971 – EXTERMINATIONS

L’ensemble du vivant est interconnecté et fonctionne comme un réseau. Chaque espèce est dépendante de plusieurs autres. Si une ou plusieurs espèces sont en déclin, c’est toute une chaine du vivant qui est modifiée. Les humains demeurent les plus grands perturbateurs du monde vivant et ils sont eux-mêmes en danger…

Où que l’on porte son regard, on est effrayé des dégâts considérables sur l’environnement provoqués par les activités humaines, mais rien ne semble nous arrêter dans notre œuvre de destruction.

Chaque expert est capable de faire la liste des nuisances qui s’aggravent, d’année en année, et qui sont générées par nos activités. Globalement, nous en sommes individuellement conscients mais nous sommes incapables d’agir collectivement et, surtout, nous ne voulons rien changer à nos habitudes.

Nous sommes capables de militer pour la sauvegarde de la nature et de défiler dans les rues en hurlant des slogans mobilisateurs mais, une fois à la maison, nous reprenons notre vie habituelle et nous sommes résolus à ne rien changer ! Cet aveuglement fait partie d’un long processus d’autodestruction qui peut mener au déclin de l’humanité. (Lire à ce propos la chronique 963 « Menaces sur la survie de l’humanité » qui s’alarme du taux de fécondité des couples).

La chimie qui tue

J’ai consacré ma vie à alerter mes concitoyens des dangers énormes que représente la chimie de synthèse qui fabrique des milliers de molécules artificielles, non biologiques, et qui viennent gravement perturber les processus biologiques, souvent de façon irrémédiable.

Depuis 50 ans, la chimie a envahi nos vies et nous a apporté un faux confort, dans une vue à court terme, sans que jamais nous n’ayons mesuré les conséquences à long terme. Parmi les centaines de milliers de molécules de synthèse disponibles, très peu ont fait l’objet d’études sur leurs méfaits éventuels. L’humanité a été fascinée par les immenses possibilités créatrices de la chimie, et elle fut aveuglée par les bénéfices qu’elle semblait apporter.

Les matières plastiques, les conservateurs, les insecticides, les engrais artificiels, les pesticides, les désherbants, les médicaments chimiques, et jusqu’aux nouveaux vaccins, ont modifié considérablement nos façons de vivre. Mais, dans chacun de ces domaines, on n’a pas pris le temps de mesurer le rapport entre les bénéfices et les inconvénients à en attendre.

Nous sommes aujourd’hui au pied du mur, car les effets nocifs se sont accumulés et nous découvrons l’étendue des dégâts. Il n’est pas exagéré de dire que, dans les milieux scientifiques et médicaux concernés, la panique est d’autant plus forte que les responsables politiques ne semblent pas avoir pris la mesure de l’enjeu et de sa gravité.

L’air que nous respirons, l’eau que nous buvons, la mer qui nous nourrit et les aliments que nous mangeons quotidiennement sont massivement pollués, même si nous vivons dans les endroits les plus éloignés et les plus isolés qui soient. En 10 ans, le taux de pesticides autorisé dans l’eau a été multiplié par 5 ! Environ un million d’espèces de plantes et d’animaux sont au bord de l’extinction, plus de 1000 races de mammifères utilisées pour nourrir les humains sont menacées. C’est l’ensemble du monde vivant qui subit les conséquences d’un engrenage fatal en une succession d’effets délétères qui progressent comme des dominos qui tombent l’un sur l’autre.

Tous les experts scientifiques en la matière font le même constat extrêmement alarmant et critiquent sévèrement les pouvoirs publics et les hommes politiques qui ne font rien alors que l’on peut parler, sans exagérer, de crimes contre l’humanité et contre toutes les formes de vie sur terre.

  • Les effets neurotoxiques des pesticides de synthèse sur le développement du cerveau des nouveau-nés.
  • La situation la plus grave concerne les PFAS (polyfluoroalkylés), ultratoxiques et qualifiés du terme effrayant de « polluants éternels» qui ont et qui auront des effets délétères même à très faible dose, jusqu’à la fin des temps. On les retrouve partout : film alimentaire, poêles en Téflon, papier cuisson, textiles, cosmétiques, peintures, pesticides… Ils sont impliqués dans certains cancers (rein et testicules), dans la perturbation de la glande thyroïde, dans le métabolisme du cholestérol, dans la réponse immunitaire, dans la baisse de la fertilité et dans le développement du fœtus…
  • Les Phtalates rendent le plastique souple et flexible (PVC) et sont utilisés dans de nombreux produits de la vie quotidienne, notamment les jouets, les emballages, les tuyaux, les revêtements de sol ou les articles d’aménagement. Ils ne sont pas liés chimiquement aux matières plastiques et s’échappent ainsi facilement. Ils se retrouvent alors dans les denrées alimentaires, l’eau potable, l’air et sur la peau. L’Homme absorbe les phtalates principalement par les aliments. Les enfants sont particulièrement exposés parce qu’ils portent leurs jouets à la bouche et qu’ils absorbent ainsi une plus grande quantité de phtalates que les adultes.

Les phtalates ont été classés comme substance cancérogènes, mutagènes, reprotoxiques par l’Agence Européenne des Produits Chimiques (ECHA) .

Leurs effets nocifs portent essentiellement sur la fertilité, le développement du fœtus et du nouveau-né. Ces phtalates sont également suspectés d’être des perturbateurs endocriniens…

  • Le Glyphosate, plus connu sous le nom de Roundup, est considéré comme « une cause probable de cancer chez l’homme » par l’Agence Internationale pour la Recherche sur le Cancer. Mais cela n’émeut personne et ce produit continue d’être largement utilisé comme herbicide en agriculture OGM.
  • Les néonicotinoïdes sont apparu en 1990 et c’est à partir de cette date qu’a commencé l’hécatombe sur les abeilles, en particulier les abeilles sauvages qui sont des pollinisateurs essentiels en agriculture. Il s’agit de substances insecticides très largement utilisées en agriculture en pulvérisation et comme enrobage des semences. Leur toxicité est avérée chez de nombreux invertébrés.
  • Le bisphénol A est un composé chimique utilisé pour la synthèse de plastiques et de résines servant à la fabrication de nombreux produits de la vie quotidienne (alimentaires et non alimentaires). Il a la capacité de migrer de ses contenants vers l’aliment ou la boisson qui est à son contact, pouvant ainsi être ingéré par l’organisme humain.

Le bisphénol A est un oestrogéno-mimétique, c’est-à-dire qu’il a la capacité de se fixer aux récepteurs alpha et béta des oestrogènes. En tant que perturbateur endocrinien, son implication est notamment suspectée dans l’apparition de troubles de la reproduction, de l’obésité, du diabète, de dysfonctionnements thyroïdiens, et de cancers du sein ou de la prostate.

  • Il faut ajouter les innombrables médicaments chimiques dont 9 sur 10 sont toxiques et trop souvent prescrits sans discernement. Ils se retrouvent en abondance dans les eaux fluviales. Comme pour les pesticides, il faudrait mesurer les bénéfices à en attendre en regard des effets nocifs sur l’environnement et la santé…

La disparition des insectes

Quand j’étais jeune, il n’y a pas si longtemps, lorsque nous roulions l’été sur les routes, nous devions nous arrêter souvent pour nettoyer notre parebrise parsemé d’insectes écrasés. L’été dernier j’ai parcouru 2000 kms en 3 jours à travers l’Europe et, à l’arrivée, le parebrise était presque impeccable. Nous avons piqueniqué en divers endroits, y compris dans la plaine du Pô, sans rencontrer un insecte, pas même un moustique !

Certains citadins se réjouiront certainement de cet environnement stérile qui ne perturbe pas le confort aseptisé de leurs parties de campagne. C’est une attitude à courte vue car la situation est grave.

Selon les dernières études, il s’agit d’un « déclin catastrophique » des populations d’insectes qui auraient chuté de 80% en une trentaine d’années sous l’effet des pesticides. Les insectes disparaissent au rythme de 1 à 2% par an, ce qui est considérable à l’échelle d’une vie humaine. « Tous ceux qui ont un certain âge ont assisté au cours de leur vie au plus grand déclin de la biodiversité depuis soixante-cinq millions d’années » nous avertit Dave Goulson, spécialiste Britannique et auteur de « Terre silencieuse. Empêcher l’extinction des insectes ».

Chaque année il y a moins de bourdons, moins d’abeilles, moins de papillons qui ont presque disparu du Royaume-Uni, tout comme les simples moineaux domestiques. On oublie que les insectes sont des pollinisateurs irremplaçables et donc artisans des rendements agricoles qui assurent notre pain quotidien.

Notre agriculture industrielle, avant d’empoisonner notre nourriture, a empoisonné celle des insectes et des oiseaux. A cela il faut ajouter la pollution lumineuse et la destructions des habitats. Une étude allemande qui vient d’être publiée montre que l’on trouve au moins une substance pesticide dans chaque échantillon d’air, y compris dans les parcs nationaux et les régions les plus éloignées des zones d’agriculture industrielle.

La disparition des oiseaux

Selon une étude, qui vient d’être publiée par le Muséum national d’histoire naturelle, dans les jardins français, la moitié des espèces d’oiseaux observés au printemps sont en déclin. Tout est interconnecté : si les insectes disparaissent, les espèces d’oiseaux qui s’en nourrissent déclinent.

En outre, l’enrobage des graines de semences avec des néonicotinoïdes décime nombre d’espèces d’oiseaux. C’est ainsi que disparaissent progressivement les merles noirs, les mésanges bleues, les bouvreuils pivoine et quantité d’autres.

On estime qu’en France, la population des oiseaux des villes et des champs a décliné de 30% en 30 ans. Les populations de martinets noirs et de passereaux ont vu leurs effectifs fondre de 45%. Au train où vont les choses, nos campagnes seront désertiques et stériles avant la fin du siècle !

Comme pour le reste, il ne faut rien attendre des autorités qui sont sous l’influence de lobbies beaucoup plus puissants qu’eux. Il faut d’abord agir individuellement au niveau de nos jardins privés en n’utilisant pas de pesticides, en nourrissant les oiseaux l’hiver et en laissant une partie en friche pour les insectes. Nous pouvons être les artisans du renouveau de la biodiversité en attirant les oiseaux dans nos jardins. C’est ainsi que les fauvettes à tête noire ont augmenté de 57% en 10 ans au Royaume-Uni…

L’autre action citoyenne consiste à se nourrir d’aliments issus de cultures biologiques. C’est plus cher, mais c’est le meilleur moyen de préserver sa santé et de protéger l’environnement. Plus nous serons nombreux à consommer des aliments bios, moins il y aura de pesticides dans nos champs et moins de morts du cancer !

Nous sommes à la fin de la chaine alimentaire et, après le déclin des insectes, des oiseaux et de nombreux mammifères, ce sont les humains qui sont emportés par les maladies et qui ont de plus en plus de difficultés pour se reproduire. Nous subissons de plein fouet les conséquences de nos folies aveugles et meurtrières!

 

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