67 – Il court, il court, le furet…

                Le réseau Internet a changé la face du monde. Il a surtout changé radicalement la circulation de l’information qui courent dans toutes les directions à la vitesse de la lumière. Les conséquences en sont immenses.

Depuis le début de l’humanité l’information circule du haut vers le bas, selon une hiérarchie pyramidale. Schématiquement, une oligarchie détenant le pouvoir décide de ce qu’il convient de divulguer au peuple et de ce qu’il convient de lui cacher . Mais aussi le pouvoir fabrique sa propre version officielle et ses propres mensonges que chaque niveau de la pyramide est chargé de communiquer à ceux de l’échelon inférieur. Cette oligarchie fut tour à tour militaire, religieuse, politique, médicale et même médiatique. Pendant des millénaires il n’y eut qu’une seule façon de penser et d’interpréter le monde. Les contrevenants ont souvent même payé de leur vie le seul fait de mettre en doute la pensée dominante. Même la démocratie moderne a conservé ce fâcheux penchant pour la pensée unique.

Or, au tournant du millénaire, la révolution numérique a bouleversé totalement la hiérarchie pyramidale. Aujourd’hui nous raisonnons de plus en plus en réseau, nous contestons l’autorité si elle est dénuée de compétence, nous mettons en doute les discours officiels et les dogmes institutionnels. En un mot, nous ne croyons plus au Père Noël ! Notre époque a pris conscience des immenses mensonges qui nous ont abreuvés depuis des siècles. Chaque fois que nous soulevons un coin du voile de notre histoire, c’est pour y découvrir des cadavres pleins les placards. Ce qu’hier nous prenions pour certain apparaît aujourd’hui comme une tromperie. Nous ne faisons donc plus confiance à personne et nous sommes devenus des sceptiques chroniques.

  Dans ce contexte, l’arrivée d’Internet nous a apporté l’air du large, des idées nouvelles, des points de vue différents, des informations inédites. Bien sûr, il faut faire le tri et conserver son bon sens ; il faut éviter les bouffées hystériques et les modes. Néanmoins, grâce à cette arrivée d’air frais nos neurones ont été stimulés et nous nous sommes mis à penser par nous même, crime de lèse-majesté ! Les autorités chinoises, spécialistes du prêt-à-penser, n’ont pas aimé du tout et l’ont fait savoir. Naturellement, les américains qui se décernent volontiers des prix de vertu, ont fait la leçon aux chinois dans la bouche d’Hillary Clinton, louant « le pouvoir positif du web, cette infrastructure icône de notre époque ». Poussant plus loin l’hypocrisie, elle n’hésita pas à fustiger « certains gouvernements qui s’en prennent à des penseurs indépendants qui utilisent cet instrument ». Que des bons sentiments en somme.

Mais il court, il court le furet…et quand elle a prononcé ces mots Hillary Clinton ne connaissait pas encore l’existence d’un autre « penseur indépendant », du nom de Julian Assange. C’est l’arroseur arrosé ! Voilà l’Amérique paranoïaque, barricadée, avec ses 500.000 employés dans ses services secrets, ridiculisée par une poignée de cyberspécialistes, apôtres de la transparence. Evidemment, ce que l’on nous cache n’est pas toujours ragoûtant, et on nous cache beaucoup de choses parce qu’il y a beaucoup de choses sales. Et aussitôt Sarah Palin veut traquer Assange « comme un taliban ou un chef d’al Qaïda ». Tout le monde n’a donc pas encore tiré toutes les conséquences de la révolution Internet. Ceux qui nous gouvernent utilisent le web pour tout savoir des faits et gestes de chaque citoyen, mais refusent pour eux-mêmes la transparence. Mentir constitue leur fond de commerce, leur raison d’être et leur méthode pour se faire élire et pour garder le pouvoir. Si on leur retire cette possibilité, ils se retrouvent tout nus, comme si le pouvoir était synonyme de mensonge. Non, Wikileaks n’est pas une menace pour la démocratie comme le prétend le gouvernement américain : Wikileaks, c’est la nouvelle démocratie !

Julian Assange

  On peut s’étonner du fait que, dans l’ensemble, les médias ont eux aussi crié aux-loups, soudain asphyxiés par tant d’air frais. Ont-ils vu là une concurrence dangereuse ? Je crois surtout que l’attitude des médias, très critiques vis à vis de wikileaks, démontre leurs liens avec une oligarchie de « maîtres à penser » qui leurs dictent ce que nous devons entendre. Depuis toujours l’information a circulé du haut vers le bas, mais aujourd’hui Internet permet à l’information et aux idées neuves de venir de la base et de diffuser vers le sommet de la pyramide qui se trouve obligé d’en tenir compte. Plus que jamais, méfions nous des médias et faisons l’effort de penser par nous-mêmes. C’est ce que nous essayons de faire dans nos chroniques libres qui doivent tout à Internet. « Il court, il court, le furet…il est passé par ici…il repassera par là.. », car il y a de par le monde des millions de Julian Assange…

 Citation du jour :

« Toute idée neuve, toute grande idée a toujours été d’abord celle d’une minorité…chaque grande idée commence par un blasphème ».

Anthony de Melo

Quand la conscience s’éveille

 

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