758 – BOUGER POUR SURVIVRE

Les singes, nos plus proches parents, sont en bonne santé en se reposant durant la journée et en dormant 10 heures par nuit ! Pourquoi faudrait-il que les humains effectuent dix mille pas par jour, minimum, pour garder la forme ?

Vous connaissez la rengaine, il faut bouger, il faut faire du sport, il faut courir car rien ne serait pire que la sédentarité. D’où viendrait cette nécessité qui semble vitale alors que de nombreuses espèces animales vivent tranquillement dans leurs territoires sans grande activité et sans maladie dégénérative ?

La paresse est-elle bonne pour la santé ?

Nous partageons 97% de notre ADN avec les orangs-outans, les gorilles, les chimpanzés et les bonobos. Il suffit de les regarder vivre pour savoir qu’ils sont nos plus proches cousins et que nous leur ressemblons par bien des aspects.

Leur vie a quelque chose qui ressemble au paradis perdu et cela nous fait rêver. Leur paresse, et leur vie oisive, sont assez semblables à ce que tous les programmes de prévention de la santé nous mettent en garde.

Globalement, ils vivent comme des retraités léthargiques : réveil à l’aube, petit déjeuner copieux de fruits, toilettage sommaire et recherche d’un coin agréable pour un petit somme de réconfort. Après une heure ou deux (rien ne presse), on se dirige vers un arbre ensoleillé pour un repas plantureux de figues. Ensuite, rencontre avec quelques amis ou amies pour épouillage et copulation, selon l’envie. Une petite promenade, quelques voltiges dans les arbres, puis à nouveau, une petite sieste jusque vers cinq heures, l’heure d’un diner de fruits et de feuilles. Il est alors temps de trouver un coin sympa pour dix heures d’un profond sommeil.

Malgré cette vie d’oisiveté, et un minimum d’exercice physique les singes vivent en bonne santé. Même en captivité ils n’ont pas de diabète, pas d’hypertension avec l’âge, par d’artères qui se durcissent et de caillots qui se forment, pas de maladie cardiovasculaire, pas de masse graisseuse et pour tout dire : un corps d’athlète !

Marcher 10.000 pas par jour

Et pourtant, une telle hygiène de vie serait pour les humains l’assurance de vieillir précocement, accablés par toutes sortes de maladies dégénératives. Il est maintenant bien établi que marcher moins de 10.000 pas par jour est associé à une augmentation du risque cardiovasculaire ou d’une maladie métabolique !

Rester assis à un bureau ou devant la télévision pendant de longues périodes conduit à plus de maladies et à une baisse de l’espérance de vie. Une étude écossaise a montré que regarder la télévision plus de deux heures par jour augmente de 125% le risque d’accident cardiaque et d’accident cérébral…

Une étude australienne a démontré qu’une heure de télévision diminue l’espérance de vie de 22 minutes ! Tout cela pour dire que chez les humains l’exercice physique prolongé et répété est vital pour survivre.

La nourriture dirige notre destin

Pour comprendre ce qui nous différencie à ce point des singes, il faut remonter loin dans le temps, disons il y 2 millions d’année, du temps des Australopithèques, lorsqu’ils ont commencé à se relever plus droits et que leurs jambes se sont allongées.

Ils se nourrissaient de plantes, mais ils ont commencé à migrer vers des zones où la nourriture était moins riche, moins nourrissante. Il fallut se déplacer davantage dans la journée pour trouver sa subsistance.

Dans cette recherche de nourriture, la sélection naturelle a privilégié les plus véloces certes, mais surtout les plus intelligents. Ils ont commencé à fabriquer des outils. La cueillette ne leur a plus suffit et l’idée leur est venue de chasser.

La recherche de nourriture a ainsi façonné le destin de nos ancêtres. La nourriture carnée a apporté plus de calories et, surtout, a permis de perfectionner le cerveau qui devint plus performant. La chasse devint essentielle à la survie de beaucoup et stimula la créativité.

C’est ainsi que les chasseurs cueilleurs durent perfectionner leurs outils, apprendre à coopérer pour mieux chasser et, surtout, parcourir de longues distances pour traquer le gibier.

Il y a 300.000 ans survint donc la prééminence des humains chasseurs-cueilleurs, plus créatifs, coopératifs, plus actifs et nécessitant un plus grand apport calorique. Ils étaient capables de se déplacer sur de longues distances jusqu’à fatiguer leur proie qui se laissait attraper, exténuée. Les rares populations de chasseurs cueilleurs qui subsistent encore, tels les Hadza de Tanzanie, parcourent régulièrement 14 kilomètres par jour, 18.000 pas !

Le plaisir de l’effort

L’homme est ainsi devenu l’animal qui a la plus grande résistance physique à l’effort de longue durée, comme le prouve l’attrait pour les marathons qui attire les foules. Même notre cerveau a évolué pour nécessiter moins de sommeil, 7 heures doivent nous suffire, pour garder plus de temps pour l’action !

L’action nous procure du plaisir et rien n’est meilleur que l’exercice physique pour lutter contre la déprime. En effet, l’exercice physique libère dans le cerveau des endorphines, véritables médiateurs du plaisir. Il libère aussi des médiateurs qui stimulent la régénération cérébrale et la mémoire.

Au niveau métabolique, l’évolution nous a doté d’une capacité respiratoire 4 fois supérieure à celle des chimpanzés. Nous avons des muscles plus longs et beaucoup plus résistants à la fatigue. Nous avons plus de globules rouges pour transporter l’oxygène vers les cellules. Nous avons un métabolisme plus rapide et plus efficace. Et nous avons un cerveau plus gros…

L’exercice physique n’est pas une option

Il faut se rendre à l’évidence, l’évolution nous a doté d’un corps d’athlète et d’un cerveau ultra-performant, parfaitement adaptés aux exercices physiques d’endurance et à la créativité. La contrepartie, c’est que si nous ne nous servons pas de ce corps ou de ce cerveau, il s’encrasse, il s’alourdit, il s’enraye et il dégénère.

Nous n’avons pas le choix, nous devons assumer notre destin qui est de courir, marcher, bouger, quotidiennement et sans restriction… et réfléchir en marchant !  L’exercice musculaire libère quantité de médiateurs qui inondent notre organisme pour réduire l’inflammation, réduire les hormones de stress, réduire la sensibilité à l’insuline, réduire le risque de cancer et de maladies cardiovasculaires, réduire les dépôts de graisses et réduire le risque de maladies infectieuses.

Quelle méthode peut promettre davantage ?

Il était un métier qui pouvait vous procurer tous les avantages d’une vie saine, au grand air et l’assurance d’effectuer 15.000 pas et 7 heures par jour sur vos jambes : facteur à l’ancienne! C’est tout le contraire d’une vie de paresse à laquelle nous n’avons plus le droit de rêver…

 

 

 

 

 

 

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