466 – ANGELA IMPERATRICE

« One woman to rule them all » vient de titrer The Economist, avec Angela Merkel debout sur une colonne, surplombant une Europe en ruine (« Une femme pour les gouverner tous »). En effet, la chancelière d’Allemagne domine l’Europe de la tête et des épaules, face à des dirigeants européens qui ne sont pas à la hauteur de leur tâche, mais qui entretiennent des sentiments anti-germaniques pour masquer leur propre incompétence.

 

20130914_cuk400 Dans le sud de l’Europe, les slogans hostiles sont récurrents. Selon un sondage publié par le Financial Times 88% des Espagnols et 82% des Italiens jugent que l’influence Allemande est excessive en Europe. Beaucoup de citoyens européens accusent l’Allemagne d’avoir imposé l’austérité et la tiennent pour responsable de l’écart qui s’est creusé entre le Nord et le Sud. Cette attitude ne ressemble t-elle pas à la jalousie des cancres pour les premiers de classe ? Entre l’austérité et la faillite, fallait-il choisir la faillite ?

 

Ces rancoeurs puériles semblent oublier que, pour en arriver là où elle est, l’Allemagne a fait des efforts énormes qui apparaissent aujourd’hui incontournables : baisse du coût du travail, modération salariale, augmentation de l’âge de la retraite, rigueur budgétaire, ajustement de la fonction publique et meilleure fluidité du marché du travail, sans compter un renforcement de la formation professionnelle qui constitue le socle du marché de l’emploi, adapté à la demande.

 

Les gouvernements allemands successifs ont entériné cette politique rigoureuse et Angela Merkel a su, avec pragmatisme, conserver cette ligne de conduite. Pendant le même temps, nombre de pays européens ont suivi une politique dite « sociale », empreinte d’une idéologie totalement déconnectée de la réalité économique. Les mesures qu’ils dénomment « sociales », avec emphase, sont souvent des cadeaux pour acheter les voix des électeurs. Mais les lois de l’économie sont intangibles, comme les lois de la physique, et nul ne peut durablement dépenser plus qu’il ne gagne. Pour avoir négligé cette vérité fondamentale, les politiciens de nombreux pays les ont conduit à la ruine !

 

images Aujourd’hui donc, l’Allemagne est d’autant plus puissante que les autres pays sont faibles et elle fait l’admiration du monde entier. A Bruxelles, tout naturellement, c’est Angela qui dicte le timing et qui impose les réformes à ceux qui, comme la France, semblent incapables de se réformer par eux-mêmes. Ce rappel à l’ordre des cancres de la classe risque d’être de plus en plus mal vécu, tant il est vrai que c’est dans l’humiliation que la fierté nationale s’exacerbe !

 

Sur le plan international, la chancelière Allemande est devenue l’interlocutrice privilégiée des Américains et des Chinois lorsqu’ils veulent parler à l’Europe. « Angela Merkel est le chef de gouvernement auquel Barack Obama parle le plus » affirme le politologue américain Daniel Hamilton. L’Amérique est admirative et plusieurs Etats américains ont importé le système de formation professionnel Allemand, ce que les Français auraient honte de faire. De même, en terme d’énergie verte, l’Allemagne est la référence et la collaboration transatlantique est intense. Les investissements allemands aux USA sont 4,5 fois plus importants que leurs exportations, ce qui en dit long sur l’extrême dynamisme de ce pays.

 

Par ailleurs, l’Allemagne pèse près de 50% des échanges commerciaux entre la Chine et l’Union Unknown-1Européenne. Elle est devenue le partenaire privilégié des chinois en Europe. Si l’on veut se faire entendre à Bruxelles, disent les diplomates chinois, il faut parler aux Allemands. C’est ainsi que le nouveau premier ministre chinois Li Keqiang a réservé sa première visite diplomatique en Europe à l’Allemagne.

 

Tant que la France n’aura pas apporté la preuve de sa capacité à se réformer en profondeur et à opter pour plus de rigueur budgétaire, elle continuera à sombrer économiquement et à être marginalisée au plan international. Les récentes gesticulations de François Hollande à propos de la Syrie ont davantage encore contribué à décrédibiliser la France en offrant à la face du monde sa totale impuissance. Quand on devient un nain économique, on est relégué au rang de nain politique. L’image d’un pays en dit plus long que les longs discours. L’Allemagne est jugée fiable, efficace, probe, entreprenante et forte. La France est jugée inventive, mais versatile, prétentieuse, idéologique et réfractaire au changement.

 

Qu’on le veuille ou non, Berlin est devenue la vraie capitale de l’Europe. C’est aussi la capitale admirée par les autres pays vertueux du Nord. La réélection de l’impératrice Angela n’est pas due au hasard, elle n’a fait aucune promesse fracassante ou irréaliste, elle n’a pas prononcé de discours enflammés et mensongers, elle n’a revendiqué aucune idéologie ni aucune théorie économique. Elle a simplement du bon sens car elle sait qu’un sou est un sou et qu’il faut le gagner avant de le dépenser. Tout le reste n’est que du bla-bla-bla… Les autres gouvernements peuvent en prendre de la graine !

 

 

 

 

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