395 – LES DEUX EUROPES

 Nous avons, ici même, plusieurs fois annoncé la cassure de l’Europe en deux : le Nord Anglo-saxon, économe, travailleur, libéral et pragmatique ; le Sud latin, dispendieux, assisté, étatiste et idéologue. Ce fossé se creuse pour plusieurs raisons :

images-1 1-  Tout d’abord au niveau de l’euro, le Nord se satisfait d’une monnaie forte, car il sait que les pays forts ont une monnaie forte. Le Sud rêve d’une monnaie faible car cela faciliterait l’exportation, mais oubliant que cela augmenterait le poids des importations. Or, les pays du Sud importent plus qu’ils n’exportent, cela aurait pour conséquence d’aggraver les déficits commerciaux. En fait les pays du Sud, sous la bannière de la France, voudraient faire l’économie de réformes en profondeur afin de devenir plus compétitifs. L’Allemagne, avec la même monnaie, exporte tout azimut, parce qu’elle est compétitive. Hors de l’Europe, la Suisse, avec une monnaie très forte et des salaires qui sont le double de ses voisins, possède une industrie exportatrice puissante car elle a su s’organiser et se spécialiser.

2-  Les raisons de ce déséquilibre Nord-Sud, à l’intérieur de l’Europe, sont multiples. En premier lieu, le poids d’une administration pléthorique dans les pays du sud, ce qui écrase leurs économies. A titre d’exemple, la France s’enorgueillit de compter le double de fonctionnaires que ses voisins du Nord par rapport à sa population ! Outre le poids que ces charges font peser sur l’économie, la bureaucratie mastodonte ralentit tout le processus économique par un interventionnisme étatique permanent.

3-  Par ailleurs, la lourdeur et la rigidité du marché du travail dissuadent nombre d’entreprises, d’artisans et de commerçants à embaucher, sachant que le licenciement est tabou, complexe et onéreux. L’Etat-Providence est parfois si généreux qu’il est plus intéressant de toucher les allocations chômage que de travailler ! Ajouter à cela une fiscalité confiscatoire qui appauvrit le pays et va éloigner de la France pour longtemps les investisseurs potentiels.

4-  Dans ces conditions, il est naturel que les pays du Sud rêvent de continuer d’être assistés par les pays du Nord. C’est dans ce contexte qu’a eu lieu la réunion des chefs de gouvernement pour établir le budget européen : le Nord, pragmatique, veut tirer les leçons de la crise et réduire les dépenses. Au contraire le Sud, qui reçoit les subsides, plaide pour continuer à emprunter et à dépenser sans compter. En bref, les pays latins n’arrivent pas à prendre conscience qu’ils ne sortiront pas de cette grave crise économique sans restriction, c’est-à-dire sans douleur ! Il faut bien payer un jour ou l’autre 30 ans de gabegie budgétaire. Ce que les pays du Sud dénomment « solidarité » est traduit par « assistanat » dans les pays du Nord !

68054146 5-  L’incompréhension de plus en plus profonde entre le Nord et le Sud réside dans cette prise de conscience. Le Nord, réaliste, sait qu’il n’est plus possible de continuer à s’endetter à ce rythme et que la sortie de crise passe par l’austérité. Le Sud, idéologue, veut croire qu’un surplus d’endettement, pour d’hypothétiques investissements, va lui permettre de continuer comme avant et d’éviter d’entreprendre des réformes indispensables. Investir sans réforme, c’est aggraver le processus.

6-  Nous commençons donc à voir se consommer la rupture au sein du traditionnel couple franco-allemand. L’Allemagne considère de plus en plus que les pays du Sud sont incurables parce qu’ils ne s’en donnent pas les moyens, elle se rapproche donc de l’Angleterre pour faire contrepoids, ce qui accentue d’autant la faille qui se creuse entre les deux Europes.

Dans ces conditions, si l’Europe du Sud persiste dans son refus de se moderniser, la fracture peut devenir irréversible. Les pays du Sud peuvent alors voir augmenter soudainement leur taux d’endettement sur les marchés financiers. La dévaluation de la monnaie devenant la seule arme disponible, ils peuvent ainsi être acculés à quitter la monnaie commune, créant de facto un Euro du Nord et un Euro du Sud.

La France, qui a pris la tête des pays du Sud, joue un jeu dangereux qui pourrait l’affaiblir durablement. Elle s’arcboute à son idéologie étatiste et socialisante qui la guide depuis plus de trente ans. Nous assistons à un renversement des alliances qui va permettre à la Grande-Bretagne de rester dans l’Europe et à l’Allemagne de trouver un allié pour contrer les prétentions du Sud.

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