974 – DEVENENEZ UN CENTENAIRE ALERTE

Dans les pays développés, il est désormais envisageable d’amener la moitié de la population en bonne santé jusqu’à l’âge de cent ans. Nous allons vivre une révolution médicale et démographique dont nous serons individuellement les artisans. C’est un programme en plusieurs étapes dont chacune d’elle est indispensable pour atteindre notre but.

Aucune loi biologique n’indique qu’il est impératif de vieillir. Depuis une vingtaine d’années, de nombreuses études scientifiques ont été menées pour allonger la durée de vie des animaux. L’extension à l’homme est en cours…

Dans un premier temps, des mesures simples permettent déjà d’éviter 75% de nos maladies et de vieillir en bonne santé. Dans un deuxième temps, les études en cours visent à allonger la durée de vie sans pathologie et même de faire reculer l’horloge de la vie !

Vieillir en bonne santé

Nos sociétés font face à une augmentation constante des maladies dégénératives, que la médecine tente de contrôler au mieux, sans être capable de les juguler et de les guérir. Ces maladies sont si nombreuses que nous avons fini par croire qu’elles devaient nécessairement accompagner le vieillissement !

Nous savons depuis une vingtaine d’années comment éviter la grande majorité de ces maladies de civilisation mais ni le corps médical, ni les media, n’ont cherché à convaincre massivement les populations pour que nous modifions certains de nos comportements néfastes.

  • Le premier volet de ces mesures concerne l’alimentation qu’il convient souvent de réformer. Les meilleurs résultats sont obtenus avec une alimentation légère dite de « type méditerranéen », à base de fruits, de légumes, de noix, de poissons, de poulet, un peu de fromage frais, du pain complet et de l’huile d’olive. On peut y ajouter du soja sous forme de tofu comme apport protéique. Cette alimentation doit être légère et accompagnée d’eau pure et éventuellement d’un verre de vin rouge.

Il est important de préciser que l’ensemble de ces produits doit être de culture biologique car la pollution chimique est aujourd’hui si grave qu’elle constitue une menace sérieuse pour notre santé, en particulier dans la genèse du cancer. (Lire à ce sujet notre chronique récente n° 971 « Exterminations »).

Parallèlement, il convient donc de bannir les repas lourds et excessifs, la viande rouge, les plats tout préparés, les sauces grasses, les fritures, le beurre, les sucres rapides (sucre, farine blanche, pomme de terre…), les fast-food, les sodas sucrés.

  • Nos sociétés sont pléthoriques, comme en atteste le nombre croissant de personnes en surpoids. Il a été amplement prouvé, chez l’animal, que la restriction calorique non seulement protégeait des maladies mais augmentait la durée de vie jusqu’à 30%. Nos repas seront donc légers, tout en gardant à l’esprit qu’il faut éviter la frustration. Les épices sont là pour donner de l’appétence aux aliments et d’y prendre du plaisir.

A ce programme, il serait idéal de pouvoir y ajouter des périodes de jeûnes dont il a été prouvé qu’il stimule nos gènes de longévité. Il est souvent plus facile de pratiquer le jeûne alternatif qui consiste à sauter un repas de façon à rester au moins 12 heures sans manger. Il peut s’agir du petit déjeuner ou du déjeuner.

  • L’exercice physique soutenu et fréquent fait partie de la panoplie des éléments absolument nécessaire pour vieillir en bonne santé. Une heure d’exercice physique par jour semble une bonne dose à condition de forcer un peu pour stresser l’organisme. Chaque âge déterminera la dose qui lui convient, sous forme de marche à pied, de la pratique d’un sport ou d’exercices de musculation. L’importance est la régularité qui doit être quotidienne.
  • L’hygiène de vie globale joue aussi son rôle pour rester en bonne santé. Cela concerne la régularité des repas et du sommeil, la qualité de la vie en famille et des relations sociales. Tout ce qui concoure à l’harmonie psychique génère l’harmonie du corps.

L’ensemble de ce programme peut paraitre difficile à mettre en œuvre pour certains d’entre-nous. Il est parfois nécessaire de procéder par étapes, en commençant à modifier ce qui nous parait le plus facile. Pour ceux qui vivent en famille ou en couple, il faut convaincre tout le monde et il faut être déterminé. Ces changements d’habitudes peuvent être une révolution dans notre vie, mais ce qui est sûr c’est qu’ils apportent énormément de bienfaits rapidement mesurables, une meilleure forme physique et mentale puis, globalement, une meilleure santé.

La machinerie cellulaire

Les modifications proposées ci-dessus sont faciles à expliquer mais pas toujours faciles à mettre en œuvre, car il est souvent difficile de changer ses habitudes. L’étape suivante qui vise l’augmentation de la durée de vie en bonne santé, jusqu’à l’âge de cent ans, est plus difficile à expliquer, mais plus facile à mettre en œuvre. Mais les deux approches sont complémentaires. La première phase est indispensable pour aborder la deuxième phase.

Je pourrais vous donner la marche à suivre sans autre explication, mais il me parait important que vous compreniez bien le processus physiologique du vieillissement pour mieux adhérer à ce qui apparait comme la grande révolution médicale de ce siècle, aussi importante, sans doute, que la découverte des antibiotiques qui ont changé de façon radicale l’espérance de vie.

Tout se passe an niveau de nos milliards de cellules qui constituent l’ensemble de nos organes, du foie, du cœur, des muscles, du cerveau, etc… C’est le bon fonctionnement de chacune de ces cellules qui assure notre santé.

Comme vous le savez, chaque cellule est composée principalement d’un noyau qui renferme notre patrimoine génétique sous forme de 20.000 gènes qui sont portés par 23 paires de chromosomes. Par ailleurs, les cellules contiennent des petits organites dénommés mitochondries, qui sont le siège de la respiration cellulaire et donc de la production d’énergie. Notre vie métabolique, et donc notre vieillissement, reposent sur les interactions entre les gènes et les mitochondries. C’est là que se situe le cœur de la vie, c’est aussi là au cœur des cellules, que se situe le processus de vieillissement.

Nos gènes sont porteurs du programme qui régit l’ensemble du métabolisme. Ils sont responsables de la synthèse des milliers de molécules protéïques et des enzymes qui régulent le métabolisme. Mais l’activation ou la désactivation des gènes est sous le contrôle d’un processus que les biologistes dénomment l’épigénétique et qui, en fait, gouverne l’ensemble. Les gènes contiennent le programme, tandis que l’épigénétique contrôle le bon fonctionnement du programme.

Nous pouvons être porteurs de gènes erronés qui peuvent engendrer des maladies dites génétiques assez rares. Nous pouvons aussi posséder des gènes plus ou moins favorables pour engendrer la bonne santé, mais l’épigénétique est précisément là pour inhiber ces mauvais gènes ou, au contraire, stimuler les bons gènes qui favorisent la longévité. L’hygiène de vie, l’alimentation et l’activité physique sont les principaux facteurs qui orientent l’épigénétique vers la modulation des gènes.

Tout compte fait, nos gènes ne sont responsables que pour 10 à 15% dans nos maladies, le reste est sous le contrôle de l’épigénétique, c’est-à-dire de notre mode de vie qui contrôle l’expression des gènes. On comprend que la pollution chimique, ou une mauvaise alimentation, vont activer les gènes néfastes et au contraire éteindre les gènes bénéfiques.

Pour que tout fonctionne correctement, il est nécessaire que l’ensemble de notre métabolisme soit sain et harmonieux. Pour cela, il faut que les cellules respirent et produisent de l’énergie. Ce processus a lieu dans les mitochondries où se déroule la « phosphorylation oxydative », cascade de réactions d’oxydo-réduction qui permet à l’oxygène de brûler le glucose et de produire de l’énergie. La première étape déterminante du processus de vieillissement a lieu dans les mitochondries. (1)

Au niveau cellulaire, la respiration se résume en un transport d’électrons qui sont arrachés à la molécule de glucose pour se fixer sur l’oxygène après de multiples étapes d’une grande précision et qui font l’admiration des biochimistes. Si les mitochondries sont en mauvais état, des électrons vont s’échapper et venir oxyder différentes molécules. Ce sont les fameux radicaux libres oxydants qui accélèrent le vieillissement et peuvent altérer le patrimoine génétique en augmentant le risque de cancer. Lors d’un dysfonctionnement, les mitochondries déversent leur contenu dans le cytoplasme ce qui induit une inflammation chronique qui ensuite génère une cohorte de maladies telles que l’athérosclérose, les atteintes hépatiques, l’obésité, l’hypertension, caractéristiques du vieillissement.

Dans ce processus respiratoire, diverses molécules interviennent comme transporteur d’électrons. C’est le cas d’une molécule qui joue un rôle clé dans le vieillissement et la longévité, dénommée NAD (Nicotinamide dinucléotide, pour les intimes). Sous sa forme oxydée le NAD s’écrit NAD+ car elle chargée positivement, dans l’attente de recevoir 2 électrons qu’elle va transmettre comme dans une course de relais ! (2)

Les molécules de la longévité

Toutes les mesures que nous avons énumérées dans la première partie concourent, d’une part, à moduler les gènes de façon favorable et, d’autre part, à favoriser la respiration cellulaire au niveau des mitochondries, pour qu’elles assurent la bonne santé.

Un élément nouveau est survenu ces dernières années lorsque les chercheurs ont compris que le NAD jouait un rôle clé dans le processus de vieillissement. C’est un facteur limitant dont le taux diminue avec l’âge. Il s’agit d’un coenzyme qui joue le rôle de transporteur d’électron dans la respiration cellulaire. Il s’est avéré que les mesures, concernant l’alimentation et l’hygiène de vie dont nous avons parlé plus haut, stimulent la synthèse de NAD+ qui est devenu un marqueur de l’âge biologique.

Les nutritionnistes ont tout de suite vu ce qu’ils pouvaient obtenir en apportant un supplément de NAD+ à l’organisme. Ce produit n’est pas assimilé comme tel, mais il est possible de favoriser sa synthèse en apportant des molécules précurseurs. C’est le cas de la vitamine B3 (Nicotinamide) mais c’est surtout le cas d’une molécule naturelle que l’on peut appeler miracle, précurseur immédiat dans la synthèse du NAD. Il s’agit d’une molécule connue sous le sigle de NMN (Nicotinamide MonoNucléotide) qui est assez bien absorbée et qui booste le taux cellulaire de NAD.

Chez l’animal, l’apport de NMN protège des maladies et allonge la durée de vie jusqu’à 30%. Les premières études cliniques montrent qu’un apport régulier de NMN est sûr, n’induit pas d’effets secondaires et provoque une augmentation rapide du NAD+ sanguin. Plusieurs études ont démontré des effets très favorables dans les performances sportives.

Dans une étude clinique transnationale, publiée en février 2023 et réalisée sur des sujets adultes en bonne santé, un apport de 600 ou 900 mg par jour de NMN pendant deux mois agit favorablement sur 36 marqueurs qui déterminent l’âge biologique.

Non seulement le NMN restaure la respiration cellulaire mais aussi régule l’activité épigénique dont nous avons vu qu’elle contrôle les gènes. Parmi les gènes qui sont influencés par le NMN, via le NAD+, figurent 6 gènes qui contrôlent la synthèse d’enzymes clés dans le processus du vieillissement et dénommés Sirtuines. C’est aussi la raison pour laquelle le NMN est qualifié de « molécule de la vie » ! (3)

L’action du NMN peut être complétée par un apport de Resvératrol, célèbre pigment végétal présent dans les raisins rouges et doué d’une forte action antioxydante et anti radicaux libres. Un apport de resvératrol régénère le métabolisme des mitochondries et les capacités respiratoires cellulaires. En outre, il favorise la biogénèse des mitochondries. L’apport conjoint de NMN et de Resvératrol permet d’obtenir un taux sanguin de NAD+ plus élevé. (4)

Mais il est une autre molécule naturelle qui commence à faire parler d’elle. Il s’agit de l’alpha-cétoglutaratequi est un des intermédiaires clés du cycle de Krebs, chargé de la respiration cellulaire dans les mitochondries productrice d’énergie. En autre, le rôle du NAD+ consiste à transférer deux électrons sur l’alpha cétoglutarate ce qui en fait un couple essentiel de la respiration cellulaire. (5)

Il a été démontré chez l’animal et chez l’homme qu’un apport nutritionnel d’alpha-cétoglutarate améliorait les paramètres de l’âge biologique et de la réponse épigénique. Des résultats assez spectaculaires ont été obtenus chez 42 patients de 64 à 72 ans. Après 7 mois de traitement avec 1g/jour d’alpha- cétoglutarate de calcium :  leur âge biologique avait diminué en moyenne de 8 ans, sans aucun effet secondaire notable !

Le vieillissement est un processus dégénératif qui conduit à des disfonctionnements métaboliques qui s’accompagnent, d’une part, de modifications épigéniques qui perturbent l’expression des gènes et, d’autre part, de lésions des mitochondries avec dérèglement de la chaine respiratoire. Ce processus peut être enrayé par des mesures alimentaires, un de style de vie sain, ainsi qu’un apport de MNM et d’alpha-cétoglutarate. Selon les dernières données médicales, une intervention sur ces deux axes peut laisser espérer à la majorité des plus jeunes d’entre nous d’être encore alerte à 100 ans ! Toutefois, ces traitements sont encore chers car il faut envisager un investissement mensuel de 350 € environ…

P.S. Je suis désolé pour les Français qui ces jours-ci manifestent contre l’âge de la retraite à 64 ans ! Ils sont loin du compte, car il va falloir bientôt y ajouter une bonne dizaine d’années !…

(1) – “Mitochondrial and metabolic dysfunction in ageing and age-related diseases”- Nat Rev Endocrinol. 2022: 18(4):243-258

(2) – “The central role of the NAD+ molecule in the development of aging and the prevention of chronic age-related diseases: strategies for NAD+ modulation” Int j Mol Biol. 2023; 24(3): 2959

(3) – “The efficacy and safety of B-nicotinamide mononucleotide (NMN) supplementation in healthy middle-aged adults: a randomized, multicenter, double-blind, placebo controlled, parallel-group, dose-dependent clinical trial”- Geroscience. 2023; 45(1):29-43

(4) – “Effects and mechanisms of Resveratrol on aging and age-related diseases”- Oxid Med Cell Longev. 2021;9932218

(5)- “Rejuvant, a potential life-extending compound formulation with alpha-ketoglutarate and vitamins, conferred an average 8 year reduction in biological aging, after an average of 7 months of use, in the TrueAge DNA methylation test”- Aging (Albany NY). 2021;13(22): 24485-24499

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