812 – VERS LA DEMOCRATIE HORIZONTALE

En de multiples endroits le pouvoir pyramidal est contesté, dans la rue et sur les réseaux sociaux. La démocratie est en crise grave. Le choix semble être aujourd’hui entre un sauveur totipotent qui décide à notre place ou une démocratie heureuse dans laquelle chacun peut s’exprimer.

Les sociétés verticales

Les groupes humains se sont spontanément organisés sous l’égide d’un chef, généralement doté d’un leadership naturel. Le chef de tribu était plus grand, plus fort et plus courageux.

Pour mieux assoir son pouvoir, le chef devait posséder des vertus et des talents spécifiques, comme des cadeaux de Dieu. Finalement le chef ne reçoit son pouvoir, dans toute son ampleur, que dans les sociétés théocratiques. Les pharaons, les rois et les empereurs sont tous, en quelque sorte, des descendants de Moïse !

C’est ainsi que, durant quinze siècles, les monarques européens reçurent leur pouvoir sacré, directement du pape, le représentant de Dieu sur terre.

Ces sociétés pyramidales étaient très hiérarchisées en classes sociales, du haut en bas de la pyramide, et l’idée qui prévalait était que cette disposition était d’origine divine. Chacun avait sa place et son rang, attribués par la naissance, comme un destin immuable et non contestable.

On était roi… ou esclave de père en fils ! On peut sans doute dire que l’esclavage était considéré de cet ordre divin. Ce n’est sans doute pas par hasard s’il fut aboli et contesté en même temps que les monarchies théocratiques étaient ébranlées !

Les démocraties représentatives

C’est dans le même élan que Dieu, le roi et l’esclavage furent contestés par les philosophes des Lumières. Dès 1755 Diderot publia l’Encyclopédie et son célèbre article sur le « Droit naturel » qui s’opposait au droit divin. Il posa ainsi les bases de l’Universalisme et de « l’intérêt général de l’humanité ».

La voie était ouverte pour que, progressivement, les nations optent pour des régimes de gouvernements basés sur la démocratie représentative et les « droits de l’homme ». Le peuple élisait ses représentants qui siégeaient et siègent encore dans des Parlements où l’on parle et vote des lois.

Le pouvoir fut théoriquement donné au peuple qui élisait ses représentants, mais la démocratie demeurait verticale, dirigée en fait par une oligarchie.

De ces mouvements d’idées est née la pensée scientifique qui a succédé à la pensée religieuse et engendré la Révolution industrielle. Il y avait encore des classes sociales, mais désormais on pouvait, par son travail et son talent, s’élever dans la hiérarchie sociale.

Ce qui précède a généré une sorte de compétition entre les individus, ce que l’on pourrait appeler un « darwinisme social » : que le meilleur gagne ! De là sont nées de profondes inégalités qui s’aggravaient d’année en année.

La démocratie était supposée donner le pouvoir au peuple qui élisait non pas les plus compétents et les plus valeureux, mais les plus démagogues et les plus menteurs ! La notion de « bien commun » s’est progressivement estompée au profit de l’individualisme et de l’égoïsme.

L’universalisme et l’humanisme, des débuts de la démocratie représentative, prônaient la liberté individuelle et l’épanouissement de la personnalité. Mais ce mouvement s’est transformé en mondialisation et globalisation économique, c’est-à-dire un darwinisme social mondialisé.

La première prise de conscience eut lieu en 1968 parmi la jeunesse qui voulait plus de liberté, plus d’hédonisme. Le Peace and Love qui fut le slogan le plus mondialisé de cette époque traduisait une sorte de révolution culturelle dirigée contre les carcans moraux hérités de leurs parents.

Au fil des années, l’individu s’est placé au centre de la société, à la fois flatté et encensé, mais dans le même temps rabaissé au rang de matériel humain, au service d’une société libérale mondialisée. Plus l’homme avait besoin de se contempler dans des selfies, moins il était reconnu humainement. Il était tout au plus un consommateur au service de la société de consommation, autrement dit un zombie aliéné… mais cajolé !

La nouvelle révolution numérique, qui coïncida avec l’aurore du nouveau millénaire, amena une autre prise de conscience, celle d’un nouveau Tiers-Etat, marginalisé, laissez pour compte de la mondialisation, libre certes, mais exposé à tous les vents mauvais de la concurrence universelle.

La démocratie horizontale

La révolte des Gilets Jaunes en France, de même que les grèves contre la réforme des retraites, pourtant indispensable, traduisent un vaste mouvement de rébellion de ce nouveau Tiers-Etat contre la démocratie parlementaire, c’est-à-dire contre les élites.

Les citoyens ne supportent plus d’être passifs et soumis face à des décisions qui les concernent, prises d’en haut, par un pouvoir vertical. C’est ainsi que s’est fait jour une demande de reconnaissance, un besoin de participer de plus près aux décisions.

C’est aussi sur ce terreau qu’est née la prise de conscience écologique qui poussent les gouvernements à agir. Dans de nombreux pays il existe ainsi un mécontentement qui se répand à bas bruit et qui fait le beurre des populistes, des faiseurs de miracles et des démagogues beaux-parleurs.

Le peuple est mécontent, mais il n’y voit pas très clair sur les raisons de son mal-être, aussi il cède facilement aux sirènes de ceux qui leur promettent de renverser la table, de faire place nette et de bâtir un nouveau monde, plus juste, plus riche et plus heureux…

Mais ce qui se retrouve, comme un leitmotiv, dans nombre de revendications, c’est le désir de participer. On parle de « démocratie participative » qui sonne bien aux oreilles ! Ce qui est sûr, c’est que la démocratie représentative est à bout de souffle et qu’il faut proposer autre chose aux citoyens, lassés par les promesses trompeuses.

Les citoyens sont aujourd’hui plus éduqués, et surtout plus concernés par les décisions politiques, grâce aux réseaux sociaux dont le rôle est considérable dans cette demande de participation, malgré toutes leurs imperfections.

Le temps est arrivé pour la démocratie horizontale, prise en main, non pas par une oligarchie technocratique, mais par les citoyens eux-mêmes. La démocratie directe constitue la pierre fondatrice de la démocratie horizontale, sur laquelle repose les deux piliers du référendum d’initiative populaire et d’initiative gouvernementale.

Les citoyens doivent choisir le système des retraites qui les concerne directement. Qu’ils fassent un bon ou un mauvais choix, c’est leur choix, et ils devront en assumer les conséquences. Mille autres questions peuvent être posées au peuple qui sera ainsi responsabilisé. Il n’aura plus besoin de faire grève ou de barrer les routes et surtout, les démagogues de tout poil et de toute obédience auront perdu leur crédit !…

Une fois de plus, j’ai remis le métier sur l’ouvrage, pour montrer à mes lecteurs combien la démocratie parlementaire, verticale, est obsolète et ne correspond plus à l’attente des citoyens. Si nous ne sommes pas capables d’opter rapidement pour une démocratie horizontale, le pouvoir sera ramassé par un autocrate despotique et inspiré. Nous serons revenus à la case départ !…

 

 

 

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