689 – LE PUTSCH CATALAN

 

En tant qu’européens, nous ne pouvons pas rester indifférents au sort de la Catalogne. Avant tout, il faut essayer de comprendre le processus qui a mené une population à embrasser la cause nationaliste et indépendantiste, à ses risques et périls.

Le nationalisme régional agite l’Espagne depuis longtemps. Il fut durement réprimé à l’époque de Franco qui ne tolérait aucune dissension et aucun mouvement centrifuge. Naturellement, le retour de la démocratie a réveillé les vieux démons qui sommeillaient dans certaines provinces.

L’exemple Basque

Le Pays Basque occupa longtemps et tristement la première place dans un nationalisme exacerbé et mortifère. Les attentats sanglants de l’ETA endeuillèrent la fin du siècle passé. Une poignée de desperados mettait l’Espagne à feu et à sang, tandis-que les partis indépendantistes avaient les suffrages de nombre de basques. La minorité agissante qui avait choisi la voie de la violence aveugle discrédita sa propre cause.

La langue et la culture basque sont tout à fait à part en Europe et n’ont rien à voir avec les langues d’origine latine. Cette diversité, pourvu qu’elle soit acceptée par le pouvoir central, est une richesse et ne nécessite pas une sécession. La culture basque mérite le respect et d’être défendue, mais cela ne justifie certainement pas de poser des bombes !

Comment devient-on terroriste ? C’est une question d’actualité qui nous laisse perplexe. Le fanatisme est une perversion de l’esprit humain qui épouse soudain une cause à laquelle il donne une importance excessive, jusqu’à sacrifier sa vie ! Un idéal exacerbé, attisé souvent par quelques leaders qui trouvent là un exutoire pour cultiver leur ego…

De l’autonomie régionale au fédéralisme

Pour faire face aux spécificités régionales, le pouvoir central espagnol a fini, au fil des années, par donner de plus en plus de pouvoirs aux régions qui ont acquis une certaine autonomie. Le Pays basque, la Catalogne, l’Andalousie, la Galicie, disposent désormais d’un parlement élu et jouissent de nouvelles prérogatives.

Cette nouvelle autonomie a permis d’apaiser le conflit au Pays Basque, mais la Catalogne a profité de cet espace de liberté pour pousser plus loin son désir d’indépendance. D’années en années, les autorités catalanes cherchaient à s’émanciper et saisissaient le moindre prétexte pour s’affronter avec Madrid. La langue catalane s’est progressivement imposée dans la vie de tous les jours, mais aussi à l’école et même à l’université. Comment l’université de Barcelone, qui prétend inviter des étudiants du monde entier, peut-elle justifier le fait de dispenser ses cours en catalan ?

On peut regretter que l’Espagne n’ait pas instauré un véritable fédéralisme, sur le mode allemand par exemple, plutôt qu’un système d’autonomie à géométrie variable. La France pourrait aussi réfléchir pour ne pas tomber dans les mêmes erreurs.

Hystérie collective

Qui a soufflé sur les braises du nationalisme catalan ? Ce sont une kyrielle de micro-partis politiques qui ont profité d’un renouveau de la culture catalane pour faire de la surenchère. Ce qui n’était au début qu’un mouvement culturel, et un retour aux sources sympathique, se transforma progressivement en une vague nationaliste autocentrée et satisfaite d’elle-même.

Le trio des leaders indépendantistes

 Une poignée de leaders avides de pouvoir ont attisé le feu et échauffé les foules qui ont fini par croire que l’indépendance était la voie du salut. Contre tout bon sens, des slogans simplistes ont été repris en chœur par des foules en délire. C’est un cas typique d’hystérie collective, identique à celle que l’on peut trouver chez les supporters des partis politiques. L’intelligence est mise entre parenthèse au profit d’idées toutes faites ou de slogans simplificateurs.

L’idée séparatiste s’est répandue comme une épidémie. Les idées, même les plus folles, peuvent être contagieuses. Par un phénomène d’imitation grégaire, chacun s’aligne sur la pensée du groupe, pour être à l’unissons. Comme dit le proverbe : « Le singe regarde, le singe fait »…

Les différents partis catalans qui prônent le séparatisme proviennent de la totalité de l’éventail politique, de l’extrême gauche à l’extrême droite. Ces partis extrêmement disparates se sont fait une clientèle en flattant l’orgueil catalan et en faisant miroiter des lendemains enchanteurs à un peuple souvent mal éduqué, prêt à croire à n’importe quelle illusion, sur fond de crise économique. Comme à l’habitude, les media locaux ont fait un sale boulot en flattant le mouvement séparatiste et générant une pensée unique qui ne permettait pas à tous les courants de s’exprimer !

Le chaos en perspective

Les leaders catalans ont profité de la crédulité d’une population malmenée et désorientée depuis la crise de 2009. Entre eux, ils ne s’entendent sur rien et seraient incapables de gouverner ensemble en cas d’indépendance. Le chaos s’installerait très rapidement et c’est dans la rue que les choses se règleraient, par la violence.

La Catalogne est certes la région la plus riche d’Espagne et représente plus de 20% de l’économie nationale, ce qui fût de nature à gonfler les prétentions des catalans qui n’acceptent pas la redistribution budgétaire opérée par le gouvernement central. Néanmoins, une Catalogne indépendante devrait sortir immédiatement de l’Union Européenne, de nombreuses entreprises exportatrices seraient extrêmement pénalisées et nombre d’entre elles seraient obligées de quitter la région. Sans compter la dette catalane qui ne serait plus garantie par Madrid et dont le coup exploserait. Il n’est pas douteux que le drame humain et économique serait considérable.

Que disent les oracles ?

Intervention ferme du roi pour, une nouvelle fois, sauver l’Etat de droit.

 L’avenir est très incertain et il est difficile de dire quel est le degré de folie des leaders séparatistes, jusqu’où ils sont prêts à aller et jusqu’où la population est prête à les suivre.

Il s’agit d’un putsch, d’un véritable coup d’Etat, d’une insurrection pacifique mais anticonstitutionnelle. Par conséquent, le roi Felipe VI a donné des consignes de fermeté au gouvernement qui n’a pas d’autre choix que d’agir sans concession sur les agitateurs. La situation fait écho à la tentative de coup d’Etat au parlement de Madrid le 23 Février 1981.

La constitution permet au gouvernement de prendre les rênes en Catalogne et d’arrêter les séditieux pour les livrer à la justice. S’il ne le fait pas, il se déjugera et la porte sera alors ouverte à l’émiettement et au déclin de l’Espagne. Le risque de contagion peut alors surgir et s’étendre aux basques d’abord, puis aux écossais, aux flamands, aux lombards et pourquoi pas aux corses. L’Europe serait en lambeaux…

L’Europe doit renouveler son soutien à Madrid et rappeler aux catalans qui ont encore la tête sur les deux épaules, les conséquences négatives et inéluctables de leur choix sur la prospérité du pays. De nombreuses sociétés ont commencé à quitter la Catalogne, inquiètes de l’instabilité.

Il est instructif d’observer le spectacle de loin et de tenter de comprendre les ressors qui agitent les peuples et les mécanismes qui les contrôlent. C’est à chaque fois la même chose, l’instabilité économique est la mère de toutes les révolutions de Tunis à Caracas. C’est l’insécurité qui pousse les gens à suivre les promesses les plus illusoires.

Chacun d’entre nous peut exprimer son désaccord en boycottant les produits et les services en provenance de la Catalogne. Cette mesure, si elle était prise par l’Union européenne, serait de nature à faire plier les putschistes !… Mais, seuls les catalans de la majorité silencieuse peuvent renverser la vapeur et donner de la voix. Ils ont été, jusqu’à présent, étonnamment muets, tant la pression sociale et médiatique leur interdisait la parole. Cela peut changer !

 

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Un commentaire

  1. La France “universaliste” a l’outrecuidance d’utiliser le français dans les cours d’université…

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