973- VIEILLIR EN BONNE SANTE

Depuis des décennies, la médecine moderne gère nos maladies en agissant sur les symptômes, sans jamais s’attaquer aux causes. Toutefois, le vieillissement biologique, considéré comme naturel, n’est pas défini comme une maladie, et pourtant il est sans doute la cause principale de nos maladies !

L’amélioration considérable de notre hygiène de vie, de notre alimentation et de notre habitat, associée à l’efficacité des antibiotiques et aux prouesses de la chirurgie, a augmenté notre espérance de vie de façon spectaculaire. La baisse drastique de la mortalité infantile y est aussi pour beaucoup.

Les progrès de la biologie sont sur le point de permettre de vivre centenaire et en bonne santé. « Nous possédons déjà tous les outils permettant de créer des humains plus forts et vivant plus vieux » affirme David Sinclair, le grand spécialiste de la longévité dans son livre qui vient de paraitre en français et intitulé « Pourquoi nous vieillissons et pourquoi ce n’est pas une fatalité », dont je vous recommande la lecture.

Cette information heurte de face l’archaïsme de l’opinion française qui refuse d’envisager l’augmentation de l’âge du départ à la retraite. Ce refus est le triste symbole d’une société figée, peureuse, déprimée, repliée sur elle-même et qui envisage le travail non pas comme une source d’épanouissement et d’accomplissement mais comme un asservissement. Dans ces conditions l’économie française est, hélas, appelée à péricliter rapidement et la société à sombrer dans la déprime généralisée…

Espérance de vie

Il existe de notables variations d’un pays à l’autre en ce qui concerne l’espérance de vie à la naissance. Elle est en moyenne de 84,6 ans au japon, mais de seulement 77,1 ans aux USA qui a pourtant les dépenses de santé les plus élevées du monde !

Les Français vivent en moyenne 82,2 années ce qui représente un bond de plus de 12 ans en soixante ans. Mais la progression la plus spectaculaire eut lieu en Chine dont l’espérance de vie n’était que de 43,7 ans en 1960 tandis qu’elle a rejoint le niveau des Etats-Unis en 2020.

Le but n’est pas seulement d’ajouter des années à la vie, mais surtout d’ajouter de la vie aux années ! A cet égard, les chiffres de l’espérance de vie en bonne santé sont édifiants : en France elle se situe autour de 65 ans seulement. Même si la notion de « bonne santé » est floue, cela constitue tout de même plus de 17 années de vie avec une maladie chronique ou un handicap…

Autour de nous, nous avons tous été confrontés à des fins de vie que l’on n’espère pour personne, avec un aéropage de haute technicité pour maintenir en vie, coûte que coûte et contre tout bon sens, des personnes grabataires qui aimeraient partir en paix. Il est vrai que cet acharnement thérapeutique rapporte beaucoup d’argent aux métiers de la santé, mais dans le même temps il ruine nos économies et épuise les malades.

« Nous mourrons pour la plupart de façon barbare. Nous traversons une longue période de déclin, et avons trouvé mille astuces pour étirer au maximum cette phase se souffrance, de chagrin, de confusion et de peur. Cela entraine pour la famille et les amis une profonde tristesse, des sacrifices et des bouleversements aussi interminables que traumatisants, à tel point que lorsque nous mourons enfin, c’est souvent un soulagement pour tous ceux qui nous aiment ». Comment trouver une meilleure description de beaucoup de fins de vie que celle formulée par David Sinclair ?

L’espérance de vie en bonne santé

Dans nos sociétés, nous considérons le vieillissement comme un processus biologique aussi naturel qu’inéluctable. Dans ces conditions vieillir n’est pas une maladie et, par conséquent, cela sort du champ de la recherche médicale. Pourquoi investir pour lutter contre un processus normal et physiologique ?

Nous engloutissons des milliards pour lutter contre la kyrielle de maladies qui accompagnent notre vieillissement et encore plus de milliards pour aider à survivre des moribonds qui souhaitent seulement mourir en paix. Nous oublions cette loi fondamentale, à savoir que la vieillesse est la mère de toutes les maladies.

Il serait donc plus judicieux de s’attaquer au processus global du vieillissement que de chercher à masquer les symptômes des maladies qui n’en sont que la conséquence. Nous acceptons d’être intoxiqués par quantité de médicaments chimiques qui perturbent notre métabolisme alors qu’il existe quantité de moyens pour prendre soin de sa santé de façon naturelle et infiniment plus efficace.

Le but des chercheurs qui travaillent sur la longévité n’est pas de repousser artificiellement l’heure de la mort avec des moyens sophistiqués mais de faire des centenaires alertes et dynamiques. En l’état actuel de la recherche, le cap des 120 ans n’est pas utopique pour la génération qui nait actuellement. David Sinclair précise son but : « Peu de péchés sont à mon avis aussi coupables que de chercher à prolonger la vie sans la santé ».

On peut estimer que nombreux, parmi ceux qui me lisent, seront en état d’atteindre l’âge de cent ans s’ils prennent leur santé en main. Dans ma prochaine chronique, je tracerai les grandes lignes de ce qu’il est d’ores et déjà facile de faire pour vieillir en bonne santé. C’est un chemin que je me propose d’accomplir avec vous car nous sommes tous concernés. Il n’est jamais trop tard pour apporter de la vie aux années…

Changer d’état d’esprit

Comme vous le savez, beaucoup de nos comportements découlent de nos pensées. Il ne s’agit pas de nier la réalité des années qui passent, mais de refuser de se voir vieux dès que l’on a passé 70 ou 80 ans. Toute notre vie nous devons nous programmer une longue vie en bonne santé. Si nous avons cette idée en tête et en faisons un but à atteindre, les moyens à mettre en œuvre seront plus faciles.

La première étape pour vivre vieux en bonne santé consiste à continuer à faire des projets, non pas les mêmes projets qu’à 40 ans mais des projets mobilisateurs et réalistes. Il s’agit d’entreprendre des projets comme si nous ne devions jamais mourir et peu importe si nous n’en voyons jamais l’achèvement. D’autres prendront la relève. Cet état d’esprit, tourné vers l’avenir, nous apporte du dynamisme et donne du goût à la vie. Ne soyons ni blasés, ni résignés.

La deuxième étape consiste à prendre sa santé en main et s’en sentir responsable. Personne n’est mieux placé que soi-même, individuellement, pour prendre soin de nous et comprendre l’origine de nos maladies. Nous sommes des acteurs de notre vie et nous refusons de jouer le rôle de « patient » dans lequel le système médical voudrait nous enfermer. Soyons, au contraire, des « impatients » !

Vous l’aurez compris, tout est dans l’attitude face à la vie, à la maladie et face au vieillissement. Nous vivons dans une société qui a tendance à nous déresponsabiliser et dans laquelle nous sommes plus des objets que des sujets. Nous remettons trop facilement notre destin entre les mains des autres, en particulier dans le domaine médical. Nous devons rester acteur de notre vie.

Les conséquences sociétales

« Aucune loi biologique ne fixe de limite au nombre d’années que nous pouvons vivre » affirme le docteur Sinclair. Autrement dit, tous les espoirs sont permis ! Mais quelles seront les conséquences démographiques et économiques si la moitié de la population devient centenaire et au-delà ?

Il convient d’abord de faire remarquer que, parallèlement à l’augmentation de la durée de vie, nous assistons dans l’ensemble des pays développés à une chute drastique des naissances. (Lire à ce sujet la chronique 963 « Menaces sur la survie de l’humanité »). On peut donc s’attendre à une augmentation notable de l’âge moyen, compensé par le fait que l’avancée en âge ne serait plus synonyme de maladies.

Substituer des enfants qui viennent de naitre, et qui doivent tout apprendre, par des personnes d’âge mûr, diplômés et expérimentés, peut avoir beaucoup d’avantages du point de vue économique et redonner du dynamisme aux pays concernés. Moins de naissance peut-être avantageusement compensé par une meilleure longévité en bonne santé.

Mais il se peut que la vraie difficulté d’une augmentation de la longévité en bonne santé ne soit ni démographique, ni économique mais relève de la justice sociale. Il convient, en effet, de prendre conscience que vieillir en bonne santé peut devenir un luxe réservé à une élite consciente et déterminée.

On peut entrevoir une société qui commence à se dessiner : d’un côté une masse de gens peu cultivés et mal informés, continuant à manger des fast-food, à boire du Coca-Cola et à se droguer, et de l’autre une élite ultra-minoritaire, surdiplômée, bien informée et assez riches pour se payer les produits et les techniques qui freinent le vieillissement. La longévité du premier groupe régressera tandis que celle du deuxième groupe progressera sans cesse, lui permettant de continuer à s’enrichir jusqu’à un âge avancé…

Ce scénario est peut-être le pire que l’on puisse entrevoir car, d’une part, il est source d’une injustice intolérable et, de l’autre, il conduirait à terme à la révolte des sans-grades ! Dès maintenant les 10% des Américains les plus riches vivent treize ans de plus que les 10% les plus pauvres ! Soyons persuadés que ce n’est qu’un début… Certaines maladies comme l’obésité, le diabète et l’hypertension qui affligent un citoyen sur deux constituent une anomalie grossière qui ne devrait pas exister. On peut estimer que les ¾ de nos maladies pourraient être facilement évitées, y compris le cancer, en modifiant notre alimentation et en éliminant la pollution chimique…

Pour le reste, nous sommes à l’aube d’une révolution médicale qui devrait nous permettre, dans un premier temps, de devenir des centenaires alertes. Ensuite, le cap des 120 ans sera le prochain objectif. Nous devrons faire en sorte que ces progrès puissent profiter au plus grand nombre.

P.S. Ne manquez pas ma prochaine chronique qui pourrait changer votre vie !

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