318 – LE POIDS D’ISRAËL

Aux USA la campagne électorale devient tendue et agressive entre Obama et le républicain Romney. Un des points les plus contre-versés réside dans l’attitude à adopter vis à vis d’Israël. On peut se demander pourquoi et comment un micro état de 5,5 millions d’habitants, situé à l’autre bout du monde, peut constituer un enjeu aussi important.

Tu ne vois pas que nous sommes occupés!

 La presse reproche à Barack Obama son attitude tiède vis à vis d’Israël et le fait qu’il n’ait jamais rendu visite à ce pays en 4 ans de mandat. Le Gouverneur Mitt Romney a consacré sa première tournée internationale par une visite à Jérusalem qu’il considère comme la capitale de l’état d’Israël, ce qu’il appelle de ses vœux. Il s’est ostensiblement rangé du côté de toutes les revendications les plus belliqueuses des dirigeants Israéliens. C’est naturellement vis à vis de l’Iran que son agressivité fut la plus forte, déclarant qu’empêcher l’Iran d’accéder à la technologie nucléaire « doit constituer notre plus grande priorité de sécurité nationale » et ajoutant aussitôt : « Nous reconnaissons le droit à Israël de se défendre et c’est le droit de l’Amérique d’être avec elle ». Puis, précisant sa pensée, il ajouta : « Si Israël doit prendre une telle décision afin de stopper le développement de ce programme, le gouverneur respecterait cette décision ». Ces propos ont été interprétés comme un accord de l’éventuel futur président à une intervention Israélienne contre l’Iran, avec l’assurance de l’appui américain. Après de telles déclarations, nous pouvons nous demander si Mitt Romney est sain d’esprit !

Le candidat Mitt Romney ne rate pas une occasion pour faire une description apocalyptique du monde : « Le monde est dangereux, destructeur et chaotique » et il ajoute « Malheureusement, ce Président a diminué le leadership américain et nous en récoltons les conséquences ». A travers ces discours effrayants le candidat Romney ne fait qu’épouser les attitudes belliqueuses d’Israël. Comment et pourquoi, un si petit état pèse t-il si lourd dans l’opinion américaine, au point de nécessiter une telle parade militaire de la part d’un candidat à la maison blanche ? La communauté Juive en Amérique dépasse les 5 millions, presqu’autant qu’en Israël, mais c’est peu pour une population de plus de 300 millions d’habitants. Ce n’est donc pas ce qui le motive à ce point.

Le poids d’Israël réside dans l’influence de la communauté Juive des Etats-Unis qui a réussi à se placer dans un grand nombre de postes clés au niveau du gouvernement Fédéral, de la finance de Wall Street et surtout au niveau des media. De ce fait, les grands media américains sont très peu critiques vis à vis de la politique d’Israël, à la fois expansionniste, belliqueuse et d’apartheid. Les américains sont ainsi élevés dans l’idée qu’Israël est le nombril du monde, la mère de toutes les religions monothéiste et qu’à ce titre ils lui doivent une vénération et une protection éternelles. En quelque sorte, critiquer Israël reviendrait à renier ses origines. Mais tout cela ne justifie pas que le candidat Romney laisse entendre que les arabes Palestiniens sont, d’une certaine manière, culturellement inférieurs !

Bien entendu, les épouvantables souffrances vécues par le peuple Juif l’ont élevé, à juste titre, au rang de martyr, pour lequel on éprouve compassion et respect. D’une certaine manière, la position géostratégique d’Israël, entourée d’une multitude de populations Islamiques, plus ou moins agressives, n’est pas sans rappeler les ghettos Juifs de tristes mémoires. Le rôle de ceux qui se prétendent les amis d’Israël ne consiste pas à attiser les peurs, les haines et les attitudes agressives. Il conviendrait au contraire de jouer les médiateurs et de considérer les droits de toutes les parties. Il conviendrait aussi qu’Israël et les communautés Juives admettent la critique, sans aussitôt se réfugier derrière le qualificatif devenu facile d’antisémitisme.

Le poids d’Israël en Amérique est excessif. Les américains sont aujourd’hui informés à travers une vision déformée qui croit servir les intérêts exclusifs d’Israël. Il serait temps que les américains se conduisent en grands garçons et ne se fassent plus dicter leur destin. Quel président saura prendre un peu d’indépendance par rapport à ce réseau d’influence puissant et riche ? Obama y est partiellement parvenu, mais au prix de l’inaction.

 

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4 commentaires

  1. Monsieur Ponroy que je vous rappel ce qui s’est passé au Panama entre les mondas de Carter – Bush. C’est une histoire ironique qu’a commencé avec la signature d’un traité entre Torijjos et Carter ramenant le contrôle du canal du Panama au panamien. A l’arriver de Reagan ; Torijjos fut tué dans accident d’avion et Noriega le remplace. La pression sur Noriega pour dissoudre le traité (Torijjos – Carter) échouent. En 1989 avec le monda de Bush l’armée américaine envahi le Panama ; elle arrête et conduit Noriega en Floride pour être jugé sur un sol américain par une loi américaine pour des crimes anticipés en Panama. La démocratie partielle du Panama fut renversée et une ancienne tyrannie fut établie juste pour que l’Amérique reprenne le contrôle du canal.

    Aujourd’hui la probabilité que le phénomène se répète est bonne avec Obama en rôle de Carter et Romney en rôle de Bush ou Reagan ou les deux à la fois…

    1. Merci de nous rappeler ce point d’histoire important. On peut en effet faire une analogie avec ce qui risque de se passer en Syrie et peut-être aussi en Iran. Les Américains font tout ce qu’ils peuvent pour rétablir leur suprématie sur cette partie du monde, au risque de mettre le Moyen Orient à feu et à sang. Mais ce n’est pas leur souci comme on a pu le voir avec l’Irak et l’Afghanistan…

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