Après la guerre en Ukraine et à Gaza, l’Occident se sépare du reste du monde à ses risques et périls ! Nous vivons un tournant qui fera date dans l’histoire de l’Occident. Au niveau international, plus rien ne sera jamais comme avant.
Après sa position partisane et unilatérale sur la guerre en Ukraine, l’Europe a signé son suicide collectif comme je l’expliquais dans une précédente chronique (2001 – « Ukraine : du sang et des larmes »).
La fracture
En exprimant, une nouvelle fois, une position partisane et unilatérale concernant la guerre au Proche-Orient, l’Occident tout entier se coupe volontairement du reste du monde. Les conséquences en seront immenses et à nos dépens !…
« La perte d’influence de l’Occident est une réalité prégnante. Le désenchantement est global et ronge les sphères politique, économique, sociale et culturelle », résume Philippe Droz-Vincent, professeur de relations internationales à Sciences-Po Grenoble. Il poursuit : « L’Occident n’a plus le même poids dans l’économie mondiale. Sa perte d’influence, la désoccidentalisation du monde, est devenue une réalité. Elle résulte d’une dénonciation des pratiques occidentales dans la gouvernance du monde, dans le partage des richesses, dans l’empreinte écologique que son développement a laissée, dans l’accès aux postes de hauts fonctionnaires au sein des organisations multilatérales… »
Tel était déjà le constat que l’on pouvait faire avant qu’éclate la guerre en Ukraine et à Gaza qui a fracturé l’ordre mondial. Désormais l’Occident est qualifié, par les trois-quarts du monde, de puissance coloniale décadente et corrompue. Presque tout, venant d’Occident, est mis en cause. Il faut dire que Josep Borrell, ministre des affaires étrangères de l’Union Européenne, a tout fait pour se créer des ennemis en déclarant que « l’Europe est un jardin et la plus grande partie du reste du monde, une jungle ». Cette jungle, aujourd’hui, a fait sécession, la cassure est consommée et les plaies seront longues à cicatriser… L’Europe pourra méditer seule sans son jardin!
La Palestine est devenue un symbole
Tous les opprimés de la terre, tous les peuples qui furent colonisés, tous ceux qui, en Afrique ou ailleurs, luttent pour leur survie, et bien sûr l’ensemble du monde arabe ou musulman, se sentent une communauté d’âme avec les Palestiniens en lutte.
On peut arguer, avec raison, que le Hamas est une organisation terroriste qui commet d’affreux crimes contre l’humanité. Depuis que le monde est monde, l’ennemi est toujours un terroriste qui commet des crimes abominables ! Mais quelle armée ne peut être accusée des mêmes exactions ? Les Ukrainiens ? les Russes ? les Israéliens ? Partout, la guerre sème la mort et la désolation, mais ce sont toujours les vainqueurs qui jugent et condamnent les crimes des vaincus, jamais le contraire !
Aujourd’hui, les Israéliens, assoiffés de vengeance, commettent des crimes abominables à Gaza. Ce qui est choquant, c’est l’absence de condamnation de la part des occidentaux, en particulier des Américains, qui attisent ce sentiment de vengeance. De son côté, le Président français, au comble du cynisme, appelle à « une trêve humanitaire » pour évacuer les morts et les blessés et pouvoir ainsi reprendre le carnage sur un terrain propre ! Des propos qui marque le profond mépris qu’il éprouve à l’égard des millions de musulmans qui vivent en France et qui, souvent, sont français mais qui se sentent solidaires de la cause Palestinienne.
Un appel au cessez le feu, c’est trop demander aux leaders occidentaux qui se sont décrédibilisés et ont montré au monde leur vrai visage, celui du parti-pris et de la mauvaise-foi. Ils ont commis la grossière erreur de choisir leur camp. Ils ont donc perdu toute capacité de médiation en même temps qu’ils se sont mis à dos la majorité des peuples de la planète.
Dans ce contexte, et alors que l’armée Israélienne commet, elle aussi, les pires atrocités à Gaza, la marche « contre l’antisémitisme », organisée en France, est particulièrement malvenue et est perçue par les musulmans comme une provocation. Les Occidentaux sont entrés dans le piège classique des Israéliens qui se servent des atrocités qu’ils ont subi pour culpabiliser la terre entière et faire taire toute critique. Désormais, critiquer Israël, c’est assimilé à de l’antisémitisme et donc condamnable !… C’est à ce niveau que se situe le « deux poids, deux mesures » reproché aux Occidentaux.
Je vous invite à réagir et à apporter votre commentaire personnel à la fin de ce blog.
L’Occident colonial
On ne peut pas comprendre un conflit, et le faire cesser, si on ne remonte pas aux causes. « Les racines de toute la violence que nous voyons depuis le 7 Octobre se trouvent dans le refus de reconnaitre le droit des Palestiniens à exister », affirme avec bon sens une intellectuelle syrienne exilée au Liban.
« On aspirait à l’Europe comme modèle démocratique : on a vu des manifestations palestiniennes interdites, des gens privés de parole… On voit l’Europe silencieuse face aux massacres en train d’être commis contre des civils à Gaza… La question Palestinienne, la dénonciation de l’occupation, est d’ordre humain, morale ».
Israël, financé et armé par les USA, apparait, de facto, comme une sorte de colonie américaine. C’est ainsi que le gouvernement américain avait tout pouvoir pour imposer à Israël la reconnaissance d’un État Palestinien. Il porte donc une lourde responsabilité dans les évènements actuels.
C’est aussi la raison pour laquelle l’intervention sanguinaire de l’armée Israélienne à Gaza, appuyée par le gouvernement américain, apparait comme une guerre coloniale, condamnée par la grande majorité de la population mondiale. C’est à partir de ce moment-là que le monde s’est cassé en deux, brisé définitivement en deux morceaux irréconciliables…
La cassure
Le drapeau palestinien est devenu le symbole de ralliement de tous ceux qui, à travers le monde, entendent lutter contre l’impérialisme occidental, sa suprématie, son orgueil et son mépris pour les autres peuples.
Comme dans la guerre en Ukraine, une nouvelle fois, l’Europe a épousé totalement et les yeux fermés le point de vue américain. « Les Européens ont fait eux-mêmes exploser leur système de valeur… le discours européen sur le droit international, les droits de l’homme, la liberté d’expression et des médias a volé en éclats », remarque Muin Khoury, un consultant jordanien.
De son côté, une archiviste à l’Université Américaine de Beyrouth a participé à la collecte de témoignages de Palestiniens ayant vécu la Nakba (la catastrophe de 1948), rassemblés dans une grande base de données digitales. « Ces récits nous racontent que les Palestiniens avaient une terre, une maison, qu’ils ont dû abandonner, et que la société Palestinienne était très avancée, très progressiste ».
Elle ajoute : « Des confrères en Occident, sensibles au sort des Palestiniens, s’autocensurent en ligne, par crainte de sanctions, de perdre leur travail… Aujourd’hui, je me sens plus libre au Liban qu’aux Etats-Unis ».
Le grand reproche qui est fait aux gouvernements et aux médias occidentaux, c’est de pratiquer la politique du « deux poids, deux mesures », aussi bien dans la guerre en Ukraine que dans le conflit à Gaza. C’est là que se situe le point de rupture avec le reste du monde, un basculement aux répercutions géopolitiques considérables mais encore difficile à évaluer dans son ampleur… La cassure entre les israéliens et les palestiniens symbolise la cassure entre l’Occident et le reste du monde.
PS. Le sujet est important et tous les lecteurs de chronique-libre seraient heureux d’avoir votre avis sur la question qui est traitée ici . Faites un commentaire à la fin de cette page. Merci à l’avance !
Pour une fois, total désaccord, mais j’accepterais ton point de vue s’il reposait sur des faits réels – ce qui ne me parait pas être le cas .
Vous ne pensez pas que nous assistons à une scission du monde en deux blocs, à l’Est et à l’Ouest ? Vous n’observez pas non plus le déclin de l’Occident et un rééquilibrage au profit de l’Est auquel se joindra l’Afrique et sans doute une partie de l’Amérique du Sud ?
Gouvernements et médias pratiquent la politique du deux poids deux mesures parce qu’il n’est pas un humain qui dans ses jugements échappe à la règle de la partialité. Le regard impartial dans un jugement de valeur est libéré du poids de ses conditionnements (ses identités, ses préjugés, ses croyances etc.) Pas même nos juges n’en sont capables. Nous avons vu la France se fragmenter entre des Français d’origine étrangères arabo-musulmane et l’ancienne France judéo-chrétienne.
En cette tension sociale d’une violence grandissante, la guerre Israël-Hamas a exacerbé les haines et racismes. Le wokisme dans sa haine du blanc ayant participé à cet état. Le langage s’est alors tendu et compliqué en raison d’une suspicion de médisance et mépris chez d’authentique français musulmans. Les uns ébranlés dans leur foi et leur identité ont penché vers les fanatiques vengeurs de leur communauté, d’autres s’entêtant dans la seule inobjectivité, dans le déni du réel. L’estime trop sous-valorisée, fut-ce en simple imaginaire, bascule dans la sur-valorisation. L’égocentrisme exacerbé étant haïssable, plutôt que s’enliser profondément dans le faux projette son venin victimaire sentimental et accusateur arrogant sur le monde.
Que vivons-nous ? La prétention à son comble dans ses stratégies millénaires de justifications mensongères mettant deux peuples, en vrai deux cultures et conséquemment deux civilisations en alerte de guerre mondiale.
Un premier de classe est parfois vu avec envie et cataloguer d’arrogance. L’estime de soi, l’amour-propre vibrant morbidement, la Conscience met les ego insuffisants, vexés, susceptibles en devoir d’ajustement : ainsi l’occident et le monde.
L’émulation fait aussi partie de la vie. Mais il est vrai que l’occident a cru pouvoir installer des démocraties chez les arabo-musulmans. Or il suffit de lire le coran pour voir toute l’incompatibilité qui existe, et déjà prophétiser ce qui déjà advient.
La conciliation est le seul salut quand nous cherchons toujours une solution dans les extrêmes.
Ce qui maintient les contradictions, les tensions dont le Désir de Sens.
Vous avez raison de faire remarquer que l’objectivité ne semble pas à la portée des sociétés humaines, mues par des émotions et des passions contradictoires ! Il n’est pas interdit cependant d’essayer de prendre de la hauteur afin d’éviter de tomber dans des confrontations stériles.
Quoi qu’il en soit, nous parvenons à une scission du monde en deux que l’on peut schématiquement situer à l’ouest et à l’est. Ces deux entités pourraient vivre en harmonie… si les humains de cherchaient pas sans cesse à vouloir imposer leur vision du monde !