762 – EST-CE LA FIN DU RÊVE AMERICAIN?

Nos « amis américains » sont-ils devenus une menace pour l’Europe ? La puissance américaine fait peur et l’ensemble du monde doit faire front face à un chantage permanent.

Les empires, au sommet de leur puissance, portent déjà en germe les éléments de leur déclin. Le risque d’une super-puissance c’est d’abuser de sa force, c’est de ne pas avoir la lucidité de trouver l’équilibre entre le leadership et l’excès de pouvoir.

Jusqu’à l’élection de Donald Trump le monde entier, et l’Europe en particulier, acceptaient la suprématie américaine, avec même une certaine admiration méritée. Dans tous les domaines, technologiques, économiques et militaires l’Amérique dominait le monde et cela paraissait naturel.

Les façons de faire et de dire de Donald Trump commencent à hérisser sérieusement, y compris ses plus proches amis qui prennent conscience, soudain, que les gouvernements américains ont, depuis longtemps, une politique de domination qui fait passer en priorité les intérêts américains.

Une vaste enquête d’opinion, réalisée par « Security Radar 2019 », montre qu’une majorité d’allemands et de français considèrent que le Etats-Unis constituent la plus grande menace pour l’Europe, loin devant la Russie et la Turquie. « Si on m’avait dit cela il y a quelques années, je n’y aurais pas cru » relève un diplomate suisse.

La confiance s’est évanouie

Mise à part à Varsovie, on assiste dans les capitales européennes à une incompréhension totale de la politique internationale de la Maison Blanche. A la tête de cette fronde on trouve Angela Merkel, en fin de règne certes, mais qui demeure encore la personnalité politique la plus solide et la plus crédible en Europe.

« Le partenariat transatlantique est difficile à lire pour moi » a-t-elle dit et d’ajouter « quand on me dit que l’industrie automobile allemande représente une menace pour la sécurité intérieure des Etats-Unis, c’est effrayant ! ».

Les sujets de griefs sont nombreux, mais le plus aigu réside sans doute dans l’attitude agressive de l’administration américaine vis-à-vis de Moscou. Le retrait unilatéral des USA du traité de non-prolifération nucléaire, signé avec les Russes, est un exemple de cette agressivité non justifiée mais alimentée par les militaires américains qui doivent justifier de leur existence et surtout des 716 milliards de dollars alloués au budget de la défense…

L’Amérique a pris l’habitude de traiter les européens comme des vassaux fidèles, corvéables à merci, et surtout qui doivent exécuter à la lettre les diktats de Washington.

Le chantage américain

Comme le soulignait Jean-Yves Le Drian, ministre français de la défense : « Nous ne voudrions pas être pris en étau entre Washington et Moscou ». L’idée qui prévaut, c’est que l’Europe ne veut pas redevenir le terrain d’une course aux armements dont elle n’aurait pas la maitrise, comme du temps de la guerre froide. Au contraire, les intérêts de l’Europe et de la Russie convergent.

Lorsque l’Amérique décide de déchirer l’accord de non-prolifération nucléaire signé avec l’Iran et de boycotter ce pays, l’Europe doit s’aligner et suivre sans sourciller, bien que tous les observateurs confirment que l’Iran a respecté ses engagements. Dans le cas contraire le droit américain doit s’appliquer urbi et orbi avec menace de sanction.

Sur tous les sujets le chantage est permanent, au point que cela devient intolérable. L’Europe doit approuver le combat de Trump contre la Chine, elle doit diminuer ses importations de gaz russe et renoncer à construire des pipe-lines pour s’alimenter.

Le vice Président américain, Mike Pence, est venu en Europe pour nous expliquer que si nous suivions bien les consignes américaines, nous pourrions dormir sur nos deux oreilles, il ne pourrait rien nous arriver de fâcheux, « l’Occident ne sera jamais détruit et… notre civilisation triomphera », Amen ! Dans le cas contraire, notre sort serait suspendu aux décisions de cet homme imprévisible qui entend régner sur le monde depuis Washington.

Il a fait savoir, en particulier, qu’il était urgent de reconnaître Juan Guaido comme nouveau président du Venezuela ! De nombreux pays se sont exécutés…

Prise de conscience européenne

Pour les européens, c’est la fin du rêve américain, l’Amérique était admirée, aujourd’hui elle est surtout crainte.

Le moment du sursaut est venu pour l’Europe. Elle doit être plus forte et pour cela elle doit être plus unie et parler d’une seule voix. La nationalisme étriqué appartient désormais au passé, nous devons prendre conscience de cette réalité géopolitique et penser en européens.

Si nous ne parvenons pas à nous unir, notre avenir sera sombre car nous serons le jouet des hégémonies américaines, Russes et Chinoises, soumis à tous les chantages et à toutes les compromissions pour survivre.

Le lien transatlantique est aujourd’hui remis en question. Plus que jamais l’Europe a besoin d’être unie. Ce n’est pas un hasard si la mise sur pied d’une armée européenne avance à grands pas. Quitter l’OTAN peut devenir une option. Nous ne devons pas oublier que la Russie est européenne…

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4 commentaires

  1. C’est ce qu’on ressent, en effet. Ce n’est pas Trump qui me fait peur, ses pieds d’argile ne sont solides que parce qu’il y a des gens derrière lui qui soutiennent ses idéaux. il n’y a pas plus dangereux que les éminences grises. Je crains plus Poutine car lui sait ce qu’il fait, et tant qu’il aura des intérêts en Syrie, rien ne s’arrangera; il ne lâcherait rien non plus face à Trump.

    1. Pour l’Europe, la seule réponse cohérente face à l’hégémonie des superpuissances militaires consiste à s’unir et à prendre son destin en main au lieu de le confier à d’autres. L’Europe ne peut être que fédérale, sinon elle ne sera pas et sera un vassal des puissants.

  2. I agree with some of what you have written. I will write below only to discuss, not to argue!

    It is very unfair for America to blackmail Europe by using threats of the dollar and reserve currency to get its way. As an American I can assure you many common citizens do not wish for this course of action.

    I’m not sure that the US withdrawing from the nuclear treaty with Russia is a big deal as it seems the Russians have broken it anyway. Even if you do not agree that this is true, I’m not sure there will be any ill effect. The US congress will just fight for 20 years, nothing new will be done bad or good. Everything in the US takes forever now,many regulations and studies need to be done. They are still fighting as to the destiny of the nuclear waste left from building the bombs of WWII. 70 years and it is still not decided!

    As for the study you city that says the majority of Germans and French believe the US is a greater threat than Russia to Europe, why in the world do they stay in Nato? Nobody is keeping them there at the point of a gun. The recent news seems to paint the political leaders in Europe worried Trump will depart Nato, not the other way around.

    I am the most skeptical of your last statement that there is a great progress for Europe to have its own army. I am not an expert on armies and war, nor do I want to be. It is not something to enjoy! But many facts are apparent, for example the German promise to spend 2% on defense has now been lowered to 1.5%. Only 1/3 of German airplanes are able to fly and fight in combat. It is true there was a minor recent success with Dutch troops and German tanks being shared, but it seems this is more out of weakness than strength. The Germans don’t spend enough money to have soldiers, the Dutch had no tanks.

    But more than technical talk of planes and tanks, is there a political will to share an army?

    What if there is not perfect agreement on the goal, war or use of military assets? If the Germans don’t agree there might be no tanks, if the Dutch don’t agree then perhaps not enough troops. Can you imagine in a time of crises needing a swift, clear and excellent decision leaving the discussion to Brussels?

    When will European countries finally give up individual control of the military and many other things in order to create a real United Europe to counter The US, Russia or China?

    1. Bien sûr, quand j’écris “l’Amérique”, je parle du gouvernement américain et le gouvernement ne traduit pas les sentiments de tous les citoyens américains! Mais nous savons tous que la démocratie parlementaire est une illusion de démocratie.

      Je suis tout à fait d’accord que l’Europe doit prendre son destin en main et en particulier dans le domaine militaire. Les progrès dans ce domaine sont insignifiants et nous restons sous le parapluie américain comme en 1945 ! Je suis d’accord qu’il faut une Europe fédérale, avec un président élu, responsable devant les citoyens. Hélas, je sais aussi que je rêve lorsque je le souhaite…

      Néanmoins, la faiblesse de l’Europe ne justifie pas l’arrogance américaine et ses diktats sur ses alliés. L’Amérique donne en permanence l’impression de chercher le conflit, la confrontation, l’épreuve de force. Son attitude envers la Russie est extrêmement agressive, sans justification.

      Il semble aujourd’hui que la politique étrangère américaine n’a pas de cohérence. Ce n’est pas cohérent d’exiger de la Corée du Nord qu’elle renonce à l’arme nucléaire et dans le même temps dénoncer le traité avec la Russie ou avec l’Iran! Que l’Amérique donne l’exemple et qu’elle se sépare de son arsenal nucléaire, avant de demander aux autres de le faire!

      Lorsque l’on a la force et la puissance, le plus grand risque consiste à en abuser… et de transformer ses amis en ennemis.

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