448 – LA COMPLEXITE DES ECOSYSTEMES

Ainsi, pourquoi voulez-vous travailler pour nous?
Ainsi, pourquoi voulez-vous travailler pour nous?

 De nombreuses espèces végétales et animales sont menacées, y compris l’espèce humaine. Les interactions des différentes espèces entre elles sont un bon exemple de la complexité dont nous parlions dans la précédente chronique.

La totalité des espèces vivantes sont soumises aux aléas de l’environnement et il s’établit un équilibre, éminemment instable, entre elles. Les prédateurs, les ressources alimentaires, le réchauffement climatique, la pollution, l’arrivée soudaine d’une nouvelle espèce transplantée intentionnellement, ou par hasard, constituent autant de facteurs qui ont entre eux des interactions complexes. Il est fréquent qu’une cause apparemment anodine ait des effets puissants.

Hé! Réveilles-toi. Tu interromps la chaîne alimentaire.
Hé! Réveilles-toi. Tu interromps la chaîne alimentaire.

 Les premières études sur les écosystèmes, dans les années 60, ont commencé à proposer des modèles Mathématiques. Il en ressortait qu’il existe dans la nature un contrôle de l’ensemble du réseau alimentaire par les prédateurs du sommet de la chaîne, y compris sur des espèces qui n’étaient pas directement attaquées. Cette action de contrôle dite « top-down », (de haut en bas), fut accueillie avec scepticisme par un grand nombre de chercheurs.

Mais cette hypothèse a pu depuis être testée grandeur nature, sur le terrain, à propos de l’action du plus grand des prédateurs, l’Homme. Il existe de nombreux exemples qui attestent de cette action en cascade. Par exemple, dans certaines îles, l’homme décima les loups et il s’en suivit une prolifération catastrophique des rats qui firent beaucoup plus de dégâts aux récoltes que les loups aux cheptels. Dans le parc de Yellowstone, aux USA, l’abattage des loups entraina une prolifération des élans et autres herbivores qui mangèrent les feuilles des jeunes saules et des trembles qui furent décimés.

Sur la côte Est des Etats-Unis, les pêcheurs ont dévasté les populations d’huitres et de coquilles saint Jacques, sans en attraper une seule ! Ils ont simplement tué une grande quantité de requins, permettant ainsi à une myriade de poissons de proliférer. En effet, certaines populations de raies ont explosé car elles se sont trouvées sans prédateurs et, comme elles se nourrissent des coquillages qui ont élu domicile dans les fonds, telles les huitres et les coquilles Saint Jacques, celles-ci ont ainsi disparu! Donc, rien n’est simple… Et, comme nous allons le voir, il n’est pas toujours facile de revenir en arrière.

Pendant des générations, dans l’Atlantique Nord, les pêcheurs ont capturé des milliers de

... et ne jouez pas près de la réserve marine où sont les gros vilains poissons.
… et ne jouez pas près de la réserve marine où sont les gros vilains poissons.

tonnes de morues, comme si leur population était inépuisable. Puis, soudain, dans les années 1990, le nombre de morues s’effondra drastiquement ce qui obligea les Etats à interdire totalement la pêche à la morue. Chacun pensait qu’il suffisait d’arrêter la pêche pour que les bancs de morues se reforment après quelques années. Or, après six ans sans pêche, la quantité de morues ne montrait aucun signe de récupération et ne représentait que 1% des populations antérieures. Que se passait-il ?

Les morues sont des carnivores voraces qui se nourrissent de plus petits qu’eux, comme les sprats, capelans, langoustes et crabes. Toutes ces espèces ont proliféré, profitant pleinement de la situation. Or, le malheur a voulu que ces espèces de poissons se nourrissent volontiers… d’œufs de morue dont la survie était en question! Ainsi, une abondante population de morues « contrôlait » jadis l’évolution des espèces de poissons dont elles se nourrissaient et, à l’inverse, ces poissons contrôlaient l’envahissement des morues, en mangeant leurs œufs.

Mais depuis peu, les bancs de morues se reforment. En effet, les petits poissons ont fini par épuiser leurs propres ressources, au point que leur population a diminué, permettant aux morues de revenir sur le devant de la scène. Telle est la complexité des écosystèmes dont toute manipulation  conduit souvent à des effets inattendus. Intervient souvent un point de basculement à partir duquel les effets peuvent devenir cataclysmiques, souvent irréversibles. Tel le « lionfish » du Pacifique qui devint un des poissons préférés dans les aquariums des habitants de la côte Est qui, lassés, les versèrent dans la mer. Aujourd’hui le lionfish a envahi les caraïbes et l’explosion de leur population a asséché les réserves alimentaires, y compris pour les requins qui sont menacé d’extinction !…

Nous habitons tous la même planète et l’équilibre est précaire. Lorsqu’une espèce est menacée, à partir d’un certain niveau, il n’est jamais sûr qu’elle puisse être restaurée. Ainsi en est-il, sans doute, des civilisations humaines…

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