843 – POUR OU CONTRE LA LIBRE CIRCULATION?

Dans un monde idéal auquel nous rêvons tous, il serait possible à chaque terrien d’aller et venir au gré de ses envies d’un bout à l’autre de la planète et de s’installer où bon lui semble. Est-ce possible ou même souhaitable ?

Dans la réalité, ce beau projet idéaliste semble tout à fait irréalisable en l’état actuel du monde. Aussi longtemps que les nations existeront en tant qu’entités autonomes, il y aura des frontières ouvertes ou fermées. On peut même avancer l’idée que c’est la diversité des nations et des cultures qui fait la richesse et la force de l’humanité. 

J’aime bien faire l’analogie avec le corps humain, c’est la diversité des organes autonomes, et des cellules entourées d’une membrane semi-perméable, qui permet à l’organisme de fonctionner et au métabolisme de le renouveler en permanence. Un organisme qui contiendrait dans une même et seule cellule nos milliards de molécules comme une immense soupe n’aurait, du point de vue métabolique, aucune chance de fonctionner ! C’est la compartimentation qui permet à l’ensemble d’être performant…

La mondialisation était une belle et grande idée, poussée en avant par la facilité des transports et les performances des échanges électroniques. Dans la réalité, la mondialisation a consisté à dépouiller les pays industriels de leur savoir-faire au profit des pays du sud-est asiatique, la Chine en tête, dans une énorme mise en pratique du système des vases communicants. 

Heurs et malheurs de la mondialisation

Dans un essai percutant que vient de signer Hubert Védrine, ancien chef de la diplomatie française, et intitulé « Et après ? », on peut lire : « Ceux qui plaident encore pour la mondialisation à la mode d’hier sont les théoriciens. Leur défense de la liberté de circulation sans entraves des biens et des personnes est philosophique, alors que le confinement a démontré que, face à l’urgence, le besoin de protection l’emporte ».

J’aime bien les symboles, et le plus beau des symboles de la mondialisation est bien le fameux coronavirus qui s’est répandu car il adore la libre circulation ! Il a fallu rétablir des frontières pour essayer d’entraver sa migration. Les djihadistes qui ont voyagé librement durant des années entre l’Europe et le Moyen-Orient pourraient être un autre symbole de la circulation sans entrave.

Chaque jour nous prenons conscience de l’utopie de la libre circulation et des problèmes immenses que posent les immigrations incontrôlées. Il existe encore quelques partis politiques qui fustigent les contrôles migratoires et on se demande si leur démarche est de l’ordre de l’idéologie pure, hors-sol et détachée de toute contrainte ou, aussi inquiétant, du suicide collectif…

L’avenir de l’Europe est en jeu

J’ai souvent affirmé dans mes chroniques que l’avenir de l’Union Européenne, que j’appelle de mes vœux, allait se jouer sur deux terrains fondamentaux, l’un et l’autre en réel danger : la démocratie et les frontières.

Curieusement, ces deux thèmes sont liés. Ce sont ceux qui réfutent les contrôles migratoires stricts, surtout à gauche de l’échiquier politique, qui mettent en danger la démocratie car ils désespèrent les peuples qui seront tentés par l’aventure populiste ou autoritaire.

L’Europe, comme n’importe quelle autre entité, n’existe que grâce à ses frontières bien définies et bien gardées. Je suis effaré de constater, qu’aujourd’hui, par un seul dirigeant européen n’est en mesure de définir les frontières de l’Europe. Selon eux, où s’arrête l’Europe ? Je sais que certains rêvaient d’y inclure la Turquie de Monsieur Erdogan, autrement dit d’introduire le loup dans la bergerie ! Il m’est arrivé de désespérer de la démocratie, capable d’élire des individus aussi peu pourvus de sens politique…

Les peuples ont parfois plus de bon sens que les élus qui sont souvent portés par des idéologies qui tuent leur intelligence et leur capacité de discernement. Comment peuvent-ils ne pas voir que l’immigration incontrôlée, telle qu’elle est pratiquée actuellement, conduit inexorablement l’Europe vers le déclin et l’autodestruction ?

L’Autriche sera-t-elle le modèle ?

Il est un dirigeant européen qui montre l’exemple et qui est de plus en plus respecté et écouté, il s’agit du jeune chancelier autrichien Sebastian Kurz, âgé de 34 ans. Il a une vision stratégique claire. Selon lui, les élans humanitaires émotionnels comme ceux qu’a connu l’Allemagne en 2015, face à l’urgence, ne constituent pas une réponse à long terme.

Seule la solidarité européenne, soutenue par une politique migratoire commune, pourra faire face à ce défi. C’est aux européens de décider qui peut entrer dans l’Union et à quelles conditions, ce n’est pas aux passeurs d’en décider ni aux inconscients qui les aident !

Sebastian Kurz déclarait récemment : « Si l’Europe persiste à laisser les passeurs décider qui peut venir chez nous, cela submergera nos institutions et conduira à plus de décès en Méditerranée… tant que, aux frontières extérieures de l’Union Européenne, ces personnes ne sont pas arrêtées, prises en charge et reconduites chez elles, les passeurs proposeront leurs services ». 

Comment l’Europe peut-elle tolérer le chantage d’Erdogan ? « Il a forcé des êtres humains à se mettre en route vers la Grèce pour prendre d’assaut la frontière ». Mais la Grèce, en première ligne, est bien seule pour faire face aux vagues migratoires de plus en plus fortes et de plus en plus fréquentes ! Que font les autres membres de l’Union et où est la solidarité ?

Sommes-nous des xénophobes ?

Sebastian Kurz est de plus en plus écouté en Europe et il ne laisse pas les Allemands indifférents… Ces derniers auront à choisir l’année prochaine un nouveau chancelier pour succéder à Angela Merkel. Il pourrait donc faire des émules à la CDU et, qui sait, peut-être ailleurs en Europe ?

Tout ceux qui partagent ces idées sont généralement accusés de xénophobie, sous le prétexte qu’ils n’accueillent pas sous leur toit tous les malheurs du monde ! Littéralement, la xénophobie consiste à détester l’étranger, or le contrôle de l’immigration n’a rien à voir avec la xénophobie. C’est comme si on traitait de misanthrope celui qui n’accueillerait pas à sa table tous les miséreux du quartier !

Si l’on suit ce raisonnement, nous pourrions qualifier les passeurs, et ceux qui les aident, de philanthropes ! Mais quel service rendent-ils à ces migrants, souvent sans formation, qui ne parlent aucune langue de l’Union Européenne et qui n’ont aucune chance de s’intégrer ? Au mieux ils finiront dans un camp de réfugiés, cul-de-sac mortifère, au pire la délinquance sera leur seule alternative.

Il faut respecter ceux qui, en Europe, aident les migrants en situation de grande fragilité afin de les traiter dignement. Mais ceux qui favorisent l’immigration clandestine devraient être traités avec la plus grande sévérité, les passeurs bien sûr, mais aussi les belles âmes qui croient se construire une image flatteuse en jouant les bons apôtres. Ils n’aident personne, ils déstabilisent nos sociétés et font miroiter des rêves mensongers dans la tête des jeunes à la recherche d’un avenir meilleur…

L’immigration de masse a déjà beaucoup fragilisé nos sociétés européennes dont les capacités d’intégration sont saturées. Les migrations futures doivent être davantage contrôlées et régulées avec des règles claires édictées par un consensus des pays de l’Union. Ce problème constituera l’enjeu majeur des différentes élections à venir.

Les citoyens européens sont fatigués d’être, à la fois, les perdants d’une mondialisation qui leur a ravi leur travail et les cocus d’une immigration qui entend dicter ses lois et qui bouscule leur culture. Tout semble prêt pour un changement de cap, il manque encore les leaders européens pour assurer ce tournant stratégique

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