Au niveau mondial, les 1% les plus riches accaparent 45,6% des richesses produites. Les revenus des grands patrons ou des grands sportifs sont supérieurs à 300 fois le salaire d’un ouvrier. Est-ce tolérable ?
En matière de richesse ou de pauvreté, tout est relatif. Ce n’est pas la même chose de gagner 10$ par jour au Mali ou en France. En Inde, ceux qui gagnent plus de 10$ par jour font partie des 5% les plus riches du pays !
Les inégalités sont au cœur de la protestation des gilets jaunes, ce nouveau Tiers-Etat qui a mis la France en ébullition. Il faut constater en effet que les écarts de revenus atteignent des proportions invraisemblables, de plus en plus difficiles à justifier, même si la France est un des pays d’Europe le moins inégalitaire.
Le capital
L’explosion des nouvelles technologies a permis l’émergence de multiples start-up développées par quelques petits génies bien inspirés. Certaines d’entre-elles ont eu des succès planétaires qui ont propulsé leurs initiateurs au rang de multi-milliardaires.
Même en France, où les succès ont été plus modestes, le nombre de milliardaires a doublé et je crois que l’on peut s’en réjouir. En quelques années, des innovateurs souvent partis de rien, si ce n’est d’une idée astucieuse, ont monté de petits empires. Je crois qu’il serait mal venu de les envier ou de les jalouser alors qu’il conviendrait plutôt de les féliciter !
Il faut rappeler qu’une entreprise est une construction fragile et vulnérable. L’entrepreneur n’est donc riche que potentiellement car, tant qu’il n’a pas vendu sa société, il n’est qu’un salarié, et nul ne sait si son entreprise survivra face à la concurrence…
Il ne faut donc pas se laisser impressionner par le classement des entrepreneurs les plus riches que les revues spécialisées nous servent chaque année. La fortune de Jeff Bezos, patron d’Amazon, est estimée à 157 milliards de dollars, celle de Bill Gates, fondateur de Microsoft, de Mark Zuckerberg fondateur de Facebook ou de Bernard Arnaud patron de LVMH, avoisine les 100 Milliards de dollars ! C’est énorme, mais ils ont façonné le nouveau monde dans lequel nous vivons et grâce auquel je peux communiquer avec vous.
Le travail
Ce qui choque davantage, ce sont les énormes disparités de revenus au sein des entreprises entre les rémunérations des dirigeants et celle des employés. Quel salaire mérite un grand patron, parachuté à la tête d’une entreprise qui ne l’a pas attendu pour se développer et prospérer ?
La réponse n’est pas simple, et je ne serais pas choqué si les revenus de nos meilleurs chefs d’entreprises restaient sous la barre des 100.000 euros par mois, ce qui est déjà plus que confortable mais qui peut se justifier par un pedigree et des talents hors-normes.
On peut se trouver choqué par les revenus d’un Carlos Ghosn, patron de Renault-Nissan, qui oscillait entre 13 et 16 millions par an ou par ceux de Carlos Tavares, patron de Peugeot, qui reçoit de l’ordre de 18.000 euros par jour, soit le salaire annuel d’un ouvrier ! Je veux bien qu’ils furent les artisans du redressement de leur société, mais on peut dire la même chose de chaque employé de l’entreprise.
Les revenus de plusieurs grands patrons français tournent autour d’un million d’euros par mois ! Certains dépassent même les 2 millions par mois, tel Bernard Charlès qui dirige Dassault Système… Qu’ont-ils de si extraordinaires pour mériter pareille récompense ?
On me rétorquera que les américains font mieux puisque plusieurs grands patrons atteignent les 100 millions de dollars de revenus annuels !
On me dira aussi que certains sportifs battent tous les records. Les footballeurs Messi ou Ronaldo gagnent, les bonnes années, plus de 100 millions de dollars. Les bons joueurs de tennis ou de golf engrangent 40 ou 50 millions de dollars. Le champion toute catégorie étant le boxeur Floyd Maywater dont les revenus ont atteins la somme astronomique de 285 millions de dollars en une année ! Tous ces millions donnent le tournis et le vertige jusqu’à la nausée…
Les milieux de la finance et des banques sont accoutumés aux revenus hors de proportion avec leurs talents réels ou supposés. Ainsi, l’ivoirien Tidjane Thiam, patron de Crédit Suisse, a touché 12,7 millions de Francs en 2018, tandis-que Sergio Ermotti à l’UBS empochait 14,2 millions de francs ! Les célèbres jeunes brookers de Londres reçoivent des primes et salaires exorbitants.
Profonde injustice
Ces disparités énormes entre les revenus des uns et des autres crées un profond sentiment d’injustice, à une époque où l’on nous parle sans cesse d’égalité.
Ce sont finalement ceux qui ont le métier le moins fatigant et qui vivent dans le confort de la moquette, en spéculant sur la sueur des autres, qui gagnent le plus. Est-ce tolérable que l’ouvrier qui use sa santé à manier la truelle et le ciment, toute sa vie, sur des chantiers soumis au vent froid et au soleil brûlant, touche un salaire médiocre qui ne suffit pas à faire vivre sa famille ? ils sont les damnés de la terre!
Des milliers de métiers, qualifiés à tort de « petits », sont en fait des métiers très nobles dont on se saurait se passer et l’on ne peut dire la même chose des spéculateurs de la City!…
Il faut se rendre à l’évidence, le confort et l’argent des riches sont assurés par le travail de ces millions de bas salaires, méprisés par une nomenklatura de l’argent qui s’engraisse à leurs dépens.
Les bas salaires constituent un nouveau Tiers-Etat qui prend conscience d’une profonde injustice et ils ne supportent plus l’arrogance et la morgue des riches. La frustration est à son comble, prête à exploser en violence extrême. Le malheur est que ce drame est mondial et impossible à dénouer au seul niveau national, sauf à ruiner le pays… C’est aussi cela la rançon de la mondialisation : les bas salaires s’alignent sur le moins-disant ! Que celui qui détient la réponse pour sortir de cette tragédie se fasse connaitre …
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