984 – IDEES A LA MODE

Le monde des idées n’échappe pas aux effets de mode qui, comme chacun sait, ont tendance à être contagieux. Mais, au-delà de la contagion, il semble que les idées nouvelles se répandent spontanément comme si elles étaient véhiculées par l’air du temps…

Les fleurs éclosent au printemps, non pas par contagion, mais parce que c’est le moment et que la nature est prête. J’ai toujours été surpris de constater que les idées nouvelles se répandent sur des esprits préparés à les recevoir, comme si elles flottaient dans l’air du temps et allaient se poser au gré du hasard pour ensemencer les cerveaux.

Parfois, les idées nouvelles semblent germer par génération spontanée et elles deviennent des idées à la mode qui sont acceptées comme des évidences. Il y a là comme une force mystérieuse qui régit nos modes et nos façons de penser au point que les anciens critères deviennent très vite anachroniques et l’on s’étonne même qu’ils aient pu exister.

En un certain sens, les idées à la mode constituent des symptômes qui permettent d’ausculter une société et d’interpréter sa trajectoire. Je suis assez persuadé qu’il existe un sens caché de l’histoire, une cohérence qui agite le tréfond des sociétés humaines. Ces mouvements tectoniques sont si puissants qu’ils concernent la majorité des populations qui semblent mues par une force cachée qui les fait agir comme un troupeau passif et manipulé.

C’est ainsi que nous finissons par agir comme des moutons dociles. Le récent épisode du covid et de la vaccination nous fournit un triste exemple de notre manque d’autonomie face aux idées dominantes. Nous avons été soumis à un lavage de cerveau sans précédent et nous avons assisté à une chasse aux sorcières planétaire vis-à-vis des récalcitrants, symbole parfait de la cancel culture à la mode…

La mode vestimentaire

La façon de se vêtir constitue le reflet d’une époque. Les perruques poudrées des nobles étaient représentatives de leur arrogante et stupide prétention. Les corsets et les lourdes robes longues de l’époque Victorienne étaient le symbole d’une société empesée, corsetée et puritaine. Les vêtements allégés, mais élégants et les jupes courtes qui commencèrent à se répandre avant la dernière guerre marquaient le signe d’une société plus libre et plus épanouie.

Que peuvent signifier le délabrement vestimentaire actuel où tout est permis, depuis les tenues ostensiblement provocantes jusqu’aux bluejeans troués, aux t-shirts froissés, délavés, aux couleurs dépareillées, sans aucun souci esthétique ? Le suprê

Tout semble fait pour éviter le risque de la moindre élégance et, au contraire, mettre en exergue un laisser-aller généralisé qui semble être la marque d’une époque, symbole d’un manque de dignité. Ce n’est pas un hasard si les fabricants de prêt-à-porter font faillite les uns après les autres…

J’y vois la marque d’un renoncement, comme si la société était fatiguée de vivre, fatiguée de faire les choses bien. Est-ce le signe d’une société dépressive qui n’a plus l’énergie de se tenir droite et fière ? Signe des temps, il est frappant de constater que ce laisser-aller est caractéristique des sociétés occidentales et touche beaucoup moins les sociétés asiatiques.

Intégrisme idéologique

Parallèlement au délabrement vestimentaire, on note un raidissement dans le domaine des idées avec un militantisme qui prétend contrôler les esprits. C’est ainsi que le « wokisme » et la cancel culture, prônés par la gauche radicale, pratiquent un ostracisme aveugle, accusent, bannissent et boycottent tous azimuts !

Nous assistons à une chasse aux sorcières qui voudrait extirper de la société tout ce qui ressemble à l’ordre ancien et aux valeurs traditionnelles. Il s’agit de déboulonner les statues, les idées et les structures. De la même façon qu’il est devenu inconvenant de porter une chemise blanche, une cravate et un veston, il est infamant de vanter les mérites du couple stable, de la famille ou de la nation.

Tout se passe comme s’il fallait que le délitement soit total et que rien ne subsiste des fondements de la société occidentale qui doit poursuivre sa déstructuration, sans que l’on sache encore ce qu’il en adviendra. L’expression même de cancel culture fait référence à la culture de l’effacement, de l’annulation, autrement dit de la disparition.

Le mondialisme a remplacé le nationalisme. On pouvait s’identifier à une culture, à une tradition, à une appartenance communautaire. Mais, désormais, nous sommes seuls et désemparés dans un monde immense, impersonnel, sans identité. L’homme moderne, citoyen du monde, ne sait plus qui il est, il n’est rien, soumis au vent dominant des idéologies à la mode… Nous constituons une masse indifférenciée d’individus qui se conduit comme un troupeau !

Le refus des contraintes

Toute structure est contraignante et la conséquence logique d’un monde déstructuré est l’abolition des contraintes et des engagements concrets. Tout ce qui entrave notre liberté est rejeté comme obsolète, à commencer par les enfants et le travail, symboles l’un et l’autre de l’aliénation.

En effet, après le refus des contraintes de la famille et de la culture nationale, il était logique que les contraintes liées au travail et aux enfants volent en éclat. De nombreuses entreprises et les artisans se plaignent à l’unisson du manque de main d’œuvre. Ils s’entendent répondre que, désormais, chacun entend s’occuper de lui-même avant toute chose. Le travail n’est plus une valeur ni un repère, ce qui prime c’est le développement de soi et son soi-disant épanouissement ! L’État devient alors responsable de notre prise en charge grâce au « revenu minimum universel » … « Nous le valons bien », comme dit la publicité.

La maternité et l’éducation des enfants sont devenues des contraintes trop lourdes pour les épaules des jeunes couples, plus préoccupés par leur propre épanouissement ou leur plaisir immédiat. Dans les pays occidentaux, le taux de natalité est en chute libre depuis longtemps, mais il s’est accéléré depuis la crise sanitaire. Cet état de fait ne peut que réjouir les adeptes de la cancel culture qui prône l’approche de la tabula rasa

Lors de la fécondation, le destin nous assigne une identité sexuelle, génétiquement programmée et qui échappe donc à notre décision ou à celle de nos parents. Vous savez comme moi que l’idéologie LGBT+ à la mode refuse d’admettre cette loterie universelle, que nous partageons avec toutes les espèces, et elle revendique le choix de notre genre, suivant nos goûts, nos humeurs et surtout nos névroses. Nous atteignons là un sommet de la bêtise humaine qui surpasse celle de l’ensemble du vivant.

Il existe d’autres contraintes du destin qui peuvent encore être supprimées. C’est le cas de l’espèce qui nous est assignée par le hasard. Nous pourrions vouloir être chien ou chat, animaux fort sympathiques et bien souvent dotés d’un plus grand bon sens inné que les humains ! Nous savons déjà que quelques généticiens ont commencé à créer des créatures hybrides qui pourraient plaire aux LGBT+ frustrés de leur humanité… On pourrait aussi vouloir être un oiseau, afin d’échapper à la contrainte de l’humaine condition rivée à la glèbe, mais cela sera plus difficile !…

L’ultime contrainte à laquelle nous voudrions échapper est celle du vieillissement et même de la mort. Certains se mettent à rêver d’une jeunesse éternelle, ou presque, y compris des chercheurs de renom qui travaillent sur la longévité et ouvrent des perspectives aussi audacieuses qu’alléchantes. L’Homo Deus a aboli toutes les contraintes… (Lire chronique n°974 « Devenir un centenaire alerte »).

La peur du cataclysme

Il est une angoisse diffuse, qui flotte dans l’air, et qui progressivement envahit les esprits de façon insidieuse, c’est celle d’une catastrophe soudaine qui détruise l’essentiel des acquis de notre civilisation hyperconnectée et donc hyper-dépendante.

Il n’est pas rare de rencontrer des couples de tous les âges, riches ou modestes, qui entendent se préparer à cette ultime épreuve. Ils cherchent des lieux éloignés des grands centres, sécurisés, autonomes en eau et en électricité, disposant d’un jardin potager.

Ils partagent tous cette peur diffuse, mal identifiée, mais qui les hante, sans savoir d’où pourrait venir le danger. Cette peur collective et irrationnelle est entretenue par le tapage médiatique autour du réchauffement climatique, mais aussi par la complexité mystérieuse des nouvelles technologies, par les conséquences inconnues de l’intelligence artificielle et par le sentiment de faire partie d’un réseau interdépendant qui, à l’instar d’internet, pourrait s’effondrer comme un château de cartes en nous laissant totalement démunis…

D’autres ont le sentiment d’appartenir à une civilisation qui arrive au bout de son chemin et qui approche d’un précipice qui leur parait inéluctable. Ils observent tous les symptômes qui caractérisent cette société occidentale fatiguée et décadente, un monde chaotique et disharmonieux et, après une période de transformation, ils attendent le basculement vers un nouveau monde.

Telles sont les idées qui sont dans l’air du temps, sans que l’on sache qui les véhicule. Elles semblent survenir ex nihilo et nous imprègnent à notre insu. Faut-il résister contre la survenue d’un futur que l’on craint ou faut-il se laisser porter par le courant du fleuve ? Faut-il se résigner à subir ou faut-il lutter ? Il suffit peut-être d’œuvrer à préparer la renaissance d’un nouveau monde.

 

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