourd, face au lyrisme extravagant et mensonger de ceux qui sont avides de pouvoir, à n’importe quel prix. Dans le monde d’aujourd’hui, combien de politiciens de valeur pouvez-vous repérer ? Quels sont ceux qui ont une haute idée de leur mission, qui savent échapper aux querelles politiciennes et qui ont une réelle vision à proposer ?
Les campagnes électorales ne sont que mesquineries, bassesses et petitesses. Ils sont à l’affut du moindre événement pour faire parler d’eux, ils ont des avis tranchés et péremptoires sur tout, et parlent comme s’ils disposaient d’une baguette magique. Le ton est seulement polémique et leur stratégie consiste à dire le contraire de leurs adversaires politiques. Ils font et disent le contraire de ce qu’ils disaient lorsqu’ils ne gouvernaient pas ! Vous avez assisté, comme moi, à la déplorable affaire dite du « burkini » qui a enflammé les esprits, au-delà de l’imaginable. L’Europe est confrontée à de multiples crises qui risquent d’hypothéquer son avenir, mais pendant ce temps là les politiciens s’étripent sur le sujet de savoir quelle tenue vestimentaire les femmes peuvent porter sur les plages. L’indécence n’est pas sur les plages, elle est dans les rangs du parlement. Ces gens là ne méritent pas nos voix, ils ne méritent que notre mépris !…
Les citoyens, dans leur grande majorité, sont désabusés. Ils constatent que les gouvernements sont presque partout incapables d’entreprendre une politique claire sur les trois principaux problèmes qui hantent les citoyens : d’une part, l’immense problème économique et humain posé par le flux de refugiés et d’immigrés qui se déverse sur l’Europe, et d’autre part, la grave crise économique qui demeure sans remède, malgré les promesses. Puis, enfin, la lancinante question de l’insécurité globale. Cette inertie, et cette absence de perspective d’avenir sur ces trois sujets cruciaux, ajoutent au scepticisme vis-à-vis de la classe politique dans son ensemble. Le discrédit est total et sans appel. Le peuple n’attend pas des miracles, il attend seulement des projets crédibles et des perspectives fiables. Il n’entend que des discours creux, des balivernes, sans aucune vision de ce que pourrait être la société de demain, à construire ensemble.
Pas étonnant, dans ces conditions, que le pessimisme gagne du terrain un peu partout. Sans doute parce qu’elle est la plus déçue, et la moins bien gouvernée, la France est la plus pessimiste du continent européen. On se met à rêver d’un homme providentiel, d’un homme fort et on regarde autour de soi. On est proche d’envier les Russes qui viennent de confirmer le pouvoir de Wladimir Poutine avec 76% des voix en faveur de son parti. En 2000, il a pris en main un pays délabré, en état de déliquescence. Sa main ne tremble pas lorsqu’il mène son peuple et il lui a rendu sa fierté, même si cela semble déplaire aux occidentaux.
En Turquie, Erdogan qui se paye le luxe de mener l’Europe par le bout du nez et qui rêve de reconstituer l’Empire Ottoman, domine son pays d’une main de fer. Lui non plus ne tremble pas, mais finalement son pays est respecté. Erdogan n’est peut-être pas aimé, mais il est craint et admiré. Il regarde vers l’avenir et son projet est clair, il veut construire un Islam moderne, dominer le Moyen Orient et si possible, intégrer la Communauté Européenne, pour l’affaiblir de l’intérieur. Cela a le mérite d’être clair et ce que je reproche à l’Europe, c’est de manquer de clairvoyance !
Tournons notre regard vers la grande puissance asiatique, vers cette Chine mythique appelée à faire trembler le monde. Là-bas, règne ce que l’on pourrait nommer une « dictature éclairée », qui ne s’embarrasse pas trop de débats démocratiques. C’est peut-être dommage, mais cela semble diablement efficace. La Chine nous apporte la preuve que ce n’est pas la démocratie qui apporte le succès économique, mais le capitalisme libéral. Bien sûr, rien n’est définitivement acquis, mais Xi Jinping n’a pas une mauvaise tête. Il a l’allure du major de sa promotion, qui sait tout sur tout. Pour le reste, il vaut mieux ne pas le contredire.
Pas étonnant, dans ces conditions, que certains commencent à regarder avec intérêt ces hommes forts qui savent gouverner. Ils deviennent même des modèles si on les compare à nos politiciens indécis, qui semblent tétanisés par des décisions qui les dépassent. Donald Trump ne s’y est pas trompé, c’est un homme d’instinct, il a pris le vent et il s’est lui aussi laissé séduire par ces hommes forts auxquels il voudrait ressembler ! Mais, aux Etats-Unis, la démocratie est un leurre, c’est l’argent qui gouverne, comme en Russie. Il n’est pas étonnant donc que Trump veuille ressembler à Poutine, mais il n’est pas sûr qu’il en ait l’envergure, ni l ‘intelligence politique.
Nous avons assisté, aussi bien en Europe qu’aux USA, à l’enlisement de projets politiques divers, entravés par des parlements hostiles, manipulés par des partis politiques sectaires. Et, lorsque l’on voit le niveau des débats politiques aux USA, l’incapacité des politiciens espagnols de former un gouvernement, ou les difficultés pour réformer la France et l’Italie, l’on est en droit d’espérer l’avènement d’un dictateur éclairé qui remette les choses en ordre. Hélas, les dictateurs sont trop souvent enivrés par le pouvoir dont ils finissent par abuser, sauf à nommer un dictateur pour une durée déterminée, comme du temps de la République Romaine !…
