Quelle plus belle vertu que le courage ? Aristote écrivit même que « le courage est la plus belle des qualités humaines car elle garantit toutes les autres ». La vie demande du courage, et pas seulement sur les champs de bataille, il y a mille manières d’être courageux ou de ne pas l’être. Les héros sont souvent des inconnus, des humbles, des sans-grades. Mais, qui sommes-nous pour juger du courage des autres ?
« J’ai appris que le courage n’est pas l’absence de peur, mais la capacité de la vaincre ». J’aime beaucoup cette définition que l’on doit à Nelson Mandela qui sait de quoi il parle. Quand on parle de courage, c’est d’abord au soldat que l’on pense et l’on est admiratif devant des actes de bravoures. Tous ceux qui ont fait la guerre, au péril de leur vie, n’étaient peut-être pas courageux. Beaucoup ont tremblé de peur. Comment le soldat devient-il courageux ? Faut-il être inconscient du danger pour cesser d’avoir peur ? Est-ce que le désir de devenir un héros admiré peut aider à surmonter ses peurs ? Quelle part de haine de l’ennemi y a-t-il dans le courage du soldat qui a vu ses compagnons mourir à côté de lui ? Les rouages qui fabriquent des individus courageux sont complexes et il se peut que le courage puise aussi sa force dans quelques sentiments confus, mélange de hargne et d’ego. Par ailleurs, le soldat qui refuse de tuer par conviction et qui encours donc la peine de mort, ne manque pas non plus de courage.
Quoiqu’il en soit, nous aimons cultiver la gloire de nos héros courageux. Nous avons besoin d’eux, comme oriflamme, leur courage nous donne de la force, ce sont des exemples à suivre, des témoins de l’histoire de nos peuples. Ils nous aident à tenir debout dans l’adversité et à avancer même dans la tempête. « C’est le courage de continuer qui compte » disait Churchill. « Keep going ». L’histoire de chaque peuple est ainsi émaillée de repères qui se font écho, de loin en loin, et qui soudent les citoyens autour de valeurs communes : de Vercingétorix à Jean Moulin, en passant par Jeanne d’Arc. Mais que sait-on des héros de nos ennemis ? Savons-nous reconnaître leur vaillance et leur courage ?
J’ai personnellement quelque admiration pour les aviateurs japonais kamikazes qui allaient s’écraser sur la flotte américaine en y apportant la mort et la désolation. Ce qu’il y a d’admirable, c’est qu’ils étaient des volontaires. Certes, ils étaient des soldats, mais ils étaient aussi des hommes. On peut dire qu’ils étaient aveuglés par l’idéologie ultra nationaliste nippone et qu’ils subissaient une stimulation psychologique adéquate. Néanmoins, ils sacrifiaient leur vie pour la patrie, et ce n’est pas rien, même si, avec le recul, tout cela paraît dérisoire. Il se peut que le courage du soldat soit toujours inutile et dérisoire !
Que dire du Djihadiste kamikaze ? Peut-on lui reconnaître du courage, comme il semble interdit de le faire en France ? Certes, il est notre ennemi et un héros à sa cause, mais il génère meurtre et désolation. Le jeune musulman de banlieue qui part faire le djihad en Syrie est mû par le désir de s’accomplir. Il est volontaire pour porter le fer là où il croit que se situent ses ennemis, c’est-à-dire en Occident. Comme tous les soldats, il puise son courage dans la haine de l’ennemi. Il se trouve que l’ennemi c’est vous et moi, c’est fort désagréable, mais on ne choisit pas toujours ses ennemis. Il faut s’imaginer à sa place, se mettre une ceinture d’explosif autour de la taille et la tête haute, sans trembler, aller se faire sauter au milieu de la foule. Pour faire cela il faut sans doute être fou, mais aussi atteindre un certain niveau de renoncement qui n’est pas donné à tout le monde. Osons le mot, même s’il est déplaisant de le dire de quelqu’un dont nous souhaitons la mort, il lui faut du courage ! Il a en tout cas beaucoup plus de courage que le combattant qui, derrière son pupitre en Californie, téléguide les drones qui sèment la terreur dans les populations du Moyen-Orient. « Le courage n’est pas une vertu, mais une qualité commune aux scélérats et aux grands hommes », écrivit Voltaire.
Le courage n’est généralement pas la qualité principale des politiciens, surtout lorsque la démocratie se transforme en démagogie. Pour plaire aux peuples, il faut savoir promettre tout et son contraire, il faut savoir travestir la réalité pour la rendre plus belle, il faut mentir pour mieux faire rêver les citoyens. Le courage consisterait au contraire à affronter les réalités, aussi difficiles fussent-t-elles, à proposer des stratégies pour les dépasser, à fixer un cap crédible, à élaborer une vision élevée susceptible d’enthousiasmer les citoyens. Il se peut, hélas, que cette attitude courageuse ne soit pas de nature à se faire élire, c’est fort dommage, mais c’est mieux que de renoncer et de se trahir soi-même dans le seul désir personnel d’avoir le pouvoir. Il est bien des hommes courageux dont on ne parle jamais et qui ne deviennent pas des héros que l’on vénère.
Le courage, c’est de rester calme dans la tempête, de réfléchir avant d’agir, de ne pas réagir de façon excessive sous l’emprise de ses émotions, de prendre de la distance face aux évènements, surtout lorsqu’ils sont graves, et de ne pas prononcer des paroles de haine. Le courage consiste à ne pas se dérober face aux difficultés, à ne pas les dissimuler à soi-même ou aux autres. « Le courage est un juste milieu entre la peur et l’audace », ajoutait Aristote. Je constate que nos politiciens toujours prompts à réagir à chaud, dans l’instant, de façon excessive, le nez sur l’événement, sans prendre le temps de mesurer tous les paramètres et d’évaluer les causes, à l’écoute des rumeurs émotionnelles de l’opinion, et incapables d’appeler un chat, un chat, manquent singulièrement de courage.
C’est vrai, ce que tu dis. Même si on meurt pour une cause dérisoire ou détestable, il faut du courage
Je vais mettre ça de côté et y revenir c’est un thème vraiment passionnant.