755 – LA HAINE DE L’ARGENT

Les français sont gravement allergiques à l’argent et à la réussite financière. Cet handicap majeur conduit naturellement la France vers l’appauvrissement.

« L’argent est un bon serviteur mais un mauvais maitre ». Mes parents m’ont souvent répété ce sage proverbe qui s’est solidement ancré dans ma tête.

Catholiques et marxistes

La France a reçu un double héritage qui a façonné sa pensée et sa culture. D’une part un catholicisme qui chérit la pauvreté afin de ne pas dévoyer les âmes vers des plaisirs trop terrestres et, d’autre part, l’esprit de 1789 qui, comme le mentionnait Stendhal, a libéré la haine, la jalousie et le ressentiment à l’égard des riches.

Le Pape François parle de l’argent comme du « fumier du diable », termes que ne renierait pas Monsieur Mélenchon ! François Hollande prétendait combattre la finance et affirmait haut et fort : « Je n’aime pas les riches ». Il est vrai qu’ils sont souvent arrogants et ridicules.

Les catholico-républicains détestent l’argent qui est tabou mais sont très libéraux en ce qui concerne le sexe. Les Américains protestants ont, au contraire, de forts tabous à propos du sexe, mais n’en n’ont aucun au sujet de l’argent. « In God we trust » figure sur les dollars américains !

« L’argent est en tous points comme le sexe. On n’arrête pas d’y penser quand on en manque et on pense à autre chose quand on en a », écrivait James Baldwin.

Pascal Bruckener, auteur de « La sagesse de l’argent » fait remarquer que les jeunes français de culture musulmane n’ont pas de tabou sur l’argent comme les catholiques. Mahomet était un marchand et la richesse est un don de Dieu.

Travail et réussite

Ce dédain vis-à-vis de l’argent s’accompagne d’un certain mépris pour le travail. Dans la tradition marxiste, qui imprègne encore fortement la société française, le travail est synonyme d’asservissement et d’aliénation de l’être humain.

La France est le pays d’Europe qui travaille le moins. Elle a voté pour la semaine de 35 heures, elle a plus de jours de vacances et elle est majoritairement favorable à la retraite à 60 ans, malgré l’augmentation de l’espérance de vie ! Dans ces conditions, comment les français peuvent-ils espérer de bons salaires et une bonne retraite ?

Dans ce contexte, travailler et réussir est mal considéré et les « nantis » sont méprisés en même temps que jalousés. Comme le disait un des personnages du « Père Goriot » de Balzac : « A l’origine de toute grosse fortune, il y a un crime qui a été bien dissimulé ».

Pire, l’excellence scolaire est assimilée à une infraction économique. Un ancien ministre de l’éducation, Benoit Hamon, a été jusqu’à comparer la bonne réussite à l’école à « un délit d’initié » car elle est plus fréquente dans les milieux mieux éduqués !

Au contraire, dans la culture anglo-saxonne, le travail permet l’accomplissement et l’épanouissement de l’homme. La réussite matérielle constitue un but noble. Les héros américains sont riches !

ISF et évasion fiscale

Le débat français tourne autour de l’Impôt sur la Fortune ou ISF, la France étant le seul pays européen à envisager un tel impôt sous le prétexte qu’il touche « les gros revenus ».

Ceci constitue une double contre-vérité car cet ISF porte sur le capital et non sur le revenu. On peut avoir un certain capital mais peu de revenus. C’est ainsi que ma mère était redevable de l’ISF mais n’avait pas les moyens de payer sa modeste maison de retraite d’une petite ville de province !

Ensuite, les gros revenus sont déjà massivement imposés, jusqu’à 75%, et leur capital est constitué par ce qui leur reste. Cet ISF est donc un impôt confiscatoire qui est infligé à certains en punition de leur réussite ou de leur bonne fortune. Ceux qui prônent l’ISF sont aussi ceux qui veulent une diminution de leurs propres impôts !

Dans cet environnement de chasse aux sorcières, comment s’étonner que ceux qui ont quelques moyens cherchent à fuir la France ? Les riches vont à Londres ou à Bruxelles, les retraités aisés filent des jours heureux au Portugal et les jeunes qui veulent entreprendre s’envolent pour la Silicon Valley !…

Les autres, qui ne peuvent pas fuir, se font laminer par un Etat gargantuesque qui n’est jamais rassasié et qui refuse de diminuer le train de vie de son administration : tout est dit et les pauvres seront demain encore plus pauvres…

La France, envieuse et aigrie, file un mauvais coton. Il conviendrait que les français changent de bande-son et au lieu de fustiger les riches et la richesse, ils devraient s’attaquer à la pauvreté et aux trop grandes inégalités. Ils se trompent de cible et cette erreur peut leur être funeste.

 

 

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