Tous les fondements de notre civilisation occidentale s’effritent avec le temps, comme de vielles nippes démodées dont il faudrait se défaire au plus vite pour paraitre moderne. Tout ce qui faisait notre fierté et toutes les valeurs que nous chérissions deviennent obsolètes et sont méprisées…
J’étais chez moi, assis dans mon fauteuil, et mon regard parcourait la pièce, lorsque je fus soudain saisi d’effroi. Mes ancêtres, amateurs des belles choses, m’ont légué quelques meubles anciens que j’aime contempler pour leur beauté et leur harmonie. Mais, en un instant, j’ai pris conscience avec une nouvelle acuité que, dans quelques années, lorsque nous disparaitrons, ces meubles iront à la décharge comme des vieilleries encombrantes et sans valeur.
Qui, dans ce nouveau millénaire digital, qui n’a d’yeux que pour les nouvelles technologies, prête attention aux fauteuils Louis XVI ou aux commodes Régence ? J’ai cru longtemps que la beauté était éternelle et pouvait traverser les siècles la tête haute, sans craindre les caprices de la mode. Bien sûr, cela est sans doute sans importance, mais c’est un symbole qui résume bien notre époque…
C’était sans compter avec l’arrivée des nouveaux barbares qui ne respectent plus rien et qui, avant de reconstruire un nouvel ordre du monde, se doivent de déconstruire l’ordre ancien et piétiner une à une toutes les valeurs que leurs pères ont protégées et chéries. Ils se disent « postmodernes » et adeptes de la « cancel culture », c’est-à-dire de l’annulation : les représentants de l’ancien monde doivent disparaitre et être annulés !
La fierté des hommes et des femmes trouvait son expression première dans le maintien, dans le port de tête, dans l’élégance de l’habit. Regardez les vieilles photos et mesurez la fierté noble des paysans et des ouvriers. Je ne parle pas des habits traditionnels pour les jours de fête, mais des vêtements de tous les jours, au travail qu’ils accomplissaient avec fierté et amour. La vie est d’abord faite de symboles …
Regardons maintenant autour de nous, dans la rue ou ailleurs, le laisser-aller vestimentaire et le débraillement généralisé au point que nous aurions honte d’être élégants. Il convient de faire « cool » suivant le maitre mot. Regardons notre maintien du corps, au café, dans le train ou devant la télévision, nous sommes souvent avachis, comme si notre colonne vertébrale ne nous portait plus, autre symbole !
Écoutons le langage des jeunes générations qui s’appauvrit au point qu’une frange de plus en plus grande d’entre eux s’exprime plus par onomatopées et phrases préfabriquées que par un discours construit. L’étendu du vocabulaire se rétrécit et le simple emploi du subjonctif devient pédant !
La maitrise de langue est pourtant essentielle pour transmettre n’importe quel concept ou information. Quand le langage manque, il ne reste plus que la force et la violence pour se faire comprendre, comme on peut le constater déjà à l’école et dans la rue.
Cette aisance dans la transmission écrite ou orale fait partie du grand succès de l’école publique obligatoire des 19ème et 20ème siècle. Il fallut deux siècles d’effort pour que la connaissance ouvre suffisamment l’esprit afin que la démocratie pût enfin se développer et se diffuser efficacement. Quelques décennies de renoncement auront suffi pour annihiler cet immense progrès. On peut aujourd’hui, en France, obtenir son bac et demeurer pratiquement illettré au sens où on l’entendait au milieu du 20ème siècle.
C’est cela le retour vers la barbarie, le renoncement aux acquis de la civilisation, le retour en arrière vers le sous-développement intellectuel. Le langage s’efface donc au profit de la violence et conduit au recul de la démocratie, comme nous pouvons le constater tous les jours.
L’intolérance, le sectarisme et l’intégrisme se sont insinués dans le débat public qui devient de plus en plus violent et inaudible. Dans le même temps, sous la pression de mouvements radicaux et extrémistes, la liberté de parole se rétrécit, la censure s’installe et le nouveau tribunal de l’inquisition juge et condamne les paroles qui dérangent.
Les réfractaires de l’ancien monde qui protestent contre cette nouvelle barbarie sont dénoncés et font l’objet d’un lynchage médiatique, le shaming, selon le mot à la mode. Ils sont harcelés, ils doivent faire leur autocritique publique, ils doivent démissionner et disparaitre de la circulation. Même J.K. Rowling, auteure célèbre de la série des Harry Potter, est accusée de transphobie et harcelée par les nouveaux barbares pour qui elle est comme morte, annulée !
C’est ainsi que la philosophe Sylviane Agacinski fut obligée, sous la pression et les menaces de la gauche postmoderne étudiante, d’annuler une conférence qu’elle devait faire sur une analyse critique de la procréation médicalement assistée à l’Université Montaigne de Bordeaux et intitulée « L’être humain à l’époque de sa reproductibilité technique ». Le postmodernisme remplace désormais l’humanisme !
« Déboulonner les statues de personnalités sur les places publiques ; renommer les écoles, les rues et les théâtres ; Interdire la diffusion d’œuvres jugées racistes, sexistes ou dégradantes ; diffuser le nom d’individus suspectés de harcèlement, de viol ou d’agression ; féminiser certains panneaux de signalisation », tel est le programme du postmoderniste, tel qu’il est bien décrit par un éditorialiste du Journal suisse Le Temps, et qui ressemble davantage à une néo-barbarie !
La démocratie progressivement s’estompe, l’agitation de la rue dicte sa loi et remplace le parlement. L’enfant- roi, né à la fin du siècle, arrive aujourd’hui aux affaires et il est habitué à être servi sans effort. Il estime qu’il a plus de droits que de devoirs et n’accepte guère les contraintes. C’est ainsi qu’il ne veut ni entendre ni écouter la parole des anciens pour lesquels il n’a plus de respect. Il veut un nouveau monde, taillé pour satisfaire ses désirs. Mais renier ses ancêtres et ce qu’ils ont apporté, c’est se renier soi-même ! Arrivons-nous au crépuscule de la démocratie et à l’aube d’un nouveau Moyen-Âge ?
La civilisation occidentale est à la dérive, sans boussole… pour savoir qu’un bateau dérive, il faut un point de repère, une référence. Il faut avoir vécu assez longtemps pour observer la dérive de notre civilisation, si on est trop jeune on manque de points de comparaison et l’on peut confondre la folie avec la normalité. Mais les anciens n’ont plus la parole, ils sont discrédités, vilipendés et considérés comme des arriérés peu fréquentables, racistes, colonialistes, sexistes, et pour tout dire, hors course…annulés.
Le mot « dysharmonie » est celui qui définit peut-être le mieux notre époque décadente. Le couple lui-même qui devrait être le symbole de l’harmonie et de la complémentarité est devenu, trop souvent, un lieu de compétitions et de conflits entre l’homme et la femme. Les relations amoureuses, de plus en plus éphémères, sont souvent essentiellement mues par un besoin sexuel qu’il convient d’assouvir au plus vite, sans besoin de sentiment ni de délicatesse.
Pour simplement baiser, pas besoin de raffinement ou de poésie, la vulgarité fera l’affaire ! Auprès des jeunes, l’image de l’amour et du couple a été salie par le cinéma et la télévision, sans compter les innombrables vidéos que l’on regarde sous les préaux d’école et qui ont fini de balayer définitivement tout romantisme dans la relation amoureuse.
Nous pourrions résumer la situation en disant que, dans la relation de couple, la sexualité a pris le pas sur l’amour, évacué lui aussi comme une vieillerie démodée et archaïque. Il faut simplement jouir et pour cela il ne faut reculer devant aucune expérience, la sexualité tout azimut devient le leitmotiv obsédant, de la pansexualité au transgenre qui serait désormais possible dès l’adolescence !
Le symbole de cette sexualité transgressive s’exprime lors des manifestions gay-pride, summum de laideur, de mauvais goût et de grossièreté…
Une civilisation qui se fragilise est une civilisation qui doute d’elle-même et de ses valeurs. Elle perd ses convictions et n’a plus la force pour défendre les valeurs sur lesquelles elle est bâtie. Elle devient trop perméable et influençable. Elle érige la faiblesse au rang de vertu de tolérance et finit par se faire endoctriner par d’autres idéologies.
Elle a perdu ses repères, elle ne sait plus reconnaitre le beau du laid, le bien du mal, l’amour de la haine, la noblesse d’âme de la vulgarité, le bon goût de la grossièreté,
Cette vieille civilisation fatiguée n’est plus capable de protéger ses idées, ses valeurs ou ses frontières. Elle est poreuse, ouverte à tous les vents, et finit par abdiquer sous les coups de boutoir des exigences des nouveaux arrivants qui entendent aussi la mettre à bas. La vie est une lutte, même le brin d’herbe qui pousse entre les pavés doit lutter. Quand on cesse de lutter, c’est que l’on renonce et qu’il est temps d’abdiquer, pour laisser la place, dans un premier temps, au chaos.
Tout ces changements se font progressivement et sont parfois souterrains. La barbarie s’installe incognito et au début on ne la voit pas. Pas à pas, l’impensable devient la norme. En écrivant cette chronique, je suis tombé par hasard sur cette remarque universelle de Saint Augustin qui illustre parfaitement la situation : « A force de tout voir on finit par tout supporter… A force de tout supporter on finit par tout tolérer… A force de tout tolérer on finit par tout accepter… A force de tout accepter, on finit par tout approuver… »
Pour atteindre un haut degré de civilisation la route est longue, escarpée et difficile, et le but n’est jamais atteint. La civilisation est toujours en devenir et elle a, sans relâche, besoin d’être défendue. Lorsqu’une civilisation est lasse d’elle-même, elle délaisse ses valeurs et se laisse aller en pente douce et naturelle, vers le déclin, la régression et finalement la barbarie… Il faut résister, ne pas courber l’échine et garder la tête haute devant les nouveaux ayatollahs…
N’hésitez pas à laisser un message ci-dessous et faites connaitre la “chronique libre”
Votre regard est malheureusement très juste. Il n’y manque à mon avis que ce qui a permis cette dégringolade, à savoir le remplacement de l’énergie humaine limitée par l’énergie monétaire apparemment illimitée et en réalité alimentée par l’ensemble des esclavages, celui dans le temps qu’est la dette, celui dans l’espace qu’est le mondialisme et ceux, ici et maintenant, que sont la paupérisation des classes moyennes, le chômage et l’immigration.
Vous y rajoutez à juste titre un esclavage que je n’avais pas souligné, l’esclavage à la facilité.
http://www.surlasociete.com/wp-content/uploads/2020/09/Ce-monde-absurde-qui-veut-faire-payer-le-futur.pdf
Dit comme ça évidemment….ça fait un peu…” vieux con”…mais vous si vous n’avez pas entièrement raison vous n’avez pas non plus totalement tort….
Reste cependant une question, de mon point de vue fondamentale : qu’est ce qui a manqué à cette civilisation tellement merveilleuse pour se transmettre? Car les humains d’aujourd’hui ne sont pas générations spontanées mais issues de cette civilisation si parfaite. Alors quoi? Ces gens capables d’aimer les meubles de style et le beau langage n’auraient pas su transmettre leurs valeurs à leur progéniture ?
Où bien peut-être que l’emballage ne suffit décidément pas à masquer la défaite d’une civilisation fondée sur l’exploitation coloniale, la violence sociale, le mensonge, la corruption, l’hypocrisie….
Je n’aime pas le monde dans lequel on vit ( je parle de l’Occident). Mais il a au moins le mérite d’être cash. Il est visible dans toute sa laideur, sans rien en dissimuler. Contrairement aux époques précédentes. Si les générations de gens dignes qui nous ont précédé avaient fait de ce monde un paradis….on s’en serait aperçus vous ne croyez pas ?
Vous soulevez une vraie question fondamentale… Pourquoi, en effet, vouloir défendre une civilisation qui a généré tant de méfaits méprisables?
Je dirais tout d’abord que l’Occident n’a pas commis que des méfaits, il fut aussi porteur de hautes valeurs humanistes, il fut à l’origine de nombreux courants artistiques de premier plan, il inventa la démocratie et fit faire aux sciences et aux techniques des bonds vertigineux.
Ensuite, j’ajouterais que la civilisation occidentale est ma famille et que malgré ses imperfections je cherche à la faire perdurer et à lui pardonner ses nombreux écarts, tout en oeuvrant pour l’améliorer…
Enfin, je pose la question: Quelle autre civilisation peut prétendre avoir mieux réussi, non pas seulement au niveau des sciences et des arts, mais au niveau de la morale et de l’éthique? Quel âge d’or faudrait-il prendre comme modèle? Ou faut-il désespérer de l’espèce humaine et oeuvrer à sa disparition?
Si je ne peux pas répondre à cette question, il ne me reste qu’une alternative, défendre ma famille culturelle et travailler à son amélioration…
J’adhère totalement à votre analyse. Je me suis battu toute ma vie pour ces valeurs. Maintenant, la lutte est devenue bien trop inégale, comme un déterminisme destructeur qu’il est vain d’affronter. L’heure n’est plus aux arguments, aux prêches, aux affirmations (j’irais même jusqu’à dire à “l’intelligence”)… la suite sera humanité, amour, sensibilité… ou ne sera pas.
C’est un mêli-mêlo de références simplistes, de clichés convenus, de généralisations abusives, d’amalgames confondants, de regrets d’un passé idéalisé et qui n’a jamais existé tel qu’il est supposé avoir été. Il faudrait des pages pour réfuter ce pensum qui n’en vaut pas la peine. Parce que c’est une pensée qui gomme la complexité et les contradictions. Pas vraiment novateur! On gomme tout le travail accompli depuis un demi siècle et bon se contente de reproduire du vieillot pour déplorer la fin du vieillot.
Vous vous exprimez bien et votre critique est aisée, mais j’aurais aimé quelques arguments pour nous convaincre de “tout le travail accompli depuis un demi siècle…”
Il se peut que vous soyez satisfait de notre époque, ce qui signifierait que nous ne portons pas les mêmes lunettes, mais me permettrait de vous féliciter!
Fontenelle pourrait nous mettre d’accord: “Toute philosophie n’est fondée que sur deux choses, sur ce que l’on a l’esprit curieux et les yeux mauvais”.