472 – JE ME SUIS SENTI TOUT PETIT

Il arrive parfois dans la vie de rencontrer des êtres à part, des individus qui nous impressionnent au plus haut point, soit qui nous donnent un aperçu de l’horreur soit, au contraire, qui nous inspirent une énorme admiration. Dans les deux cas nous nous sentons comme écrasés !

La télévision française nous a donné récemment un tel aperçu avec deux reportages qui se sont succédés.

La Villeneuve
La Villeneuve

 En premier, le quartier de La Villeneuve à Grenoble qui donne une image de ce que pourrait être l’enfer. Une barre d’immeuble de plus d’un kilomètre, conçue par des urbanistes fous. A l’intérieur, un labyrinthe de couloirs étroits et interminables, coupés de multiples chicanes. Des portes à l’infini, derrière lesquelles se terre une population apeurée, terrorisée, sourde aux hurlements, aux détonations des coups de feu qui font partie du quotidien, aux explosions des voitures qui brûlent chaque soir, en bas, dans l’indifférence générale.

 

Dans la journée, des bandes de jeunes, de toutes origines, la tête rasée et le regard haineux, jouent les caïds. Ils refusent toute interview, tout dialogue, toute tentative d’échange et ne répondent aux questions que par des vociférations, comme des bêtes enragées. Ils semblent incapables de prononcer une seule phrase sensée et refusent toute contrainte. Le commentateur nous dit qu’ils sont au chômage, comme s’il agissait d’une excuse à leur inhumanité ! Mais qui pourrait proposer un travail à des bêtes féroces, hurlant de haine ? Lorsque nous pensons à l’avenir de ces jeunes, nous sommes saisis d’effroi…

 

C’est lorsque la nuit tombe que leur emprise sur cette cité de l’enfer prend toute sa dimension. Un 691086719incendie se déclare, une voiture brûle, la police tente timidement d’intervenir sous les menaces et sous une pluie de pierres et de projectibles en provenance des étages supérieurs. Certains des jeunes sont armés et osent exhiber fièrement leurs armes devant la caméra et tirer quelques coups de feu qui claquent dans la nuit, sans que personne ne bronche !

 

Comment oublier les vociférations de ce jeune angolais, ancien enfant-soldat, qui hurlait dans la nuit, à la fois sa haine de l’humanité, sa haine de lui-même et son désespoir ? Sa détresse était telle, qu’il croyait qu’il n’avait plus rien à perdre, ni la prison, ni la mort ne lui faisait peur ! La peur règne sur la cité de l’enfer et de la haine. Le téléspectateur demeure angoissé, écrasé par tant de violence gratuite qu’il ne parvient pas à comprendre.

 

Puis, changement de décor : arrive le deuxième reportage. Nous sommes à Brazzaville, dans le dénuement le plus complet, au sein d’une minuscule maison, faite de bric et de broc, où vivent 54 enfants orphelins, de tous les âges, et recueillis par sœur Marie-Thérèse, une Congolaise au cœur immense que tous les enfants appellent maman. Ce lieu d’extrême pauvreté, où vivent des rescapés de la folie des hommes, ressemble au paradis. La joie se lit sur tous les visages, les rires raisonnent à l’infini, l’amour enveloppe tout ce petit monde d’une énergie colossale et bienfaitrice. Les plus bavards nous disent tout l’amour et toute la reconnaissance qu’ils vouent à leur maman Marie-Thérèse qui remplace à elle seule des dizaines de mamans qui, le plus souvent, les ont abandonnés.

 

 

Maman Marie-Thérèse
Maman Marie-Thérèse

Il n’y a pas assez de lits pour tout le monde, aussi sont-ils trois par lit, un grand dans un sens et deux petits, au pied, dans l’autre sens. Il ne faut pas bouger pour ne pas en jeter un par terre ! Les plus grands prennent soin des petits, chacun se sent responsable, et tous veulent satisfaire au projet que Maman a pour eux : qu’ils deviennent des gens biens…  Selon le magnifique reportage que l’on doit à Yann Arthus-Bertrand, il n’y a jamais une dispute parmi ces 54 rescapés de la vie qui débordent de joie et d’amour. Dans la journée ils vont en classe et, avant de partir, maman Marie-Thérèse n’oublie pas de leur dire que c’est eux qui doivent construire leur vie et que les études pourront les sortir du dénuement.

 

Ce documentaire m’a fasciné par sa beauté, par tout cet amour partagé, par cette joie immense et contagieuse et par la force si tranquille de maman Marie-Thérèse. Je me suis senti tout petit devant cette beauté, si pleine de tant d’énergie d’amour.

 

Comment guérir de la haine et du ressentiment ? Seule l’amour peut guérir de la haine dirait sans doute sœur Marie-Thérèse. Mais ce peut-il qu’il arrive un âge où trop de haine accumulée, au fil de la vie, ne puisse jamais plus être guérie ? Quand on devient un homme ou une femme adulte, meurtri, enragé, peut-on encore trouver un papa ou une maman qui va donner assez d’amour pour que l’on puisse enfin s’aimer soi-même ? C’est dans l’enfance qu’il convient d’agir avec amour et fermeté. Le laxisme à la maison ou à l’école conduit au déferlement de la violence. Le laxisme n’est pas l’amour.

 

Ces deux reportages ont été diffusés fin Septembre 2013 sur France 2 dans l’émission « Envoyé Spécial » sous le titre de « La Villeneuve, le rêve brisé » pour la première et de « Retour à l’essentiel » pour la seconde. 

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2 commentaires

  1. Le laxisme à la maison ou à l’école conduit au déferlement de la violence. Le laxisme n’est pas l’amour?
    Comment faire entendre cette évidence aux pseudo-princes qui nous” dirigent” et restent tous sourds et aveugles ? comment accepter que des “artistes” voient leurs “œuvres” éditées et proposées à des foules abêties?
    http://youtu.be/Vx611BDzam8,
    http://youtu.be/EV4gL8W_Qto
    Culte de la violence et de l’animalité, hélas! Je pense, alarmé, à ma petite fille de 9 ans, parisienne, qui va se développer dans un monde interlope angoissant… et toléré par les dirigeants !

  2. la vie est dure et c’est comme ça la vie en question tant que l’injustice règnes
    sur la terre la violence continu??? c’est partout dans le monde comme si Dieu nous a oubliée.

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