La culture européenne plonge ses racines tant dans le monde Gréco-romain que dans ses origines judéo-chrétiennes. Cette double appartenance devrait nous rendre fiers car elle constitue la richesse de notre culture, mais ce n’est, hélas, plus le cas !… Pourquoi ?
En France, une nouvelle république laïque étend un pouvoir tentaculaire qui ne permet plus de faire référence à nos origines, ni de mettre en évidence nos appartenances et nos croyances. Sous le prétexte que des minorités de cultures différentes partagent désormais notre toit, l’Europe du troisième millénaire ne devrait rien aux 25 siècles précédents et serait sommer de les oublier. Je pense au contraire que les nouveaux arrivants devraient être fiers d’appartenir à cette communauté au passé si riche et qui les accueille. Mais comment peuvent-ils être fiers alors que nous avons hontes de qui nous sommes ?
Notre façon de penser, nos lois, nos institutions, nos références, notre enseignement, nos lectures classiques et notre culture familiale, sont imprégnés jusqu’à la moelle de cet héritage millénaire. Nous avons été façonnés par des siècles de références à l’antiquité et au christianisme, lui-même issu du judaïsme. Tout au long de l’année, nos fêtes traditionnelles ponctuent nos moments de festivité et de relâches. Il faudrait donc oublier tout cela au nom d’un mondialisme mal placé, d’un mixage des identités, d’un métissage des croyances et des idées ? Il faudrait gommer toute singularité pour ne choquer personne, comme si revendiquer sa culture et ses croyances devaient choquer quiconque…

Il est devenu inconvenant de décliner ses origines, ses idées, son appartenance religieuse, sauf à se déclarer laïque et sans saveur, si possible hermaphrodite et indifférencié. Cette nouvelle république laïque fait la chasse aux sorcières et débusque tous ceux qui veulent relever la tête en refusant cet intégrisme laïc. La fête de Noël, symbole Chrétien par excellence, doit être célébrée en catimini et la célèbre crèche de Noël ne doit pas apparaître dans l’espace public parce qu’elle choque les laïcs ! La République bienveillante fait tout son possible pour faire la promotion d’Halloween, fête païenne qui ne semble pas la déranger. Mais les «marchés de Noël » encombrent désormais les trottoirs et les places, tandis que la crèche de Noël n’a plus droit de cité. La république préfère le businessman déguisé en Père Noël, avec sa hotte bien chargée, plutôt que Jésus qui n’a rien à vendre, si ce n’est l’espoir. Pâque est devenu la fête du printemps, à cheval sur Germinal et Floréal de triste mémoire !
J’ai bien connu, en son temps, ce phénomène de déculturation quand il était à l’œuvre dans les républiques de l’Europe de l’Est, sous l’emprise soviétique. Le régime avait aussi entreprit de réécrire l’histoire et de gommer toutes les références aux origines chrétiennes, la religion étant considérée comme un contre pouvoir intolérable. Il semblait plus facile de gouverner et de rééduquer des individus neufs, coupés de leur histoire et de leurs racines culturelles. Cela s’est mal terminé ! La France en est là. Il y est devenu aussi difficile d’afficher et de pratiquer la religion chrétienne qu’à Bagdad ou au Caire ! Il s’est mis en place une Police de la pensée et de l’expression culturelle, digne de “1984”, qui organise notre amnésie collective afin que nous oublions notre histoire.
Il ne s’agit pas ici de défendre une religion plus qu’une autre. Je ne plaide pas en faveur des chrétiens pratiquants, je ne plaide pas en faveur de la messe du dimanche, je plaide en faveur de tous ceux qui ont des racines culturelles chrétiennes et qui sont bafoués, quotidiennement, par les politiques et les media et qui finissent par avoir honte de qui ils sont. Il s’agit de défendre le mythe des origines dont tous les peuples ont besoin pour se projeter vers l’avenir. La religion n’est pas seulement une croyance, elle est avant tout un lien culturel qui nous rattache à l’histoire de notre peuple, à nos racines par où monte la sève qui nous vivifie.
Notre culture est marquée par le « péché originel » et ce n’est pas forcément un cadeau ou un avantage. Nous avons en nous la culture de la culpabilité, nous aimons nous battre la coulpe et, en la matière, la république qui se veut laïque n’échappe pas à ses origines chrétiennes qu’elle refoule. Nous avons collectivement la culpabilité de toute notre histoire et y compris des drames d’aujourd’hui. Il faudrait que nous répudions toute notre histoire et que nous en ayons honte : Moïse, Jésus, Clovis, Vercingétorix, Charlemagne, la monarchie, les guerres de religion, le colonialisme, les religions judéo-chrétiennes, les guerres et les drames de l’humanité, nous en portons les stigmates. C’est comme si nos ancêtres n’avaient rien fait de bien. Tout est à jeter, au profit d’une république laïque qui se perd en mea culpa permanent et qui va nous montrer la route à suivre pour obtenir le pardon !
Croyez-vous que de raser les murs, la tête basse, et d’avoir honte de qui nous sommes, va aider à s’intégrer ceux qui viennent d’arriver, en provenance d’une autre culture ? Cela pourrait être le contraire. Qui va avoir envie de s’intégrer à un groupe qui a honte de lui-même ? L’intégration, c’est vivre ensemble, dans le respect de chaque culture, mais en gardant chacun sa singularité. L’intégration ne doit pas consister à fondre tout le monde dans le même moule pour en sortir un broyat homogène insipide. La laïcité ne doit pas se transformer en intégrisme intolérant et dogmatique. Elle doit seulement assurer que chacun puisse librement, debout et au grand jour, honorer sa religion et sa culture lors de fêtes traditionnelles. Vivre ensemble, ce n’est pas vivre cachés sans oser affirmer qui nous sommes !
Un peuple sans passé est un peuple sans avenir. Il se peut que la république laïque qui méprise son passé soit aussi sans lendemain. Elle s’est fixée comme objectif de détruire les fondements et les structures de notre société pour mieux dominer les citoyens. Est-il raisonnable de l’accepter sans broncher ? Les valeurs spirituelles ne plaisent pas à la république, elles sont pourtant essentielles pour permettre à l’homme de tenir debout.