462 – L’ITALIE ENTRE CRISE ET DOLCE VITA

Nous séjournons quelques jours en Italie du Nord, pour prendre le pouls du pays et tenter de comprendre la direction qu’il prend, confronté à une grave crise économique, comme le reste de l’Europe du sud.

 

On peut encore investir à bon marché à Venise.
On peut encore investir à bon marché à Venise.

 Nous avons tout d’abord jeté un œil sur l’immobilier. Notre belle-fille Anna, originaire de la Vénétie, possède un appartement de 3 pièces à Conegliano,  petite ville bourgeoise de 35.000 habitants, proche de Trévise. Comme elle cherche à vendre cet appartement, nous avons fait le tour des agences immobilières. Pour un appartement à rénover, situé en centre ville (hors de la zone historique), les prix oscillent entre 1200 et 1500 euros le m2, c’est-à-dire sous le prix de revient de la construction et les prix sont encore à la baisse. A Venezia, on dit que les Français se ruent pour investir, ceux qui ont trois sous fuient l’enfer fiscal qui sévit en France. Certains quartiers de la ville sont décrépis et il reste encore quantité de petits palais ou d’immeubles modestes, cachés au fond des ruelles, qui attendent une salutaire rénovation.

 

L’activité économique reste faible mais semble se maintenir à flot, grâce à une multitude de PME industrielles. Comme ailleurs, le gouvernement laisse espérer une reprise pour bientôt : l’espoir permet de repousser les échéances. Comme ailleurs, les politiciens se chamaillent, font du chantage et du tapage médiatique pour occuper le terrain. Comme ailleurs, ils confisquent la démocratie en profitant de la passivité du peuple qui continue à se faire gruger. Comme en France, l’Italie regorge de clowns qui ont capté le pouvoir.

 

Nous connaissons ici deux jeunes architectes, Carlo et Giuseppe, qui ramaient pour gagner leur vie.

Partir: la seule solution pour les jeunes talents.
Partir: la seule solution pour les jeunes talents.

Le premier est parti en Allemagne, à Mannheim, pour vendre des glaces, le second s’est envolé pour l’Australie où il est heureux comme un poisson dans l’eau ! Ils sont à l’image de toute une jeunesse dont les plus débrouillards cherchent à partir, là où l’économie à la mode socialiste n’a pas encore fait de ravage !… « La fuite des talents », c’est le titre du livre de Sergio Nava qui a étudié le phénomène qui, comme en France, prend de l’ampleur. Le plus grave, c’est que ce sont les mieux formés qui partent, les ingénieurs, les médecins, les infirmières, les techniciens, les architectes. Il s’agit d’une hémorragie très grave qui peut mettre le pays à genoux. La formation universitaire coûte très cher à la nation et les meilleurs partent pour l’Allemagne, la Suisse, la Grande Bretagne ou plus loin encore… Mais que faire dans un pays où le chômage des jeunes atteint 37% ? Il est utile de se souvenir que c’est ce qui arriva aux pays de l’Europe de l’Est, du temps du communisme. Il a fallu construire un mur pour éviter la fuite des cerveaux !

 

 En effet, les pays du Sud de l’Europe sont rongés par une idéologie socialiste et étatique qui aveugle les partis politiques de droite comme de gauche. Il s’agit d’un déni total de la réalité qui refuse d’admettre que seule la liberté économique permet la croissance. Les pays qui le nient et qui croient que l’Etat doit tout contrôler seront mécaniquement exclus de la compétition internationale. Un état qui confisque 60% de l’activité économique à son profit appauvrit le pays. C’est un choix qui appartient aux peuples… Aucun Etat dans le monde n’a jamais réussi, par son action, à enrichir ses concitoyens, sauf à les laisser faire par eux-mêmes.

 

Le plaisir de vivre... et de bien manger
Le plaisir de vivre… et de bien manger

 Malgré cela l’Italie reste agréable à vivre. Les rues sont pleines de monde et, en cette fin « d’été magique », bruissent de vitalité. Les gens sont plus élégants qu’ailleurs en Europe et conservent une fière démarche lorsqu’ils déambulent le soir, à la fraîche. Pour le voyageur de passage, le charme de l’Italie demeure le plaisir de bien manger dans la multitude de trattorias où l’on trouve encore une cuisine simple et traditionnelle. Il faut reconnaître aux Italiens cette capacité à jouir de la vie, même lorsqu’elle est amère. Rien ne vaut le simple plaisir de respirer l’air léger des soirées d’été. Malgré toutes les vicissitudes, la Dolce Vita est ici un art de vivre, à la portée de toutes les bourses, et se lit sur les visages.

 

L’Italie, comme d’autres pays, a vécu au-dessus de ses moyens et continue à aggraver sa dette. Combien de temps pourra t-elle encore faire illusion avant que l’Etat finisse par réduire ses dépenses excessives sous le poids d’une administration pléthorique et inefficace ? Combien de temps encore les peuples vont-ils accepter d’être rançonnés au profit d’une oligarchie dispendieuse ? L’Europe attend toujours son printemps…

 

 

 

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