722 – L’EUROPE A NOUVEAU EN DANGER

L’Europe parait sereine. Est-ce le calme avant la tempête ? La dette abyssale est toujours là, l’Italie sombre dans la cacophonie, l’Allemagne se raidit et l’Europe, qui ne parvient pas à parler d’une seule voix, n’est ni entendue, ni écoutée…

L’année 2017, avec l’élection d’Emmanuel Macron, avait redonné espoir à tous ceux qui, en France et en Europe, observaient avec effarement et tristesse le déclin de la France, d’une part, et l’enlisement du projet européen, d’autre part.

2018 nous ramène à la réalité dure et têtue. Cela fait des années que je préviens mes lecteurs des risques graves qui pèsent sur l’avenir de l’Europe en général et de l’Euro en particulier. Malgré les espoirs récents, ces risques demeurent.

Miracle à l’italienne ?

Dès 2012, je prévoyais que la dette colossale qui s’accumulait dans les pays du sud de l’Europe, incapables de se réformer et de s’adapter à la modernité, constituaient un boulet qui risquait de faire sombrer l’ensemble de l’édifice. (Chronique 313 – L’euro sera-t-il sauvé ?)

La dette de la Grèce était préoccupante mais pas mortelle pour l’Europe. Aujourd’hui, c’est l’Italie qui préoccupe, un poids lourd, un boulet qui peut nous envoyer tous par le fond. Depuis des années, les italiens vivent au-dessus de leurs moyens et refusent les économies et les réformes indispensables. La dette de l’Italie n’est plus contrôlée et atteint 130% du Produit Intérieur Brut.

La Banque Centrale Italienne doit 450 milliards d’Euros aux entreprises allemandes ! Cela n’a pas empêché les italiens, dans un ultime geste suicidaire, d’élire un gouvernement qui leur promet d’augmenter les dépenses et de ne pas payer ses dettes. Hélas, il n’y aura pas de miracle à l’italienne !…

Le raidissement allemand

Les européens du sud, qui aiment jouer les cigales, comptent sur les fourmis allemandes pour survenir à leurs besoins. Emmanuel Macron lui-même pensait que la fougue de sa jeunesse parviendrait à faire fléchir Angela Merkel. Le projet est simple et consiste à permettre aux banques d’émettre des obligations garanties par la Banque Centrale Européenne.

C’est séduisant d’avoir une Union Bancaire et des prêts européens, garantie par tous. C’est cela la solidarité européenne, c’est la preuve que l’Europe existe ! Le malheur est que l’Allemagne serait le seul pays capable de supporter la responsabilité de la dette en cas de crise grave.

Dans une tribune récente, publiée dans la Frankfurter Allegemeine Zeitung, 154 économistes de renom prennent position sur le sujet. ils mettent en garde contre ce risque, que les Allemands n’entendent pas assumer seuls, alors que la France, L’Espagne et l’Italie, surendettés entre 90% et 130% du PIB, sont insolvables ! Les fourmis sont solidaires à condition que les cigales mettent les mains à la pâte !

Le nœud coulant

Le risque, qui demeure tapi dans l’ombre de la dette, c’est le relèvement des taux d’intérêts. Tant que le loyer de l’argent est très faible, cela ne coûte pas grand-chose de s’endetter, c’est indolore.

L’augmentation des taux d’intérêts est inéluctable. Le problème est de savoir quand. Aux USA, les obligations de Trésor tournent déjà autour de 3% : c’est déjà trois fois plus que 1% !

Par ailleurs, le prix du pétrole augmente et se situe vers 80 $ le baril. C’est presque le double de l’année dernière. Les prix risquent donc d’augmenter, sans doute en 2019.

L’inflation est une spirale auto-entretenue qu’il n’est pas facile de juguler. J’ai souvent comparé l’inflation à un nœud coulant qui se resserre autour du cou de ceux qui sont endettés, jusqu’à les étrangler…

L’Europe est sans voix

Qui peut prétendre parler au nom de l’Europe ? Quel homme ou quelle institution s’exprime au nom de l’Europe ? L’Europe est incapable d’avoir un avis ferme et une politique commune. Chacun veut garder ses prérogatives, au risque de ne pas exister du tout.

Si l’Europe avait élaboré une politique migratoire imposée à tous, l’Italie n’en serait pas là où elle en est actuellement. Elle fut laissée seule face à des vagues migratoires sans précédent auxquelles elle ne pouvait faire face. Les électeurs l’ont fait savoir dans les urnes !

L’Europe n’a pas de patron et, par conséquent, n’a pas de politique étrangère cohérente. Chaque pays tente, pour lui-même, d’établir des relations privilégiées, qui avec la Russie, tel autre avec les USA ou avec la Chine. Mais il n’y a pas de ligne directrice…

Actuellement, l’Europe subit sans réagir les assauts agressifs des États-Unis, incapable de parler et d’agir fermement, d’une seule voix. Si elle continue à se laisser intimider et piétiner par la politique américaine, l’Europe n’est plus qu’une coquille vide.

Une nouvelle fois l’avenir de l’Europe est en jeu et il se joue sur trois fronts : une dette colossale qui fragilise la monnaie commune, une immigration massive et incontrôlée, une politique étrangère inexistante. L’Europe demeure une entité virtuelle, insaisissable, aux contours flous et menacée dans son existence…

 Pour ceux que le sujet intéresse, vous pouvez relire quelques chroniques que j’ai consacré à l’Europe, car c’est un sujet qui me hante : 395 « Les deux Europes » et 418 « L’Europe malade ».

En ce qui concerne l’Italie, vous verrez que rien ne s’améliore en lisant les chroniques 462 « L’Italie entre crise et dolce vita» et 463 « L’Italie a-t-elle manqué son rendez-vous avec l’histoire ? ».

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2 commentaires

  1. Bonjour 1ere fois que je viens par ici et je vois que la leçon libérale est particulièrement bien récitée. Au revoir et à jamais

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