Chaque époque a ses héros. Ils sont le symbole d’une société et représentent ses valeurs fondamentales. Aujourd’hui, signe des temps, nos héros se vendent et s’achètent au plus offrant !…
Dans notre imaginaire, les héros réalisent des actes grandioses et sont désintéressés ! Mais, les héros modernes louent leurs services au prix fort. Le transfert du footballeur Lionel Messi coûterait 163 millions d’euros au club parisien. Cette année le prix des héros suit l’inflation des matières premières et de l’immobilier…
« Entre fascination et écœurement » titre Le Monde qui rappelle que le football n’est plus un sport, mais davantage un divertissement et un business qui appartient au Qatar… autre signe des temps.
Je n’ai rien à redire sur le fait que des financiers spéculent sur la bêtise humaine pour s’enrichir. Qui a fait fortune autrement ? Mais c’est précisément l’immensité de cette bêtise qui m’interpelle. Car qui paie finalement le salaire de tous ces joueurs qui savent mieux que les autres courir derrière un ballon, si ce ne sont pas les supporters ?
Ces admirateurs intrépides se sont, parait-il, massés dès l’aube dans l’espoir d’être les premiers privilégiés à posséder un maillot à l’effigie du dieu MESSI… gloire à Lui… En attendant, les smicards français vont se cotiser pour offrir à leur nouveau dieu un salaire de 41 millions d’euros par an…. Remarquez, ce n’est pas grand-chose si on compare cela à ce qu’on coûté les cathédrales au 12ème siècle !
La folie semble s’universaliser
Est-ce un nouveau signe de la folie qui semble s’être emparée des humains depuis quelques temps, et dont j’entretiens régulièrement mes lecteurs ?
La folie des hommes ne date pas d’hier. Il suffit de tourner les pages de n’importe quel livre d’Histoire pour s’en convaincre. Ce ne fut qu’une succession ininterrompue de massacres et de turpitudes, entrecoupée de jeux du cirque.
Mais la folie n’était pas généralisée, elle était locale, dans l’espace et dans le temps. La folie sévissait dans certaines poches localisées tandis que la raison et la sagesse régnaient dans d’autres lieux plus sereins.
Il semble qu’avec le progrès de l’information instantanée et mondialisée la folie se répand, comme un virus, sans frontière. C’est ainsi que les symptômes de la folie s’accumulent, en particulier dans cette partie de l’Occident que j’observe depuis désormais quelques lustres…
La pandémie actuelle, puisque c’est ainsi qu’il faut dénommer ce fléau nouveau, a donné lieu à une hystérie collective et à une panique totalement déconnectée de la réalité du danger, réel mais limité. La peur s’est répandue à travers la terre comme un nuage toxique et, comme chacun sait, non seulement « la peur est mauvaise conseillère » mais surtout, la peur est contagieuse !
Je ne vais pas revenir sur la somme des décisions stupides qui ont été prises ici ou là, mais il me suffit de signaler les 2 dernières en dates :
- La vaccination des enfants leur fait courir un risque à long terme qui n’a été ni étudié ni évalué, il s’agit donc d’une folie pure, c’est-à-dire prendre un risque pour un bénéfice nul, puisque les enfants sont asymptomatiques ! Il aurait donc mieux valu les laisser se contaminer afin d’obtenir rapidement une immunité vraie.
- J’ose à peine formuler la directive qui se dessine dans certains pays, car elle atteint des niveaux stratosphériques de bêtise humaine : faire porter un masque aux jeunes enfants… y compris dans les crèches !
L’Occident a-t-il atteint la suprématie dans la folie ?
« À tout honneur, tout seigneur », l’Amérique, première en tout, se trouve à l’avant-garde du déclin qui nous guette tous, pris dans le tourbillon de la folie et de la bêtise ambiante. Règne là-bas, ce qu’il est convenu d’appeler la « cancel culture », une sorte de contre-culture qui prend le contre-pied de tout ce qu’a fait de grand – et de moins grand- la civilisation occidentale durant 25 siècles !
Ce fut 25 siècles de gloires et de décadences qui ont, qu’on le veuille ou non, façonné le monde. Que cela plaise ou que cela déplaise, l’Occident et principalement l’Europe fut à l’origine de presque toutes les inventions et découvertes et fut à l’avant-garde des arts et des lettres.
Cette suprématie de l’Occident, qui touche à sa fin, fut l’œuvre de l’homme blanc, le nouvel ennemi d’une cohorte d’intellectuels influents qui entendent déboulonner les statues, au sens propre comme au sens figuré. Règne dans les plus grandes universités américaines un vent de folie qui n’a rien a envier à ce que fut la « révolution culturelle » de Mao ou à ce que sont les fous d’Allah qui, ces jours-ci, partent à l’assaut de Kaboul !
Dan-el Padilla Peralta est un célèbre professeur d’Histoire romaine à l’Université de Princeton qui, avec certains de ses collègues, s’enflamme sur les réseaux sociaux et dans ses publications et accuse les matières classiques d’avoir un lien intrinsèque avec une conception du monde affirmant la supériorité raciale des Blancs. Exit donc Socrate, Platon, Aristote et les autres.
La liste est longue des auteurs classiques qu’il conviendrait de bannir car ils étaient blancs. Exit Hegel qui voyait la philosophie comme exclusivement liée à l’Europe. Exit Ernest Renan qui, en 1883, en désignant la période classique comme « le miracle grec », défendait un exceptionnalisme opposant la culture occidentale aux autres.
C’est là que se situe le cœur du problème de la « cancel culture » : il est devenu inconvenant d’être fière de sa culture et d’en assumer les plus belles pages, comme les plus sombres. Renier sa culture conduit inexorablement à la décadence et au déclin… Les fossoyeurs sont à l’œuvre dans les Universités et les media.
Cette phrase de Milan Kundera m’interpelle : « Quand les valeurs, jadis si sûres, sont mises en question et s’éloignent, celui qui ne sait pas vivre sans elles (sans fidélité, sans famille, sans patrie, sans discipline, sans amour) se sangle dans l’universalité de son uniforme jusqu’au dernier bouton, comme si cet uniforme pouvait le protéger contre le froid de l’avenir où il n’y aura plus rien à respecter ».
Nous avons atteint ce niveau de la pensée uniforme où il n’y a plus rien à penser puisque les media et les réseaux sociaux pensent à notre place. L’homme blanc, rebus de l’Histoire, imprégné de la pensée classique et héritier des Lumières, est prié de se taire, d’ailleurs on ne lui donne plus la parole.
Le dernier homme
Heureusement qu’il nous reste Lionel Messi pour nous réconforter ou pour oublier ! « La société s’amuse des bouffons sans leur demander autre chose que du plaisir, et les oublie promptement » écrivait Honoré de Balzac, fin observateur…
Kundera, en 1986 et de façon prémonitoire, n’imagine pas l’avenir « sans la montée irrésistible des idées reçues qui, inscrites dans les ordinateurs, propagées par les mass media, risquent de devenir bientôt une force qui écrasera toute pensée originale et individuelle et étouffera ainsi l’essence même de la culture européenne des Temps modernes ».
Et pourtant, Socrate défendait déjà la liberté d’expression et combattait l’injustice imposée par la force. Platon dans son « Apologie » défend la primauté de la loi dans la cité, l’idée de l’éducation pour tous, le recours à la connaissance comme base de l’action et il plaide pour les droits humains. Faut-il rayer tout cela d’un trait de plume ?
Comment s’orienter dans la vie aujourd’hui, envahie par les slogans simplistes, des flots d’informations et de propagandes instantanés ? Quand les réseaux sociaux s’approprient la vie publique et privée à des fins commerciales et quand les fatwas du politiquement correct remplacent la discussion ?
Pour nous consoler, je vais convier deux sages qui apaiseront les angoisses du dernier Homme. Montaigne d’abord : « Il y a dans les hommes plus de choses à admirer que de choses à mépriser » et l’Apôtre Paul avec ces paroles qui pourraient aussi être celles d’Épicure qu’il avait sans doute lu : « Comme tout dans ce monde est provisoire, rien dans ce monde n’a d’importance ».