Troubles du comportement, hyperactivité, agressivité, autisme, manque de concentration, difficultés scolaires, troubles psychologiques… La pollution est-elle co-responsable ?
La situation scolaire devient intenable. Tous les enseignants qui ont de l’expérience le disent, il devient de plus en plus difficile d’enseigner devant des classes qui se conduisent comme des insurgés. Dès le plus jeune âge, de nombreux enfants deviennent indisciplinés et hyper-agressifs.
Le phénomène n’est pas localisé dans les banlieues françaises mais il touche l’ensemble des pays développés. Même dans la sage Helvétie, réputée pour sa discipline et sa bonne éducation, de nombreuses classes sont devenues infernales surtout chez les 12-15 ans.
Des nerfs à fleur de peau
Le journal Le Temps* vient de consacrer une double page à un phénomène qui n’est plus marginal mais devient général. Non seulement les élèves ne respectent pas les professeurs, mais ils ne se respectent pas entre eux. Ils ont les nerfs à fleur de peau.
L’agressivité domine, les professeurs sont épuisés et finissent par capituler à force de se faire insulter par des gamins et des gamines révoltés : « J’te casse la gueule pauvre conne », « Pourquoi je devrais travailler ? j’ai pas envie », « J’en ai rien à cirer ».
Les enseignants désabusés se confient : « On passe souvent l’heure à faire la discipline, à tenter de gérer. On a parfois l’impression que c’est mieux qu’ils soient là que dans la rue, c’est le seul sens que l’on trouve ». A Genève, 65% des enseignants interrogés font état « d’épuisement professionnel et d’un ras-le-bol toujours plus grand », à la limite du burn-out.
Le phénomène est très inquiétant car il s’étend et s’aggrave. Il faut s’interroger sur les causes. Elles sont certainement multiples : familles désintégrées, éducation trop laxiste à la maison (de nombreux parents ne savent pas dire « non » à leur enfant), système scolaire inadapté, abus des écrans, difficultés d’insertion des immigrés etc. Mais il est un facteur rarement évoqué qui est celui de la pollution environnementale !
Les particules fines
L’atmosphère des pays développés contient des « particules fines », d’un diamètre inférieur à 2,5 microns, en suspension. Une étude Néerlandaise vient d’être publiée portant sur 783 enfants, avec mesure du taux de particules fines au domicile de la mère pendant sa grossesse.
Le développement du cerveau de ces enfants a été suivi entre 6 et 10 ans avec imagerie par résonance magnétique et test cognitifs. Les résultats font froid dans le dos : « Les enfants exposés aux niveaux de particules fines les plus élevés pendant la période fœtale ont le cortex plus fin dans plusieurs régions du cerveau ».
De même, ces enfants font plus d’erreurs aux tests cognitifs avec difficulté de concentration sur des tâches complexes. Ces troubles spécifiques sont généralement associés à des comportements addictifs, à de l’hyperactivité et des troubles de l’attention. « Il y a des risques accrus de problèmes de santé mentale et de moins bonnes performances scolaires ».
Les perturbateurs endocriniens
En Finlande, chaque année, les conscrits sont testés avec mesure du QI. Entre 1996 et 2009, il fut observé une baisse du quotient intellectuel de 2 à 5 points. Ces résultats sont confirmés par une étude française qui fait état d’une baisse de 3.8 de QI sur une décennie !…
Le développement intellectuel est directement lié au fonctionnement des hormones thyroïdiennes. Une étude sicilienne a montré que les enfants dont les mères avaient une baisse de production des hormones thyroïdiennes (par carence en iode), avaient un QI inférieur de 15 points.
Un grand nombre de substances chimiques de notre environnement sont des perturbateurs endocriniens qui interfèrent avec le système hormonal, même à très faibles doses, et en particulier avec la production d’hormones thyroïdiennes : Phtalate, bisphénol A, retardateurs de flamme, perchlorates et de nombreux pesticides.
Depuis 1970, le nombre de substances chimiques toxiques présentes dans notre écosystème a été multiplié par 300. Nous ingérons quotidiennement des cocktails de molécules aux effets dévastateurs, surtout pour les femmes enceintes.
Une étude américaine a montré que l’on retrouve 62 molécules chimiques différentes dans le sang de 90% des femmes enceintes. La majorité de ces molécules étant des perturbateurs endocriniens.
Une augmentation exponentielle des troubles psychiques
Il existe aujourd’hui un consensus pour affirmer qu’il existe un lien fort entre l’exposition de la femme enceinte à ces perturbateurs endocriniens et le risque d’engendrer des enfants avec un psychisme perturbé : troubles du comportement, hyperactivité, autisme, troubles de l’attention.
Selon les chiffres officiels, en 1975 un enfant sur 5000 avait un trouble autistique. En 1985 un enfant sur 2500. En 2001 un enfant sur 250. Aujourd’hui un enfant sur 68 est touché par un syndrome autistique !
Il a même été démontré, dans une étude californienne, que la probabilité d’avoir un enfant autiste augmentait à mesure que le lieu de résidence des femmes enceintes était proche des champs traités au chlorpyriphos, un insecticide organophosphoré qui interfèrent avec le système thyroïdien.
A part cela, « tout va très bien madame la marquise !». La maison brûle et on la regarde brûler, comme s’il n’y avait rien à faire. Aucun gouvernement ne remet sérieusement en cause l’usage massif de pesticides dans des cultures intensives et le bio reste boudé par les consommateurs. Cela confirme ce que j’affirme depuis longtemps : nous sommes collectivement et individuellement responsables de nos maladies !…
*Le Temps du 9 Avril 2018 pages 4 et 5