1003 – GENERATION Z

Si vous avez aimé la génération Y, née dans les années 80 et 95, vous allez adorer la Génération Z qui arrive depuis quelques années sur le marché du travail. Elle est encore en quête de sens, mais on discerne déjà ses grandes caractéristiques.

Chaque génération a sa propre « énergie », ses valeurs, ses croyances et son idéologie. Chaque génération s’oppose généralement aux générations précédentes pour bien marquer sa différence. La remise en question des valeurs des parents permet sans doute aux sociétés d’évoluer.

Ceux de la génération Y furent dénommés Milleniums ou « digital natives », tandis que la Gen Z est dite silencieuse, connectée en permanence, le nez sur son téléphone portable et surfant sur les réseaux sociaux. Elle est définie avec la dernière lettre de l’alphabet : faut-il y voir un signe ?

Le hasard a voulu que, lorsque j’écrivais ces lignes, se tenait, au théâtre Antoine à Paris, un procès fictif qui opposait la génération Z et leurs parents Baby-boomers d’après-guerre. Le but du jeu consistait à déterminer « qui, des jeunes ou des vieux, peut faire dévier le paquebot avant le naufrage ? ». Bien sûr, il n’y eu pas de condamnation définitive et la jeune animatrice, qui eut le culot d’organiser cette manifestation, conclut : « Arrêtons de faire le procès d’une génération Z pleurnicharde, arrêtons d’accuser les boomers de tous les maux ».

Il est d’autant plus important de tenter de décrypter les caractéristiques de la Génération Z que notre avenir est entre ses mains et qu’elle devra affronter les immenses défis qui se dressent déjà sur le destin des pays occidentaux. Je les ai amplement décrits dans de nombreuses précédentes chroniques…

L’ECO-ANXIETE

Plus que tout autre, la génération Z semble extrêmement préoccupée par le réchauffement climatique et ses conséquences. Ce sont les plus jeunes qui sont prêts à manifester, même violemment, contre des projets qu’ils jugent néfastes pour l’environnement.

Il peut s’agir d’un projet d’autoroute ou d’aéroport, d’un nouveau tunnel, de projets de forage pétroliers ou miniers, d’aménagement de complexes agricoles de type industriel : à chaque fois, d’importants groupes de jeunes sont à pied d’œuvre pour entraver, retarder ou faire abandonner certains projets.

Parallèlement à ces actions d’obstruction, d’autres s’engagent dans les métiers de la Greentech pour donner sens à leur vie, toutefois, tous semblent partager une véritable angoisse face à l’avenir et ils se désolent : « On a cette conscience de l’urgence écologique. On voit le dérèglement du climat qui s’accélère et on sait qu’il faut agir maintenant. »

Les plus diplômés veulent ainsi devenir « responsables du développement durable », « conseillers en transition écologique », « manageurs décarbonation », « chefs de projet biodiversité ».

Selon un récent sondage, huit sur dix des moins de trente ans considèrent comme important d’avoir un emploi respectueux de l’environnement et utile à la société. Et, sept sur dix seraient prêts à renoncer à postuler dans une entreprise qui ne prendrait pas assez en compte les enjeux environnementaux qui constituent l’un de leurs plus grandes peurs !

Beaucoup sont déçus par les discours écologiques de façade de certaines entreprises qui pratiquent ce que l’on dénomme le Greenwashing, c’est-à-dire qu’elles ne sont pas sincères et ne font que surfer sur une idéologie à la mode.

Ces jeunes font ainsi l’expérience d’un véritable conflit de valeur entre l’impératif de croissance économique et de rentabilité, et l’impératif de décroissance lié aux émissions à effet de serre.

LE TRAVAIL EST ALIENANT

Nous assistons par ailleurs à une désaffection du travail qui est vécu de moins en moins comme une source d’épanouissement, mais davantage comme un asservissement. Sans doute élevés dans l’illusion de la facilité, pour beaucoup, le travail n’a pas de sens.

Les babyboomers partant à la retraite massivement, des millions de postes sont à pourvoir et ne trouvent pas preneurs. Plus que jamais nous pourrions être proches du plein emploi, sauf que beaucoup de jeunes ne veulent pas se résigner à travailler, profitant des multiples allocations que certaines démocraties laxistes et démagogues leurs accordent.

C’est ainsi que de nombreux métiers manquent cruellement de talents, c’est le cas du tourisme, de la restauration, de la construction et même dans l’enseignement.

L’épisode du Covid 19 fut comme un révélateur de cette immense désaffection pour le travail et donna lieu à des vagues immenses de démissions. Selon un rapport fédéral, aux USA, 50 millions de travailleurs ont démissionné de leur travail en 2022. Ce phénomène de société fut dénommé Great Resignation (Grande démission)…

Par ailleurs, le travail étant souvent indispensable pour survivre, la nouvelle tendance consiste à en faire le moins possible. Il s’agit, pour ce mouvement « anti-work » de pratiquer la paresse comme un art dans un « lazy job » : il s’agit d’un emploi pas trop stressant, avec des horaires de travail flexibles, du télétravail, un bon salaire et un travail sans risque pour la santé et dont les responsabilités sont bien définies et écrites, de façon à refuser de faire ce qui n’est pas expressément prévu dans la définition de fonction…

La papesse de ce mouvement se dénomme Gabrielle Judge, ancienne consultante de la tech et surnommée « l’Anti Work Girlboss » qui comptabilisent 1,6 milliards de vue sur TikTok. Il s’agit de tirer profit du contexte favorable sur le marché du travail et de sélectionner les emplois les plus cool !

Nombre de ces jeunes considèrent que les systèmes de retraite seront à bout de souffle et qu’ils n’y auront jamais accès, autant donc ne pas se fatiguer, quitte à paraitre irresponsables et capricieux…

ANTIBOURGEOIS

Les jeunes sont traditionnellement allergiques à la morale bourgeoise que l’on peut résumer par les trois mots qui provoquent chez eux une violente réaction de rejet : travail, famille, patrie.

Nous venons de voir le peu d’intérêt de la Génération Z pour le travail, comme si elle refusait de grandir et de devenir responsable. D’ailleurs son accoutrement vestimentaire demeure celui d’un adolescent mal dégrossi, signifiant ainsi son refus d’intégration dans le monde responsable des adultes.

De nombreux représentants de la Génération Z n’envisagent pas de procréer. Ils veulent rester célibataires et ne pas s’encombrer d’un partenaire permanent et encore moins d’un ou, pire, plusieurs enfants. La famille est le relent de l’ancienne culture bourgeoise traditionnelle qu’il convient de rejeter avec dégoût.

Ce n’est donc pas un hasard si la natalité est en baisse drastique et cela s’accélère dans l’ensemble des pays occidentaux. A titre d’exemple, en France, depuis plusieurs années la natalité baisse de l’ordre de 8% par an. L’année 2023 s’annonce catastrophique de ce point de vue. La « Lazy Generation » porte bien son nom. C’est pourtant elle qui doit préparer la génération alpha, qui lui fait suite, et qui est sensée payer ses retraites !

Enfin, la Génération Z est mondialiste, elle est citoyenne du monde et le mot patrie est un gros mot avec des relents de fascisme. Elle voyage, elle parcourt le monde dès son plus jeune âge, et les diplômés s’installent aussi facilement à Londres, qu’à New York ou qu’à Shanghai. Pour eux le monde est sans frontière. Leur patrie est comme leur famille, encombrante et surannée…

AUTODESTRUCTION

Il est un aspect plus grave qui caractérise la Génération Z, c’est que son attitude désabusée et sa perte de sens conduisent trop souvent à l’autodestruction, qui se manifeste de diverses manières : suicides, accidents de la route, alcool et toxicomanie, autant de moyens de se détruire en constante augmentation.

En France, « Plus d’un jeune sur dix a déclaré avoir pensé au moins une fois au suicide au cours des douze derniers mois » selon le bulletin épidémiologique. Le suicide représente 20% des décès des 18-24 ans et constitue la deuxième cause de mortalité après les accidents de la route. Parmi les accidentés et tués sur la route, la Génération Z est en tête du classement !

Selon une étude de Santé Publique France en 2021, environ 20,8 % des jeunes de 18 à 24 ans ont connu un épisode dépressif caractérisé au cours des 12 derniers mois, ce qui constitue une hausse de 9% par rapport aux années précédentes et donne lieu à la prescription de médicaments antidépresseurs.

Mais la consommation de drogues illicites est encore plus préoccupante. Une enquête réalisée dans l’Union Européenne montre que 2,3 millions de jeunes de 15 à 34 ans (2,3% de ce groupe d’âge) a consommé de la cocaïne au cours de la dernière année, tandis que 1,3 millions du même âge ont consommé des amphétamines et 1,8 million ont consommé du MDMA (ectasy).

En outre, 81% des jeunes français de 17 ans ont expérimenté l’alcool et 30% ont consommé du cannabis. Tandis que 13,4% des 18-24 ans déclarent au moins 10 ivresses par an !

Ce qui semble le plus caractériser la Génération Z c’est un certain laisser-aller, un manque d’enthousiasme et de sens de la vie, une fuite face aux réalités, comme si elle n’était pas concernée dans la marche du monde. Cette génération milite facilement contre le réchauffement climatique, mais pratique trop souvent, envers elle-même, une sorte d’autodestruction…

 

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