339 – MORTELLE UNIFORMITE

La nouvelle tendance est à l’amalgame, à l’hybridation, au métissage, à l’indifférenciation et aux mélanges qui nous conduisent à un monde uniforme dans lequel tout le monde se ressemble et pense pareil.

La vie se nourrit de la différence : différence de potentiel, différence de niveaux, différence d’énergie etc. Lorsque la terre sera plate et que toutes les montagnes auront été érodées, l’eau envahira tout sous un flot uniforme. Un organisme ne vit que parce qu’il est divisé, compartimenté, différencié en zones spécialisées. Le métabolisme est nécessairement hétérogène et c’est grâce à ces différences qu’il est le siège de flux et d’échanges qui sont caractéristiques de la vie. C’est la différence qui crée l’échange et le mouvement. La vie nait de la différence sexuelle. La mort, c’est le retour à l’indifférenciation et au chaos. Le processus vital, depuis son origine, a consisté à mettre de l’ordre dans la nature et à lutter contre le chaos uniforme.

La diversité du vivant en fait sa richesse et sa beauté. C’est donc à juste titre que certains cherchent à protéger cette diversité. Hélas, nous assistons à un appauvrissement de cette diversité dans le domaine agricole à la suite des progrès de la biotechnologie. Les techniques d’hybridation et de modifications génétiques aboutissent à une uniformité des plantes alimentaires et à l’élimination des différentes variétés. Comme le dit l’agronome Jean-Pierre Berlan : « On est en train de confier l’avenir de l’humanité à des ennemis de la vie ». Notre nourriture devient de moins en moins variée, insipide, monotone et uniforme. Il ne reste plus que quelques races de vaches et très peu d’espèces de blé, de maïs ou de riz. Le hamburger OGM va devenir la ration universelle…

Messieurs, nous avons besoin de sang neuf.

 Dans le même temps nous assistons au métissage des cultures, à la disparition de la variété des langues et des coutumes. Nous allons doucement vers une société unique qui gomme les différences. L’école est la plus grande fabrique de clones et génère des bataillons de consommateurs aux goûts identiques. Ce consumérisme universel a gommé toutes les différences ; nous regardons tous les mêmes films et nos informations proviennent des mêmes sources. Promenez-vous dans les galeries marchandes de Tokyo, de Pékin, de New-York ou de Rio, vous y trouverez les mêmes marques et les mêmes magasins. Nous finissons par tous penser la même chose et nous sommes surpris et agacés qu’il existe encore des individus, de par le monde, qui ne partagent pas notre pensée unique ! La laïcité est à la mode car son projet consiste à éliminer les différences religieuses

Les foules se mélangent et se métissent. Encore un effort et il n’y aura plus de blonds ou de noirs, mais une masse indifférenciée de couleur uniforme, consommateurs dociles de produits manufacturés identiques. Depuis longtemps déjà certains anglo-saxons rêvent de ce monde unifié qu’ils désignent sous le vocable « one world, one language », un monde bien commode pour un marketing universel et une « économie globale ». Nous finissons par avoir peur de la différence et nous devenons intolérant vis à vis de ceux qui pensent autrement et qui défendent d’autres valeurs que ce que nous nommons lyriquement « nos valeurs universelles ».

Chéri, nous sommes faits l’un pour l’autre

 Même la différence sexuelle s’estompe. Il n’y a plus les garçons et les filles, mais le groupe des jeunes indifférenciés qui ont les mêmes goûts et qui pratiquent les mêmes activités et les mêmes sports, ils sont souvent habillés pareil et exercent les mêmes métiers. Le point d’orgue de l’indifférenciation est atteint avec la prolifération de l’homosexualité qui est l’union des semblables, stérile par définition. Un couple basé sur la peur de la différence sexuelle, dénué d’énergie créatrice.

La confrontation des langues et des cultures est une grande richesse ; elles s’influencent mutuellement mais ne fusionnent pas, car seule la différence est une source créatrice. C’est pourquoi je suis terrorisé par ce monde qui arrive qui voudrait tout broyer, tout assimiler, tout mixer, tout métisser et finalement tout intégrer en une sorte d’œcuménisme culturel mortifère.

Vous aimerez ces vers d’Antoine Houdar de la Motte, écrivain français du début du 18ième siècle:

« C’est un grand agrément que la diversité :

Nous sommes bien comme nous sommes.

Donnez le même esprit aux hommes,

Vous ôtez tout le sel de la société.

L’ennui naquit un jour de l’uniformité. »

L’uniformité est in compatible avec la liberté. Des individus identiques qui sont animés des mêmes intérêts et des mêmes préoccupations, tous issus du même moule, c’est ce que l’on dénomme avec un certain mépris : « la masse » que les media, les agences de marketing et les gouvernements manipulent avec facilité. Mais, c’est aussi la « masse » qui fait les révolutions !

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Un commentaire

  1. J’aime beaucoup tes messages en général et celui-ci en particulier car il met en évidence nos ambiguités. En effet d’un coté nous déplorons de croiser nombre de personnes qui ne nous ressemblent pas ou à qui nous ne ressemblons pas, mais d’un autre coté la seule façon de se ressembler est de tout mélanger. C’est bien ce qui est en train de se passer et ce dont nous ne voulons pas non plus.
    A bientot
    Christian

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