166 – OSER L’ECHEC POUR REUSSIR

Je voudrais, aujourd’hui, vous parler d’un ami californien que nous connaissons depuis de nombreuses années. Il s’appelle John …

John a 50 ans et est issu d’une famille américaine aisée : son père était avocat d’affaires et participait activement à la vie politique californienne. Sa mère est encore en vie : elle joue merveilleusement du piano et continue, à 72 ans, à enchanter ses auditeurs. Il a une soeur, Mary, qui a 48 ans. Elle vit à Miami avec son mari et leurs deux enfants.

John a fait de brillantes études et est diplômé en lettres anciennes. Il m’a raconté qu’il avait eu plusieurs propositions, à la fin de ses études, pour enseigner dans différentes universités prestigieuses. Mais il devait quitter la Californie, son monde, ses amis : il n’a pas osé et il a dit non. Il m’a dit avoir eu peur de «les décevoir» car il était jeune diplômé et n’avait aucune expérience.Du coup, quand il a cherché un job, il a accepté un poste de bibliothécaire dans une petite université près de chez lui. C’est un garçon sérieux, fiable et il a -bien entendu- été apprécié par ses supérieurs ! 

Il a alors rencontré Maureen qui, très vite, est devenue sa femme. Quand ils parlent de leur rencontre, ils ont des étoiles plein les yeux ! Maureen a été séduit par ce garçon cultivé, raffiné, sérieux et John par le côté plus fantaisiste de Maureen, plus artiste : elle écrit des contes pour enfant qu’elle vient lire dans les bibliothèques … C’est donc dans la bibliothèque du quartier où vivait John qu’ils se sont rencontrés, celui-ci ayant -ce jour là-proposé d’emmener son petit neveu écouter la lecture des contes de Maureen …

Ce qui est amusant c’est que John, d’ordinaire très réfléchi, a ce jour là «sauté» sur l’occasion et invité Maureen le soir même, autour du petit verre qui suivait la lecture. Encore aujourd’hui il se félicite d’avoir osé, même s’il ne comprend pas vraiment comment il a pu ! 

Car, le temps passant, John a laissé passer maintes occasions de se réaliser. Enfin, c’est ce qu’il nous dit lorsqu’il parle de lui ! Car, vu de l’extérieur, il vit une vie agréable … Mais il se plaint : il se plaint de son travail trop routinier, de ne pas avoir accepté les offres alléchantes qu’on lui avait faites, de ne pas gagner assez d’argent pour s’acheter le bateau dont il rêve, de ne pouvoir voyager autant qu’il le veut, de ne pas avoir le temps d’écrire le livre qu’il a dans la tête, de ne pas être reconnu, etc …

Il se plaint beaucoup, John. Et quand on lui demande pourquoi il ne change pas de travail,  il répond qu’il est trop vieux. Pourquoi n’écrit-il pas ce fameux livre qui -peut-être- pourrait lui permettre d’être reconnu ? «Pfff, répond-il, qui s’intéresserait à l’évolution de l’écriture depuis l’égypte ancienne ?». Bref, il a toutes les excuses du monde pour ne pas «réussir» ce à quoi il aspire. 

Sauf que … Maureen commence à être fatiguée. Elle est lasse de ses regrets, de ses plaintes. Elle a épousé un homme qui l’a séduite par sa «hardiesse» (n’oublions pas qu’il l’a invité le soir même de leur rencontre !), par sa culture, peut-être également par son potentiel et … elle se retrouve, 20 ans plus tard, avec un bibliothécaire un peu aigri et amer. Forcément, elle perd patience ! D’autant que c’est une femme positive qui a su se réaliser personnellement. Après la période où elle a eu ses deux filles, elle a recommencé à écrire et continue -à son rythme- a écrire des contes qui sont publiés régulièrement. Ce n’est pas la richesse mais elle est indépendante financièrement ! Heureusement, car le salaire de John n’a pas tellement progressé. 

Il a bien eu des idées neuves et intéressantes pour faire évoluer sa bibliothèque et Maureen l’a beaucoup encouragé à les proposer à la direction. Mais … le temps qu’il réfléchisse au pourquoi du comment, le temps -surtout- qu’il accepte l’idée que l’on puisse éventuellement refuser sa proposition, un collègue plus rapide l’a proposée avant lui. Et ce collègue est devenu son supérieur hiérarchique … 

Lorsque vous demandez à John pourquoi il n’a pas été proposer ses idées plus vite, il vous répond qu’il voulait être sûr que c’était le bon moment et que ses propositions seraient acceptées. Car, si John craint quelque chose par dessus tout, c’est l’échec ! S’il n’écrit pas son livre, ce n’est pas par fainéantise ou par manque de temps mais … par crainte qu’il ne soit pas publié et apprécié d’un public averti.

C’est pourquoi je viens vous parler de John dans cette chronique. Pour partager avec vous cette importante prise de conscience : l’échec ne vient pas toujours d’un manque de talent ou d’opportunités. L’échec vient souvent de la peur de ne pas réussir. Notre égo préfère éviter tout risque de se retrouver en échec alors … il limite nos envols, nos exploits, nos tentatives. Tant que nous restons au sol, nous ne risquons pas de tomber de bien haut ! Car l’égo ne vit que dans l’image et il n’a pas du tout envie de se retrouver cul par dessus tête …

Combien de rêves avons-nous mis de côté par «peur» de l’échec ? Combien d’élans avons-nous réfrénés par peur du «qu’en dira-t’on» ? Et si je me plante ? Et oui, «si je me plante», que ce passera-t’il ? On rira de moi ? Pas sûr … mais, même si cela arrivait, quelle importance ? Car si je n’ose pas … de toutes façons je ne réussirais pas ! Alors ?

Un dicton dit «Nous ne regrettons jamais les choses que nous avons faites, même si nous ne les avons pas réussies, mais toujours les choses que nous n’avons pas faites». Car les choses que nous n’avons pas osé faire, elles portent ensuite le nom de «regrets». Rien de pire que des regrets ! Il mène, comme chez John, à l’amertume. 

John avait tous les atouts en mains pour réussir : son milieu, ses études, son intelligence et même les opportunités qui se sont présentées. Il n’a pas «osé» : par peur de l’échec, il a préféré resté confiné là où il savait qu’il contrôlait bien la situation. Il pourrait toutefois être heureux comme il est ! Mais il est mené par le bout du nez par son égo qui – par fierté mal placée- l’a empêché de s’envoler. Et l’égo n’est JAMAIS SATISFAIT … Il n’est pas «sage».  C’est pourquoi il est si important de le remettre à sa juste place : notre égo est au service de l’âme et pas le contraire ! Trop d’égo tue l’égo et John en est la preuve … 

A nous, donc, de trouver le bon équilibre et de nous poser les bonnes questions lorsque nous avons un rêve à réaliser, une envie de nous envoler, un désir de créer : est-ce bien dans mes compétences ? Cela a-t’il un sens pour moi ? Est-ce important dans ma vie ? Et si nous répondons «oui» à ces trois questions que risquons nous ? Simplement de réussir …

Pour terminer, je laisse la parole à deux hommes qui ont «osé»écrire :

«Rien n’échoue mieux que le succès»

Dane Rudhyar 

«Pour réussir dans le monde, retenez bien ces trois maximes : voir, c’est savoir ; vouloir, c’est pouvoir ; oser, c’est avoir»

Alfred de Musset

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4 commentaires

  1. L’ego se cache en effet derrière des masques divers tels que la discrétion, la timidité, le perfectionisme… qui freinent l’action.

    mais les difficultés peuvent naitre aussi d’un manque confiance réel, d’une dépression de l’ego, liées à l’éducation par exemple,

    mais on pourrait dire alors que la dépression est liée à une demande trop forte de l’ego,

    bref les pièges du psychisme sont mutiples et bien difficiles à repérer.

    quid de John…?

  2. Je trouve aussi très justes les paroles de Sénèque : “Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles.”

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