761 – LA DETESTATION DES MEDIA

Les journalistes qui, en France, ont voulu couvrir les manifestations des gilets jaunes, ont soudain prit la mesure de la détestation dont ils sont l’objet de la part d’une large part de la société.

A l’ombre de la Tour Effel

Ils étaient jusqu’alors retranchés dans leurs bureaux parisiens, dissertant entre eux de la marche du monde et en émettant des opinions biaisées par leurs a priori de caste.

Ce parisianisme, un mal typiquement français, est précisément ce qui est reproché aux media. Ils sont souvent considérés comme une oligarchie auto- centrée, satisfaite d’elle-même et ayant la prétention de posséder le « bien-pensé », détentrice du « politiquement correcte » dont ils sont les chiens de garde.

Cette élite auto-proclamée est facilement moraliste et culpabilisante. Elle vous explique ce qu’il est bien de penser ou de dire. C’est ainsi qu’elle distribue des bons et des mauvais points selon leur propre point de vue. Gare aux déviants !

Leur univers navigue entre quelques points de repères, la Tour Effel, le boulevard Saint Germain et l’Arc de Triomphe et, bien sûr, la maison de la radio. A l’intérieur de cet espace tout le monde se connaît, je parle bien sûr de ceux qui comptent, c’est-à-dire de ceux qui ont un niveau de penser au-dessus du peuple ordinaire.

Une vision étriquée du monde

Les gilets jaunes ont eu au moins ce mérite de faire découvrir aux media qu’il existait un monde au-delà de ces limites, une « terra incognita », qu’ils pourraient découvrir, dans les banlieues où ils n’ont jamais mis les pieds, dans les provinces où vivent cette masse indifférenciée et archaïque de gens étranges, ne parlons pas d’au-delà les frontières car c’est sans intérêt pour ces privilégiés qui vivent dans le triangle d’or.

La caractéristique principale de ce parisianisme, c’est qu’il regarde le monde du pas de sa porte, ce qui lui assure naturellement une vision très étriquée du monde qui est à la fois plus vaste et plus divers que ce qu’il est capable d’imaginer.

Cette vision étriquée génère la médiocrité, l’étroitesse d’esprit. C’est comme si les media regardaient les évènements en prenant le mauvais bout de la lorgnette. Ils mettent en exergue le subalterne, l’accessoire, au détriment de l’essentiel.

Les questions posées à un dirigeant politique portera toujours sur un détail peu important, le but étant de créer une polémique, une querelle de mots, et non pas d’élever le débat en débattant du fond. On sortira une phrase de son contexte pour la mettre en exergue et faire dire à l’interviewé le contraire de ce qu’il voulait dire.

La pire de la malhonnêteté intellectuelle étant atteinte lors des interviews de ceux ou de celles qui n’ont pas le mérite de plaire à la bien-pensance médiatique. Les débats sont alors truqués, le journaliste sera agressif, posera des questions sous forme de sous-entendus vicieux, il coupera la parole sans laisser le temps de répondre à la question qu’il vient de poser. Il s’agira plus d’un acte d’accusation que d’un interview. Je suis sûr que mes lecteurs ont tous été témoins de tels agissements qui sont quasi systématiques !

Manipulation de l’opinion

Il est clair, pour tout auditeur et téléspectateur des principaux media français, qu’ils ne cherchent pas à informer, mais à convaincre. Le but n’est pas que chacun pense par lui-même, mais que les media pense à sa place.

Nous sommes ainsi démunis face à de vastes opérations de manipulation de l’opinion lors des grands débats d’idées qui agitent parfois la société française ou lors des élections.

Nous avons tous en mémoire les débats à propos du mariage pour tous. Ceux qui n’y étaient pas favorables, à tort ou à raison, étaient considérés comme des arriérés passéistes, des cathos intégristes et en tout état de cause des gens nocifs qui se mettaient en travers de la marche du progrès.

En l’espace de quelques mois l’opinion, qui était majoritairement contre ce changement législatif, fut retournée suite au bourrage de crâne médiatique orchestré par une poignée de jeunes libertaires de la rive gauche qui savent mieux penser que les autres. Un référendum eu été le bienvenu, mais le monde politico-médiatique y sera toujours opposé, n’en déplaise aux gilets jaunes…

C’est dans ce contexte de mépris permanent envers ceux qui ne pensent pas dans la bonne direction qu’une ministre de la république a été jusqu’à comparer les partisans de la manif pour tous aux terroristes islamiques ! Oui, on en est là…

Nous avons observé le même phénomène lors de l’élection du Président de la République en 2017. Le candidat qui avait la faveur des sondages ne plaisait à pas à l’idéologie des media, il était jugé trop conservateur et il avait eu l’imprudence de dire qu’il était catholique pratiquant.

En quelques semaines, les media ont sorti un nom d’un chapeau, ils l’ont porté aux nues : il était jeune, progressiste, moderne, ambitieux et très intelligent. On ne savait plus très bien quelle qualité lui manquait. Dans le même temps ils s’acharnèrent sur l’autre candidat et fouillèrent sa vie jusqu’à trouver une faille. Dans la vie d’un homme, il y a toujours une faille ! Vous connaissez la suite…

Course à l’audimat

Tout cela se fait dans le contexte d’une course permanente à l’audimat. Chaque semaine il faut un nouveau scandale pour nourrir la bête, il faut un scoop, une polémique, si possible un duel à mort !

Car la bête médiatique se nourrit du sang et des larmes, comme les jeux du cirque du temps de l’empire romain. Il faut plaire au peuple et la meilleure façon n’est pas celle qui l’élève, c’est davantage celle de la facilité et de la médiocrité.

La vérité n’est pas ce qui préoccupe le journaliste, il veut de l’audience et il est souvent nécessaire de distordre les faits pour rendre l’histoire plus « médiatique » comme ils disent, c’est-à-dire plus croustillante, plus sexy, plus saignante ou plus agressive.

Si vous avez un jour assisté à un événement relaté par les media, vous avez pu constater combien les choses se sont passées de façon différente de ce qui est raconté ! Coluche savait résumer cela d’une phrase incisive dont il avait le secret : « La seule chose exacte dans un journal, c’est la date ».

Après ce long réquisitoire, il est difficile d’aimer les media, mais l’important n’est pas de les aimer mais de savoir si l’on peut s’en passer et si c’est souhaitable. Les réseaux sociaux sont sans doute encore moins fiables mais ils peuvent jouer un grand rôle de contrôle de l’information véhiculée par les grands media.

Nous aimerions des media plus ouverts au monde, plus divers et moins auto-centrés. Je suis persuadé que les réseaux sociaux exerceront sur les media une stimulation salutaire les obligeant à se réformer, à être moins partisans et, rêvons un peu, plus objectifs…

 

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