J’ai appris une chose importante au fil des années : il n’est pas toujours utile de «répéter» ce que quelqu’un nous a confié. Même si ce n’était pas sous le sceau du secret !
Je me suis rendue compte que c’était la porte ouverte aux petites histoires dramatiques qui jalonnent les relations familiales, amicales ou professionnelles.
Nous fonctionnons beaucoup avec notre mental et celui-ci est majoritairement gouverné par notre ego. Nous voulons donc nous sentir importants, intéressants, informés. En bref, nous aimons «parader», chacun à notre façon. Certains le feront grâce à leur savoir, d’autres avec leur beauté. Parfois c’est tout simplement avec nos bavardages qui peuvent, très vite, nous amener à cancaner :-).
Lorsque nous «cancanons», nous ne parlons pas pour construire, pour embellir ou pour créer de l’harmonie mais pour mettre nos ego en valeur en rapportant à la personne qui nous écoute des propos qui, nous le savons, pourront la choquer, la mettre en colère, l’attrister ou bien l’inciter à critiquer.
Nous connaissons tous des moments où nous ne pouvons résister au plaisir un peu malsain de prendre un ton confidentiel pour glisser dans une oreille complaisante :
«Tu sais ce que m’a dit Chantal ? Elle m’a dit … bla, bla, bla,» Et, bien sûr, les mots sont repeints à nos couleurs !
C’est ainsi, par ailleurs, que naissent les rumeurs, ces rumeurs qui ont pu faire bien du mal.
Les hommes prétendent souvent que c’est un travers très «féminin» mais, même si cela n’est pas sur les mêmes sujets, s’ils ont un soupçon d’honnêteté ils s’apercevront très vite qu’ils n’échappent pas à la règle …
Je pense que nous confondons souvent «communiquer» et «parler des autres». Lorsque nous communiquons, nous parlons en notre nom, nous transmettons ce que nous pensons, ce que nous savons, ce que nous aimerions transmettre. Nous pouvons communiquer intimement comme intellectuellement. Peu importe, nous parlons de nous.
Pourtant, bien souvent, nos conversations ne sont pas faites de ces échanges personnels avec nos interlocuteurs, elles sont remplies par «les autres».
«Tu sais, elle m’a dit ceci ou cela …»
«Tu te rends compte, elle a fait ça …»
«Comment a-t’il osé …»
« Je ne comprends pas comment elle a pu faire ou dire ceci ou cela …»
Et voilà la conversation s’animer sur le dos de celui ou celle qui n’est pas là pour approuver ou, au contraire, nier tous ces propos ! Car, comme je le disais plus haut, les mots sont forcément déformés au fil du temps. Ils sont déformés involontairement parfois, simplement par la ré-interprétation dont ils ont fait l’objet, mais parfois volontairement pour mieux «épicer» le cancan. Plus il est croustillant, plus il est dramatique, plus il devient «intéressant». Il suffit de voir les couvertures et premières pages des journaux «people».
Bien sûr nous pouvons donner des nouvelles des uns aux autres. Nous pouvons aussi, avec les personnes en qui nous avons confiance, nous questionner sur une attitude qui nous a surpris ou qui nous interroge. Cela s’appelle demander l’avis de quelqu’un … Parfois, échanger avec un proche peut également nous aider à mieux comprendre, à mieux gérer nos émotions.
Ces échanges se feront toujours dans un but positif : être capable de mieux comprendre quelqu’un, par exemple, ou simplement transmettre une nouvelle importante. Nous sommes tous inter-reliés et nous participons à notre réseau social. Simplement, j’ai pris conscience que «transmettre» demandait une grande vigilance : comment être sûr que nous transmettons correctement ce qui nous a été dit, éviter le plus possible les jugements et interprétations, et … est-ce utile à l’un et l’autre ? Quels sont les rapports entre les deux personnes ?
Je crois également important de se questionner, à chaque fois que l’on a le désir de «répéter» quelque chose, sur notre motivation profonde : est-ce pour mettre en valeur ? Est-ce pour mettre en garde ? Est-ce d’une utilité quelconque ? Cette «confidence» permettra-t’elle aux deux personnes de mieux se comprendre ? Cela améliorera-t’il leur relation ?
Si oui, alors, pourquoi pas ? Tout en cherchant à respecter le mieux possible les mots qui nous ont été confiés …
Si non, alors, pourquoi ? Quel avantage retirerions-nous à «répéter» ce que nous avons entendu ou reçu en confidence ?
Parfois nous parlons en toute confiance avec quelqu’un et … ce que nous avons dit est utilisé pour créer la zizanie. Cela peut donner un sentiment de trahison : nous sommes certainement nombreux à l’avoir déjà vécu. Que l’on ait été d’un côté, ou d’un autre : celui du bavard et celui du trahi.
Nos aînés répétaient souvent «Tournes ta langue 7 fois dans ta bouche avant de parler» : peut-être n’avait-il pas tort ?
Confidence – Confidentialité – Confidentiel : étymologiquement, ces mots sont formés à partir du verbe latin «confido», lui-même composé de deux éléments : «cum» qui signifie «avec» et «fido» qui signifie «se confier, avoir confiance en, compter sur …». Cela signifie donc «celui en qui on peut avoir confiance» …
Pour terminer, une citation d’Euripide, Ve siècle avant Jésus-Christ, qui nous montre bien que l’Homme n’a pas vraiment évolué …
” C’est une chose précieuse qu’une langue dont la discrétion est sûre. “
Merci Chantal ! les blablas malsains font trop de mal. Je refuse catégoriquement de participer aux cancans de ‘village’ C’est à nous d’apporter des discussions, confidences positives avec notre entourage. Bonne journée à tou(te)s !
Pour illustrer ton propos, avec un peu d’humour, voici une petite histoire…
Dans la Grèce antique, Socrate était loué pour sa sagesse. Un jour, une de ses connaissances vint le voir tout excitée et lui dit :
· Socrate, sais-tu ce que je viens d’apprendre à propos de Diogène ?
· Un instant, répondit Socrate, avant de me raconter, tu dois passer un petit test. Je l’appelle le test à trois filtres. Voyons ce que tu as à me dire. Le premier test est celui de la vérité. Es-tu absolument sûr que ce que tu vas me dire est la vérité ?
· Non ; en fait j’en ai entendu parler.
· Bien dit Socrate, tu ne sais donc pas si c’est vrai ou faux. Passons au second filtre. le filtre de la bonté. Est-ce que tu vas me dire au sujet de Diogène est quelque chose de bon ?
· Non ; au contraire.
· Ainsi continua Socrate, tu t’apprêtes à me dire au sujet de Diogène quelque chose qui pourrait être mauvais alors que tu ne sais même pas si c’est vrai.
L’homme se sentit un peu embarrassé. Socrate continua :
· Tu peux quand même passer le test car il y a un troisième filtre, celui de l’utilité. Est-ce que ce tu vas me dire au sujet de Diogène peut m’être utile ?
· Utile non, pas vraiment.
· Bien, conclut Socrate, si ce que tu veux me dire n’est ni vrai, ni bon, ni même vraiment utile, pourquoi me le dire ?
L’homme se trouva honteux et resta sans voix.
Voilà qui illustre bien pourquoi Socrate fut un grand philosophe et tenu en telle estime.
Voilà aussi pourquoi Socrate ne sut jamais que Diogène avait une relation avec sa femme.
J’aime beaucoup cette phrase qui s’articule bien. On peut aussi ajouter que ceux qui manient les idées ne sont pas ceux qui les appliquent. Mais c’est précisément là que les problèmes commencent!
Merci Chantal ! les blablas malsains font trop de mal. Je refuse catégoriquement de participer aux cancans de ‘village’ C’est à nous d’apporter des discussions, confidences positives avec notre entourage. Bonne journée à tou(te)s !
Pour illustrer ton propos, avec un peu d’humour, voici une petite histoire…
Dans la Grèce antique, Socrate était loué pour sa sagesse. Un jour, une de ses connaissances vint le voir tout excitée et lui dit :
· Socrate, sais-tu ce que je viens d’apprendre à propos de Diogène ?
· Un instant, répondit Socrate, avant de me raconter, tu dois passer un petit test. Je l’appelle le test à trois filtres. Voyons ce que tu as à me dire. Le premier test est celui de la vérité. Es-tu absolument sûr que ce que tu vas me dire est la vérité ?
· Non ; en fait j’en ai entendu parler.
· Bien dit Socrate, tu ne sais donc pas si c’est vrai ou faux. Passons au second filtre. le filtre de la bonté. Est-ce que tu vas me dire au sujet de Diogène est quelque chose de bon ?
· Non ; au contraire.
· Ainsi continua Socrate, tu t’apprêtes à me dire au sujet de Diogène quelque chose qui pourrait être mauvais alors que tu ne sais même pas si c’est vrai.
L’homme se sentit un peu embarrassé. Socrate continua :
· Tu peux quand même passer le test car il y a un troisième filtre, celui de l’utilité. Est-ce que ce tu vas me dire au sujet de Diogène peut m’être utile ?
· Utile non, pas vraiment.
· Bien, conclut Socrate, si ce que tu veux me dire n’est ni vrai, ni bon, ni même vraiment utile, pourquoi me le dire ?
L’homme se trouva honteux et resta sans voix.
Voilà qui illustre bien pourquoi Socrate fut un grand philosophe et tenu en telle estime.
Voilà aussi pourquoi Socrate ne sut jamais que Diogène avait une relation avec sa femme.
Exact. C’est parfois tellement ordinaire qu’on le fait sans réfléchir…Mais cela peut coûter la fin d’une amitié…
Les grands esprits discutent des idées. Les esprits moyens discutent des événements. Les petits esprits discutent des gens.
J’aime beaucoup cette phrase qui s’articule bien. On peut aussi ajouter que ceux qui manient les idées ne sont pas ceux qui les appliquent. Mais c’est précisément là que les problèmes commencent!