Nous poursuivons notre séjour andalou, au rythme des vagues et du soleil. Nos 4 roues, mais également nos 4 pieds, nous ont amené à découvrir des lieux secrets, cachés dans l’arrière pays.

Villages blancs perdus dans la montagne, paysages unissant somptueusement végétal et minéral, champs d’oliviers et d’orangers, petits chemins caillouteux menant au creux d’une vallée fleurie … nos yeux admirent et nous humons avec délicatesse cette culture très particulière. L’andalousie est espagnole, bien sûr, mais cette terre porte les empreintes encore vivaces des califes mulsumans qui l’ont couverte de leur architecture aux formes voluptueuses.
L’Andalousie c’est déjà l’Orient … C’est le mélange de deux cultures fortes : celle des musulmans qui, vers le VIIe siècle, prirent possession de cette terre rude et l’embellirent de superbes coupoles et de couleurs chaudes tandis que les catholiques, plusieurs siècles plus tard, transformèrent les mosquées en églises et l’ Alcazar des califes en Palais Episcopal …
Musulmane ? Catholique ? L’Andalousie hésite … Alors que Tanger, à quelques encablures, regarde avec envie cette Europe hésitante, de nombreux jeunes musulmans rêvent d’y poser leurs bagages tandis que de l’autre côté les jeunes catholiques -quant à eux- se convertissent en nombre. Un signe des temps ?
La jeunesse a toujours choisi d’aller là où la vie est la plus forte, la plus conquérante. Et le roi Ferdinand III le Saint, qui entreprit la conquête de Cordoue en 1236, est bien loin avec son désir d’imposer sa religion. A cette époque, c’étaient les musulmans qui se convertissaient au catholicisme en Andalousie !
Catholique ? Musulman ? Nous sommes tous frères et soeurs … Nous sommes des humains à la recherche d’une vérité : celle de Dieu. Les hommes ont transformé cette quête en «religions», ils se sont alors transformés en guerriers.
L’Andalousie nous rappelle que la même terre peut accueillir, tour à tour, des croyances différentes mais qu’au fin fond de leur coeur et de leur âme, les hommes sont tous mûs par les mêmes resssorts : celui du pouvoir, celui de la quête, celui de la beauté, celui de la destruction, mais aussi -encore et toujours- celui de la reconquête …
Je pense que c’est une des grandes forces de l’Homme que de ne jamais baisser les bras : certains, bien sûr, choisissent de ne point se battre. Les idéaux du plus grand nombre deviennent les leurs … Pourquoi pas ? D’autres, par contre, ne renoncent jamais aux leurs. Ont-ils tord ? Ont-ils raison ? Je ne crois pas qu’il y ait de bonne réponse. Chacun fait comme il le peut, avec son caractère. Posons-nous toutefois, individuellement, cette question : lorsque nous baissons les bras, le faisons-nous par choix ou bien par peur ? Et si, au contraire, nous avons le sentiment d’être toujours obligé de nous battre pour reconquérir quelque chose : le faisons-nous pour répondre à nos idéaux ou par goût du pouvoir ? Voulons-nous “gagner” à tout prix ou bien -simplement- ne voulons-nous pas renoncer à quelque chose d’essentiel pour nous ?
Pour vous, avant de vous quitter et de vous laisser réfléchir à votre goût de la “conquête”, un petit poème né au coeur de cette Andalousie mystérieuse …
Blanches sont les maisons
Carrées sont les fenêtres
Emprisonnées
Derrière les barreaux
Souvent,
Même les oiseaux
Chantent dans des cages !
Les maures ont légué
Aux andalous
Quelques formes rondes
Qui adoucissent
L’austérité des pueblos
Façonnés par la pierre
Et le végétal
Au loin
La mer leur sert d’écrin
Entre elle et eux
Entre les roches grises
Fleurissent les genêts
Et les oiseaux s’enchantent
L’Andalousie
Cache son austérité
Sous ses fleurs odorantes
Et son ciel si bleu
Pourtant
Ecoutez ses chants
Et vous comprendrez
L’âme tourmentée
De ce peuple d’amants