Nos comportements et notre façon de penser sont en partie déterminés par nos gènes et notre éducation. Quelle est l’influence de notre culture d’origine sur nos comportements et sur notre liberté d’agir ?
Dans ma précédente chronique, sur le même thème, j’ai montré que si nous sommes le fruit de nos patrimoines génétiques et familiaux, nous avons cependant un espace de liberté et de choix individuel, à condition d’une prise de conscience des conditionnements auxquels nous sommes soumis. Voyons quelle est l’influence de la culture…
L’âme des peuples
Parmi les influences que nous subissons, la culture dans laquelle nous sommes immergés et la langue de notre éducation sont déterminants dans la construction de notre psyché. Notre langue, en particulier, structure notre pensée. Un français ne pensera jamais comme un Allemand, et a fortiori comme un japonais, tout simplement parce que sa pensée n’utilise pas le même support et les mêmes mécanismes.
C’est à travers ces a priori culturels que nous regardons et jugeons le monde qui nous entoure. Un Européen n’a pas la même vision qu’un asiatique, un chrétien n’a pas les mêmes codes culturels qu’un musulman.
André Siegfried est un sociologue de la première moitié du XXème siècle qui a écrit sur ce sujet des propos qui n’ont pas pris une ride, dans un livre remarquable dénommé « L’âme des peuples ». On y retrouve, septante ans après avoir été écrit, les traits spécifiques de chaque peuple, comme si rien n’avait changé : « Il y a dans la psychologie des peuples un fond de permanence qui se retrouve toujours. Nous sommes encore, par combien de traits, semblables aux Gaulois nos ancêtres », écrivait-il déjà en 1950 à propos des français.
Siegfried voyait, dans les frontières de l’Empire Romain, la préfiguration de l’Europe chrétienne et de ce que l’on dénomme aujourd’hui l’Europe Latine, façonnée par une langue héritée du latin et un état d’esprit spécifique qui prend aujourd’hui toute son ampleur à l’heure de la pandémie et de la crise économique : « Il n’aura que peu de civisme. C’est la grande faiblesse des sociétés latines, elles n’ont jamais réussi à mettre sur pied des régimes politiques solides et durables : elles passent de l’anarchie à la tyrannie… ». Cela illustre parfaitement ce qui se passe en France, Italie ou Espagne, et aussi en Amérique Latine !
Les Latins sont des amoureux de la culture classique, du raffinement de la pensée, ils sont plus littéraires que scientifiques, apôtres de la liberté intellectuelle, amateurs des grandes idées, y compris au mépris de la réalité concrète. En conséquence, nous avertit Siegfried, « Ce ne sont pas les sociétés latines qui renouvellent économiquement la planète. Il y a dans leur articulation même quelque chose qui fait obstacle aux réalisations massives de notre siècle ».
Le Latin joue personnel plus que collectif, « il voit les choses sous l’angle de sa personnalité : il est orgueilleux, vaniteux, soucieux de briller ; à son succès propre, il serait capable de sacrifier le succès de l’équipe ». Tout est dit, et quel est le Latin qui ne se reconnait pas un peu dans tout ce qui précède ?
En bref, le Latin est davantage un humaniste qu’un ingénieur, un artisan plus qu’un industriel. « Il y a dans les entreprises géantes de notre époque un certain anonymat collectif qui va à l’encontre de l’individualisme latin ».
Ces réflexions illustrent le décrochement économique et politique de l’Europe Latine auquel nous assistons et qui ne parvient pas à suivre le dynamisme et le pragmatisme anglo-saxon. L’unité européenne tant rêvée ne se fera pas car l’Europe Latine est, et restera, à la traine.
Le pessimisme français
La France n’est qu’à moitié latine car elle est aussi celtique et germanique. Mais il semble qu’en vieillissant ses racines latines ont pris le dessus et elle parait attirée par la spirale du déclin.
La génération d’après-guerre avait embrassé le dessein d’être le moteur de l’Union Européenne et pour cela elle avait mis ses idéaux, ses qualités intellectuelles et sa vision politique au service d’une cause qui la transcendait.
Les français sentent intuitivement aujourd’hui que cette vision ne se réalisera pas car ceux qui sont aujourd’hui aux affaires croient qu’ils n’en ont pas la force. Il leur manque le ressort et le dynamisme indispensable. Ils sont comme des vieillards résignés qui attendent l’échéance du départ.
Dans cet environnement de résignation et de renoncement, trop de français sont rongés par un pessimisme chronique et profond. En outre, une grande partie de la population, issue de l’émigration, n’a jamais partagé les rêves de grandeur de ces projets politiques et n’a pas d’ambition pour la France…
C’est ainsi qu’une majorité de Français apparait aujourd’hui culturellement malade, rongée par les désillusions et les rêves évanouis. Ces français sont sans projet novateur, mobilisateur et rassembleur… Ils sont physiquement et psychiquement malades comme on a pu voir dans la façon de gérer le fameux coronavirus. Il n’est pas inutile de rappeler que la peur panique à laquelle nous avons assisté, ainsi que l’humeur dépressive latente, provoquent un effondrement des défenses immunitaires, laissant au coronavirus toute latitude pour se répandre…
Sortir des schémas culturels
L’imprégnation culturelle peut être si forte qu’il est difficile de s’en défaire. Il convient tout d’abord de prendre conscience de ce qu’il peut y avoir de nocif dans notre culture. C’est comme la fumée de cigarette, on ne s’arrête de fumer que lorsqu’on a pris conscience du danger sur notre santé.
Nous avons vu qu’il existe en France un certain état d’esprit de résignation dont les révoltes sporadiques et stériles ne sont que l’illustration. Il me parait donc important que les jeunes français ne se laissent pas avaler par le pessimisme et l’amertume de leurs parents. Il en va de leur liberté et de leur responsabilité !
Autre exemple, nul ne peut contester la culture agressive de nombre de sociétés arabo-musulmanes, marquées par la guerre et le sentiment jamais inassouvi de vengeance, contre les mécréants, contre les anciens colonisateurs, contre la modernité et que sais-je encore. Ces sociétés sont culturellement malades et l’Occident doit s’en prémunir.
Notre culture nous a bercé et nous a nourri, elle est une partie intime de nous-même. Il est ainsi plus facile de repérer les parties malades des autres sociétés que les siennes propres. Mais nous avons tous un espace de liberté pour sortir des environnements culturels nocifs et ils sont nombreux ici ou ailleurs.
Cela nécessite un travail critique et introspectif qui peut se faire seul ou en groupe. Beaucoup de nos réflexes culturels doivent être regardés avec des yeux neufs, ce qui ne veut pas dire qu’il faut accepter sans jugement critique toutes les nouvelles modes culturelles qui nous sont proposées !
Nous avons vu dans cette chronique l’importance de notre environnement culturel sur notre façon de penser et d’agir. Nous pouvons être prisonniers d’a priori culturels ou d’ambiances délétères et nocives dont il faut apprendre à se défaire pour conquérir un peu de liberté.
Nous poursuivrons cette réflexion dans la prochaine chronique où nous verrons si nous possédons des spécificités propres, indépendamment de notre héritage génétique, éducatif et culturel.
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Merci pour cet article que je découvre tardivement, et pour sa pertinence.
Nous évoluons depuis la nuit des temps dans un environnement collectif tout en ayant un besoin profond de nous découvrir individuellement ; apprendre à identifier le préjugé et le biais avant qu’ils ne deviennent des « vérités » individuelles, voilà probablement un travail à exercer au quotidien 😉