662 – AGONIE DES DEMOCRATIES PARLEMENTAIRES

 

 

J’aimerais bien avoir votre avis, si vous assistez aux débats actuels en vue de l’élection du futur président français. En ce qui me concerne, ils m’affligent et me rendent triste. Nous mesurons l’extrême médiocrité du personnel politique et des media.

Des shows médiatiques

Les journalistes ne cherchent pas à nous informer, ils cherchent le spectacle. Ils veulent nous attirer avec du sang et des larmes et évitent tout débat sérieux.

Les débats ne doivent servir qu’à susciter l’émotion, mais jamais la réflexion. Les candidats doivent répondre en une minute, de façon lapidaire, à des questions sur des sujets complexes.

C’est ainsi que les politiciens doivent se comporter comme des intermittents du spectacle qui sont là pour animer une soirée et faire grimper l’audimat !

Des questions secondaires

Afin de ne pas ennuyer le public, les journalistes aiment mettre en scène des débats sur des sujets mineurs mais à propos desquels ils espèrent provoquer des querelles stériles entre les candidats afin de pimenter l’émission. C’est ainsi que le port du voile islamique ou du désormais célèbre « burkini » constitue un sujet de prédilection, absolument sans importance, et même sans intérêt, face aux problèmes immenses auxquels est confronté le pays.

Une autre habitude déplorable des journalistes consiste à poser une question et d’interrompre le politicien au milieu de sa réponse, de façon à le déstabiliser et l’embrouiller. C’est une technique courante lorsque le candidat n’a pas les faveurs du journaliste. Le résultat c’est que l’on ne comprend plus rien et que l’on passe d’un sujet à l’autre de façon confuse.

Des promesses, encore des promesses !

Ce qu’il y a peut-être de plus détestable dans ces débats électoraux, c’est d’entendre décliner le nombre de promesses, aussi mirifiques que trompeuses, que les uns ou les autres nous font miroiter.

C’est ainsi que la démocratie parlementaire est basée sur le mensonge institutionnalisé. C’est généralement celui qui sait le mieux mentir qui l’emporte. La main sur le cœur, il promet d’embaucher des fonctionnaires, de diminuer les charges, de subventionner tel ou tel, de diminuer l’âge de la retraite et ainsi de suite. Il ajoute généralement qu’il va museler la finance internationale ! Il oublie seulement de dire que cette finance qu’il exècre finance précisément ses dettes monstrueuses.

Le catalogue des promesses est abondant, précis, chiffré, mais les moyens de les financer sont généralement passés sous silence ou bien le candidat promet que ces futures dépenses nouvelles seront financées par une croissance économique qui n’attend que lui pour surgir d’un chapeau. Ce fut le discours d’un certain François Hollande en 2012 et il a fait des émules.

Absence de culture économique

Je suis frappé de l’absence de culture économique des français en général et des politiciens en particuliers. Ils pensent que l’économie doit se plier aux injonctions des politiciens, elle serait malléable et sans contrainte. C’est comme si je prétendais pouvoir sauter par la fenêtre et soumettre la pesanteur à mes désirs.

Il semble que la majorité des français pensent que l’Etat peut indéfiniment s’endetter sans conséquence pour eux et pour l’économie en général. La dette qui actuellement dépasse 2000 milliards d’euros serait une illusion ou une abstraction négligeable qui ne signifie rien. Les mêmes, qui savent gérer leur ménage et ne dépensent jamais plus qu’ils ne gagnent, sont persuadés que l’Etat est délivré de ces contraintes bassement matérielles. Les français ne semblent pas savoir que depuis la loi Sapin de septembre 2016, l’Etat peut légitimement confisquer toute leur épargne en assurance vie sur simple décision administrative.

Je pardonne volontiers à celui qui fait confiance aux mensonges des politiciens, mais je suis plus sévère vis-à-vis de ceux qui se prétendent « l’élite », sortie des soi-disant meilleures écoles d’administration, et nous assènent des contre-vérités économiques inacceptables. Soit ils mentent consciemment, soit ils sont totalement incompétents, soit les deux ! A vous de juger…

Le grand sujet, c’est l’Europe

Vous aurez remarqué, comme moi, que dans ces débats, on ne parle jamais de l’Europe, ou seulement pour dire que c’est dommage que l’on n’ait pas eu le temps d’en parler… mais la prochaine fois !

Il s’agit pourtant du sujet le plus essentiel pour l’avenir de la France.

L’Europe a constitué l’espoir le plus grand des nations européennes dans la deuxième moitié du 20ème siècle. L’Union Européenne traverse une très grave crise existentielle, mais ce n’est pas une raison pour perdre courage, c’est au contraire le moment d’être solidaire et déterminé. L’Europe est malade, mais elle n’est pas incurable. J’accuse les politiciens de ne pas plaider en faveur de l’Europe, c’est à eux de redonner un élan à la construction européenne, au lieu de sombrer dans le défaitisme contagieux.

Les démocraties parlementaires sabotent le projet européen car elles n’ont pas fait participer les peuples à la construction européenne. Tout s’est fait dans leur dos et sans leur consentement. On peut imaginer plusieurs scénarii pour le futur, mais il faut en parler et en débattre, il faut faire des propositions concrètes et pragmatiques, et il faut susciter l’enthousiasme de nos partenaires.

La pathologie des démocraties

Les démocraties occidentales sont dirigées par celui qui a été élu et qui dispose soudain d’immenses pouvoirs. Cette fonction attire donc tous les égotiques et les narcissiques qui, par nature, s’intéressent davantage à eux-mêmes qu’au bien public.

Cette tendance égotique peut aller jusqu’à la personnalité paranoïaque, dont Donald Trump est la caricature. Le dirigeant narcissique se moque de la réalité et n’hésite pas à promettre l’impossible et il s’adresse à une population qui ne demande qu’à croire les chefs et les promesses folles mais séduisantes.

Ils font croire que tout est possible et que nos désirs sont plus forts que la réalité !

Pour une démocratie directe.

Le système démocratique actuel consiste à confier aveuglément le pouvoir à un politicien qui a su nous convaincre par ses talents d’acteurs, qui nous fait des promesses auxquelles il ne croit même pas lui-même et qui ensuite va prendre des décisions dans de multiples sujets, sans jamais nous consulter. Il va souvent faire le contraire de ce qu’il avait dit, mais nous n’aurons plus la parole.

Je propose de modifier cette démocratie pyramidale, verticale, qui confie le pouvoir à une femme ou un homme providentiel, au profit d’une démocratie horizontale qui consiste à interroger le peuple, le plus souvent possible, pour chaque décision qui le concerne directement.

Cette démocratie directe est le seul moyen de sauver la démocratie qui s’est transformée en système oligarchique, dominé par quelques-uns. La démocratie directe peut s’exercer au niveau local, régional, national et européen.

Je suis étonné de l’aveuglement des politiciens et des media qui ne voient pas combien la démocratie représentative n’est plus adaptée. Elle vole la parole aux peuples. Mais les « élites » autoproclamées ne veulent pas perdre une once de leur pouvoir et ils ne lâcheront rien de leur plein gré. J’attends un homme politique visionnaire qui propose enfin la Démocratie Directe, sinon il faudra l’obtenir par la force !…

Qu’en pensez-vous ?

Ne manquez pas les prochains articles

5 commentaires

  1. Nous sommes nombreux et encore plus que cela à être écœurés par la mascarade actuelle, par l’excessive présence médiatique des uns et des autres qui semblent ne pas se préoccuper des enjeux en cours…et, finalement, votre recours aux images du regretté Mix &Remix, un vrai Suisse qu’on aimerait avoir ici, est le bienvenu…tout en sachant que cela ne changera guère quoi que ce soit !

  2. En tant que maire, j’ai toujours évité les discours grandiloquents qui sont juste une façon de soumettre le peuple en lui confisquant sa propre réflexion. Pour moi les beaux parleurs s’écoutent avant tout. Combien de beaux discours de maires lors de mariages se sont terminés par un divorce ? C’est l’exemple qui me restent toujours.

  3. Marine propose de rendre le pouvoir au peuple par le référendum et les pétitions conséquentes.
    C’est d’ailleurs ce qui est inscrit dans notre constitution pour les grandes décisions.Sauf que les élites en place n’osent plus l’utiliser depuis le NON à l’Europe de 2005 qu’ils ont détourné ensuite.
    Marine la seule qui saura tenir ses promesses, alors que tous les autres mentent ou font rêver leurs électeurs. . Seule compte leur carrière personnelle.

Laisser un commentaire