Notre civilisation est-elle en danger ? L’espèce humaine peut-elle disparaitre ? La vie sur terre peut-elle être décimée ? Ces questions fondamentales ne sont pas là pour faire peur mais pour faire réfléchir face aux énormes défis écologiques auxquels l’humanité est confrontée.
Il ne fait pas de doute que les nouvelles générations ont besoin d’avoir l’espoir de relever ces défis afin d’envisager l’avenir. Elles doivent d’abord prendre conscience de la fragilité de notre planète et des systèmes biologiques qui l’habitent, en interaction avec toutes ses composantes physiques, chimiques et biologiques.
Selon les nouvelles définitions, la Terre est « un système physiologique dynamique qui inclut la biosphère et maintient notre planète depuis plus de trois milliards d’années en harmonie avec la vie » et évolue en permanence selon un processus « d’écoévolution » pour reprendre le terme donné à ce mécanisme par le scientifique britannique James Lovelock, qui fut un des premiers grands esprits à nous alarmer sur notre avenir et sur celui de notre planète…
Écologie planétaire
James Lovelock est un des penseurs modernes les plus importants, au point qu’il a été considéré par certains comparable au rôle de Galilée dans l’histoire de la connaissance humaine. En 1960 il a posé les bases de son « hypothèse Gaïa » qui s’apparente à une nouvelle philosophie des Lumières, dans laquelle il considère la Terre comme un organisme vivant.
Le symbole de Gaïa, choisi par James Lovelock, fait référence à la mythologie Grecque, déesse de la Terre, mère des dieux, et liée au culte de la fécondité et aussi l’une des plus anciennes représentations divines de l’histoire humaine en tant que terre-mère dont le nom véhicule une idée de protection et de maternalisme.
« Par la théorie Gaïa, je vois la Terre et la vie qu’elle porte comme un système, système qui a la faculté de réguler la température et la composition de la surface de la Terre et de la maintenir propice à l’existence des organismes vivants. L’autorégulation de ce système est un processus actif fonctionnant grâce à l’énergie fournie, sans contrepartie, par le rayonnement solaire », écrit Lovelock.
Le cœur de l’hypothèse de Lovelock est donc que la biomasse modifie les conditions de vie de la planète dans un sens qui les rapproche de ses propres besoins, rendant ainsi la planète plus hospitalière. Cette idée renvoie à la notion d’homéostasie, d’autorégulation, d’optimisation, de coévolution et de biofeedback développée par de nombreux chercheurs tel que Jean-Baptiste Lamarck qui voyait la Terre comme un tout organisé et interdépendant.
L’humanité a déréglé le système
On peut opposer la métaphore de Gaïa, la protectrice, avec Kali, la déesse destructrice de l’hindouisme qui semble malheureusement à l’œuvre dans nos temps tourmentés, dominés d’une part par le réchauffement climatique provoqué, en grande partie, par la combustion des énergies fossiles et, d’autre part, par la pollution chimique.
La Terre est soumise à un ensemble de contraintes et de limitations purement physiques, au niveau de la température, de la salinité de l’eau, du pH de l’eau, de la quantité de l’eau disponible, de la concentration en oxygène de l’air et de l’eau etc…
Les activités humaines ont déréglé le système qui s’emballe sous l’effet de « rétroactions positives », mécanismes qui empirent un système, en empêchant une stabilisation en retour. Autrement dit, l’humanité, par ses excès, a cassé les systèmes d’autorégulation en divers points.
C’est ainsi que la fonte de la couverture neigeuse entraine à son tour un réchauffement qui accélère le processus. De même, la fonte de la glace libère du méthane, gaz à effet de serre 20 fois plus puissant que le CO2, ce qui accélère le réchauffement. Autre exemple, la disparition des surfaces de forêts tropicales perturbe le mécanisme de refroidissement de la terre.
Les excès en tout genre, qui caractérisent l’humanité contemporaine, et que le système ne parvient plus à gérer par manque de ressources et trop de déchets, reposent sur un constat implacable et désagréable à entendre : nous sommes trop nombreux sur terre ! J’ai plusieurs fois fait remarquer que l’humanité a triplé depuis ma naissance ! C’est ainsi que j’en arrive à cette pensée iconoclaste et non politiquement correct : la surpopulation est sans doute la pire des pollutions…
Dans le même temps, les humains se sont entassés dans des villes de plus en plus tentaculaires et se sont coupés de leur milieu naturel, oubliant ses règles et ses obligations. On peut faire remonter ce processus d’exploitation de la nature au réductionnisme de Descartes et à l’origine de la pensée scientifique qui entend séparer l’esprit et le corps.
Lovelock conclut : « Gaïa est en train d’évoluer, conformément à ses règles propres, vers un nouvel état dans lequel nous ne serons plus les bienvenus » !…
Les méfaits de l’écologie politique
Même si le réchauffement climatique n’est pas le seul problème auquel nous sommes confrontés, il fait partie des principaux et il eut été possible de l’enrayer si les humains avaient été plus clairvoyants en misant sur l’énergie nucléaire.
La maitrise de l’énergie nucléaire fait partie des grandes prouesses de l’humanité au même titre que l’invention du moteur à explosion, de l’aviation ou de l’informatique. Ce n’est pas parce que les pionniers de l’aviation comme Mermoz ou Saint Exupéry ont disparu corps et bien que l’aventure de l’aviation fut abandonnée !
L’énergie nucléaire est aujourd’hui beaucoup plus sûre et mieux maitrisée. La filière EPR, dans laquelle la France avait une large avance technologique, ne génère pas de déchets, puisque ceux-ci sont réutilisés dans les réacteurs thermonucléaires. Si ces techniques avaient reçu les investissements humains et financiers nécessaire, l’humanité moderne pourrait fonctionner sans les énergies fossiles…
Mais les mouvements écologiques politisés ont battu le pavé avec des slogans simplistes pour faire peur aux gens et ont utilisé un puissant lobbying pour influencer les gouvernements qui ont freiné ou stoppé les investissements dans le développement de l’énergie nucléaire à grande échelle. Même la France a perdu sa suprématie technologique sous le règne d’Emmanuel Macron…
Il n’est pas exagéré de dire que l’écologie politique est directement responsable de l’aggravation du réchauffement climatique qui menace la survie de l’humanité. La charge de la culpabilité est lourde vis-à-vis des éventuelles générations futures…
Autodestruction bénéfique pour la planète
Rien n’illustre mieux le mécanisme d’autorégulation décrit par James Lovelock que les diverses actions destructrices que nos civilisations s’infligent, de manière consciente ou inconsciente, et qui vont concourir à juguler l’emballement démographique à l’origine de nos soucis.
Le premier facteur est la pollution chimique qui est à l’origine de biens des maux mais qui peut aussi contribuer à sauver la planète Terre, aussi paradoxal que cela puisse paraitre. La pollution chimique est un des principaux facteurs qui est à l’origine de la baisse drastique de la fertilité des couples, y compris en Afrique qui demeure toutefois, provisoirement, avec une natalité nettement positive.
Dans les pays développés d’Europe, d’Amérique ou d’Asie, l’indice de natalité est nettement négatif, très inférieur à 2 enfants par couple. La baisse de la natalité est générale et de l’ordre de 5 à 7% par an en France, à titre d’exemple.
La pollution n’est pas seule responsable de la dénatalité, mais aussi les nouvelles tendances de nos civilisations hyper-techniques qui perdent une certaine pulsion de vie et n’ont plus envie de procréer ou veulent le faire trop tardivement. On peut considérer qu’il s’agit d’un mécanisme inconscient de régulation afin d’éviter la surpopulation. Il se peut aussi que l’augmentation inquiétante du suicide des jeunes et la prolifération de l’homosexualité procède du même mécanisme de sauvegarde.
Une pandémie meurtrière aurait fait aussi bien l’affaire, semblable aux hécatombes infectieuses qui surviennent périodiquement dans les surpopulations animales, en particulier dans les élevages intensifs… C’est une hypothèse qu’il ne faut pas écarter.
C’est ainsi que, dans une précédente chronique, afin de mieux marquer les esprits, j’ai envisagé une quasi-disparition de l’humanité à la fin du siècle. Ce scénario aurait comme avantage immédiat de soulager la planète Terre de tous ses problèmes et de lui permettre de revenir à ses mécanismes d’autorégulation. Finalement, le meilleur remède pour soigner Gaïa ! (Relire la chronique 963 « Menaces sur la survie de l’humanité »).
Malgré ces immenses menaces, peut-on conserver un peu d’espoir pour envisager un avenir ? Dans certains de ses écrits James Lovelock considère que nous avons atteint le point de non-retour. Autrement dit, il serait trop tard pour agir ! Seule une catastrophe planétaire pourrait assurer la survie de l’espèce en supprimant le trop-plein. Personnellement, je mise sur une régulation rapide des naissances, de gré ou de force, pour sauver l’humanité in extremis… si on estime qu’elle vaut la peine d’être sauvée !