Nous revenons de Cordoba, nichée au milieu des oliviers, bien gardée spirituellement par l’Archange Raphaël.
Les écoles catholiques foisonnent et les deux principaux emblèmes de la ville, qui attirent en grand nombre les touristes, sont la Mezquita et la Cathédrale qui a été construite après le départ des musulmans, s’incrustant littéralement au milieu de l’ancienne mosquée.
C’est impressionnant à voir et, surtout, à comprendre. Je trouve l’histoire de ce lieu véritablement symbolique de l’égo humain qui, au nom de Dieu que les hommes prétendent vouloir honorer, ne cherche en fait qu’à mettre en valeur son goût du pouvoir, sa force, sa richesse.
« Regarde ma mosquée comme elle est grande ! »
« Et bien, non, ma cathédrale elle est plus haute que ta mosquée et plus grande que celle de mon voisin »
Pour illustrer, voici un petit résumé des différentes constructions qui ont été édifiées les unes après les autres, sur l’emplacement actuel de la Mosquée-Cathédrale :
- La province étant tout d’abord romaine, un temple de Janus est érigé à cet emplacement, près du fleuve Guadalquivir.
- En 872, la ville est prise par les Wisigoths qui choisissent de devenir catholiques. Ils construisent alors, sur ce temple romain, une église qu’ils dédient à Saint Vincent de Saragosse.
- Les musulmans conquérissent ensuite la ville et ils décident de construire une Mosquée. La construction se fera, bien entendu, sur l’emplacement de l’église ! Elle est commencée en 786 par Abd al-Rahman 1er et agrandie au fil des siècles. Elle sera terminée en 987 par Al Mansour. La Mosquée possèdent alors 600 colonnes de marbre sur lesquelles reposent des arcades doubles. Elle couvre la surface de 23.000 m2, et elle devient la mosquée la plus grande du monde après La Mecque !
Mais l’histoire continue …
- Cordoba fut ensuite reprise aux Musulmans par le Roi Ferdinand III de Castille en 1236. Il décida alors de transformer la mosquée en église, construisant cette église au centre.
- C’est au XVIe siècle que les chanoines décidèrent de la transformer en cathédrale. Ils l’élevèrent au dessus de la mosquée, imposante, magnifique de force. Elle semble littéralement jaillir de la Mezquita ! Lorsque vous arrivez à Cordoue, vous ne voyez qu’elle …
Bref, c’est ainsi qu’au fil de l’histoire, les hommes restent de petits enfants qui mesurent leur puissance à grands coups de mosquées, d’églises, de cathédrales, de châteaux …
Et pour toutes ces manifestations égotiques, ils ont un alibi très commode : DIEU.
Si l’ont peut reconnaître à l’homme son génie et sa créativité, il serait bien, également, d’être lucide sur ses motivations … Dieu est un prétexte, un alibi « sacré ». En son nom, les hommes ont dépensé des fortunes et sacrifié de nombreuses vies. Car si l’on parle encore de Abd al-Rahman ou de Ferdinand III, qui pense encore à tous ceux qui ont sacrifié leur vie pour construire ces édifices somptueux ? Ces tailleurs de pierres, ces sculpteurs, ces petites mains qui ont transporté et monté vers le ciel ces blocs de pierres gigantesques ?
Au nom de Dieu, des merveilles architecturales ont été créées, mais soyons conscients qu’elles n’ont été édifiées qu’à la gloire des ego d’hommes bien terrestres, bien souvent au détriment d’autres hommes plus modestes.
Aujourd’hui, les hommes construisent des tours, d’immenses tours, sans aucun prétexte religieux. Simplement pour montrer combien ils dominent la technique, combien ils sont riches, combien ils sont forts.
Et, chaque matin, des milliers de petits hommes montent vers le ciel dans leurs ascenseurs de verre. Ils ont « la vue », ils sont tout là-haut, au-dessus des autres. Et bien souvent, plus le poste est élevé dans la hiérarchie, plus le bureau est en hauteur …
Nouveau symbolisme ? Ou bien serait-ce toujours un peu la même chose ? Nous aurions simplement changé de prétexte …
Ce qui est tout de même intéressant de noter, c’est que « l’égo » veut toujours faire plus grand ou plus haut, ou les deux.
Jadis, en Europe, chaque village avait son église, chaque ville sa cathédrale … L’église était riche et importante.
Aujourd’hui, les villes ont leurs tours remplis de golden boys, business men stressés par la course au succès, à l’argent, à la réussite. La bourse serait-elle la nouvelle religion ?
Hélas ! Il n’y a rien de nouveau sous le soleil. Toujours l’instinct de domination qui se cache sous de beaux atours
Comme je te suis dans ce constat Chantal, c’est pour cela que j’oeuvre pour le déploiement de l’énergie féminine dans l’homme et la femme, plus intérieure, moins spectaculaire, plus sage, etc…il y a aujourd’hui la mégalomanie verticale, style tours de Dubai, et la mégalomanie horizontale, style paquebot monstres…le 31 décembre 2015, une tour de Dubai était en feu. Présage de cette fin de cycle, année universelle 9 et du nombre 16 de 2016, la tour qui s’effondre en feu…annonçant que la folie égotique est en train de s’écrouler et nous avons vu cela à l’oeuvre de multiples façons cette année…
Mais je rêve tout de même de visiter Cordoue, tu ne m’as pas attendue mais nous y reviendrons ensemble! françoise
” Les musulmans conquérissent” ! curieux, vous ne trouvez pas, alors que vous poursuivez, normalement, par “ils décident”… vive l’indicatif présent et non malsonnant…pour mes oreilles bien sourdes de 82 ans !
Tout le reste est intéressant, heureusement, comme les textes de votre époux, gardés soigneusement .