En Novembre 1989, le mur de Berlin s’effondrait en même temps que le communisme. Un nouvel ordre mondial se mettait en place. En 2019 se préparent de nouveaux bouleversements, sans doute inéluctables. Pour le meilleur ou pour le pire ?…
Il y a exactement trente ans, le mur de Berlin, qui séparait l’Ouest libéral de l’Est socialiste, s’effondrait sous la poussée d’une jeunesse et d’une population avides de liberté et d’opulence.
Selon certains, c’était la fin de l’histoire, le libéralisme avait triomphé et démontré sa supériorité sur le socialisme pour élever le niveau de vie et assurer le bonheur des peuples : l’avenir était radieux…
Mais le libéralisme s’est emballé et a été victime de son succès, le doute s’est installé et aujourd’hui le monde est désenchanté ! Certes les niveaux de vie des démocraties libérales s’est élevé de façon considérable mais la machine semble en panne : Crise économique, inégalités, crise écologique, populisme, et démocratie menacée.
Le libéralisme, c’est d’abord la primauté de la liberté individuelle, sur le plan politique, économique et sociétal. Cela implique un droit illimité à la propriété, à la liberté d’expression et à la liberté des mœurs.
Ce qui est étonnant, c’est que le libéralisme n’est remis en cause que dans les pays démocratiques, alors qu’en Chine, le tout puissant président Xi Jinping se fait désormais l’apôtre du libéralisme économique. Il faut dire que le libéralisme y a permis de faire passer le revenu annuel par habitant de 400 $ en 1970 à 10.000 $ en 2018 !
On peut se poser la question de savoir si l’individualisme, poussé à l’extrême dans les sociétés démocratiques, n’est pas responsable des menaces qui pèsent désormais sur les démocraties libérales ?
Le populisme
La remise en cause de la démocratie libérale s’est accélérée avec l’élection du président américain Donald Trump qui fait écho à la politique de Viktor Orban en Hongrie ou de Jair Bolsorano au Brésil. On dit que ces gouvernements sont populistes.
Je n’aime pas le mot populisme dont le sens est ambigu et devenu péjoratif. Disons qu’il désigne un discours qui s’adresse aux classes populaires, remettant en cause le système politique et médiatique actuel ainsi que ses élites. Une telle définition n’a rien d’effrayante en soi car la démocratie parlementaire et les media nous offrent chaque jour un triste spectacle.
Je dirais plus simplement que l’observation de ce qui se passe au parlement britannique, plus vieille institution démocratique du monde moderne, ainsi que l’imbroglio dans la classe politique espagnole ou italienne, ne plaident pas en faveur des démocraties libérales qui semblent à bout de course.
Le populisme fait peur car il ouvre une porte vers l’inconnu et surtout parce qu’il se nourrit de promesses souvent trompeuses et démagogiques, bien qu’il n’en porte pas l’exclusivité ! Disons que le populisme a des antécédents qui nous renvoient aux périodes les plus sombres de notre histoire et qu’il se transforme facilement en autoritarisme…
Les inégalités
Je dirais que le populisme, dans le mauvais sens du terme, est un symptôme des dérèglements des démocraties libérales, plus qu’une cause.
Le premier grief qui est fait au libéralisme trouve son origine dans l’écrasement des classes moyennes au profit d’une minorité : une élite capitaliste, hyper-diplômée, polyglotte et internationalisée.
Ceci s’est traduit par une augmentation considérable des inégalités au point que les 1% les plus riches possèdent autant que les 99% restants ! Les inégalités sont supportables tant que subsistent des perspectives de progression et d’amélioration du niveau de vie. En cas de crise économique et d’absence de croissance, ces inégalités deviennent intolérables.
Les sociétés occidentales sont aujourd’hui fracturées et la cause de cette fracturation est double. D’une part, une mondialisation à marche forcée a décimé le réseau industriel dans les pays les plus faibles et, d’autre part, le manque de formation d’un trop grand nombre de citoyens ne leur a pas permis l’accès à des métiers devenus hyper-techniques. Cette situation perdurera en France tant que le système éducatif ne sera pas revu de fond en comble, avec priorité à l’apprentissage.
La situation est aujourd’hui explosive dans de nombreux pays et un rien peut mettre les foules en colère dans la rue, le phénomène des Gilets Jaunes ne constituant que des prémisses. Bien que les inégalités soient en France moindres qu’ailleurs, ce pays possède une longue tradition de révoltes, voire de révolutions autodestructrices !
Le multiculturalisme
L’incapacité de certains pays, dont la France, d’intégrer ou d’assimiler des populations immigrés, porteurs d’une toute autre culture, conduit à une impasse très dommageable pour l’unité du pays et, à terme, est lourde de menaces.
« L’Europe est une civilisation qui doit être protégée » écrivait récemment le philosophe Alain Finkielkraut. Il ne fait que traduire l’inquiétude de millions de citoyens qui perçoivent aujourd’hui l’affaissement de nos valeurs traditionnelles au profit d’une sorte d’œcuménisme bien-pensant.
Pour être direct, disons que l’immigration musulmane fait peur, à tort ou à raison. Mais il est vrai que cette culture ne semble pas habituée aux compromis et cherche plus à imposer ses standards qu’à adopter ceux du pays d’accueil. Le terme de laïcité, brandi par les politiques, semble ne fonctionner qu’à sens unique. Il s’agit d’une source de conflits qui n’est pas prête à se tarir !
S’il existe aujourd’hui un hiatus entre l’Europe de l’Est, que l’on qualifie volontiers de populiste, et celle de l’Ouest plus multiculturelle, c’est bien sur la question de l’immigration. Il faut préciser qu’au cours de l’histoire, l’Europe de l’Est a eu à compter avec l’empire Ottoman !
Le multiculturalisme, pratiqué à l’Ouest, fracture l’unité européenne car à l’Est le libéralisme est accusé de balayer les identités…
La crise écologique
Le libéralisme est aujourd’hui tenu responsable de la grave crise écologique qui couve : pollution chimique, perte de biodiversité, dérèglements climatiques, acidification des océans, disparition des espèces marines, épuisement des terres cultivables, déforestation, manque d’eau douce et potable, etc…
L’augmentation du niveau de vie de milliards d’individus, ce dont tout le monde se félicite, nous a fait perdre le sens de la mesure. L’occident en est venu à consommer beaucoup plus que ses besoins, à extraire de la terre sans cesse plus de matières premières et donc à émettre davantage de pollutions, tandis que s’amoncellent des montagnes de déchets.
Nous en arrivons à la conclusion que le libéralisme est responsable de tous nos malheurs et certains veulent même l’abattre. En fait, notre démocratie libérale a généré des citoyens de plus en plus exigeants, individualistes et égoïstes qui en veulent toujours plus. Ils ont perdu le sens de la responsabilité au profit de la jouissance immédiate.
Certains se demandent même si le libéralisme n’est pas antinomique de l’écologie !
Le bouc émissaire
On reproche désormais au libéralisme toutes les insatisfactions du monde ! Nous croyons trop facilement que tous nos malheurs proviennent du capitalisme libéral. Mais si l’on regarde les inégalités par exemple, elles sont encore plus marquées dans les économies planifiées. De même nous respectons mieux l’environnement, même si c’est loin d’être suffisant.
Mais sommes-nous vraiment dans un système libéral lorsque les prélèvements obligatoires atteignent 54% de la richesse nationale comme en France ? Nous allons vers un système de plus en plus dirigé et centralisé. Chaque jour les Etats édictent de nouvelles contraintes, de nouveaux règlements, de nouveaux interdits qui rétrécissent notre champ des libertés.
Nous sommes surveillés et contrôlés, plus que jamais dans l’histoire de l’humanité, et nous abandonnons notre responsabilité, aux dépens des gouvernements et institutions diverses qui décident à notre place.
Nous ne devons pas oublier que ce sont les valeurs libérales qui sont à la source de notre prospérité. La liberté, c’est comme la santé, on en mesure l’importance lorsque nous l’avons perdue !… Mais sommes-nous capables, en toute liberté, d’abandonner une partie de notre hédonisme, de restreindre notre consommation, de partager plus équitablement, de prendre soin de la nature et de défendre nos valeurs traditionnelles ?
Notre modèle économique et démocratique n’est plus tenable. Il nous faut changer de paradigme pour éviter le désastre. Le libéralisme ne doit pas être abattu, mais réformé. Depuis longtemps, je plaide pour la démocratie directe qui permet à la fois d’écarter le populisme démagogique et redonner leur responsabilité aux citoyens. Sinon, il ne restera plus que les régimes autoritaires pour nous sauver ou nous écraser !…
Vous excuserez la longueur inhabituelle de cette chronique, mais nous sommes au cœur du problème majeur que notre civilisation doit résoudre pour ne pas disparaitre.
Si cette chronique vous a intéressé, faites-la circulez et abonnez-vous pour recevoir, chaque lundi, une nouvelle chronique libre.