415 – L’ITALIE VERS LA CHUTE?

Qui sera le prochain sur la liste des pays en grande difficulté ? Nous hésitons entre l’Espagne dont nous avons déjà parlé (chronique 404) et l’Italie. Dans l’immédiat, l’Italie paraît la plus fragile.

Nous avons trop de mauvaises nouvelles ! Je suis lassé, jour après jour, d’être obligé d’égrener les risques qui s’accumulent à l’horizon et qui font craindre le pire pour l’Europe. Il n’est pas exagéré de dire que nous vivons, en direct, des heures historiques durant lesquelles se joue notre destin. Notre plus grande inquiétude provient du fait que notre système démocratique se révèle incapable de générer des hommes politiques courageux, capables de prendre les bonnes décisions pour nous permettre de sortir de la crise.

ENVOYEZ LES CLOWNS
ENVOYEZ LES CLOWNS

A cet égard l’Italie illustre parfaitement notre propos. Mario Monti, qui expédie encore les affaires courantes du pays, avait su prendre quelques mesures courageuses qui allaient dans le bon sens. Mais il n’est pas un tribun capable d’enthousiasmer les foules qui réclament, non pas de la sueur et des larmes, mais du lait et du miel. Il a donc été désavoué par les électeurs qui ont préféré élire des clowns démagogues. Les clowns peuvent nous faire rire et nous aimons les applaudir lorsqu’ils caricaturent les petits et les grands travers des humains. Allons-nous pour autant confier nos affaires à des saltimbanques ? Aux dernières nouvelles, c’est à nouveau Berlusconi qui tient la corde et pourrait de retrouver au pouvoir…

L’Italie déboussolée est devenue ingouvernable au moment où elle se trouve confrontée à la pire crise économique de son histoire. Comme à Chypre, c’est une nouvelle fois le secteur bancaire qui se trouve fragilisé. La plus vieille banque du monde, celle qui a inventé le capitalisme, est en train de sombrer. Est-ce un symbole ? La Banque de Sienne, Monte Dei Paschi, accumule les pertes depuis plusieurs années et a perdu la moitié de sa valeur. Mais qui, aujourd’hui, va plaindre les actionnaires qui sont en fait les politiciens Toscans de la gauche modérée italienne ? La Banque est aujourd’hui accusée d’avoir trafiqué ses comptes, d’avoir conclu des accords secrets avec d’autres banques pour tromper les autorités de supervision et d’avoir mené plusieurs actions frauduleuses sur les produits dérivés.

L’opération la plus funeste pour Monte Dei Paschi fut le rachat, en 2007 et à un prix exorbitant, de la banque Antonveneto. L’Etat Italien, dirigé par Mario Monti, fut obligé de venir au secours de cet emblème national à hauteur de 3.9 milliards d’Euros. Cette somme correspond très exactement à la taxe très impopulaire sur les résidences principales instaurée par le Premier Ministre ! Les électeurs ne lui ont pas pardonné… Mais qui était le directeur de la Banca d’Italia au moment de ces affaires et qui donc supervisait le secteur bancaire ? Tout simplement l’autre Mario, Mario Draghi, qui se trouve maintenant à la tête de la BCE…

UnknownTout cela ne fait pas très net, vous en conviendrez, et n’inspire pas confiance. Pourtant, la confiance, c’est ce dont l’économie a le plus besoin. Qui va être suffisamment patriote ou naïf pour laisser son argent chez Monte Dei Paschi ? L’affaire de Chypre est dans toutes les mémoires. Lorsque les comptes seront bloqués, il sera trop tard. La fuite des capitaux va commencer, ce qui sera le coup de grâce final. L’Etat Italien n’a pas les moyens de venir au secours de Monte Dei Paschi qui pourrait entrainer le pays dans sa chute.

En effet, en 2012 la dette italienne a augmenté de 81 milliards d’euros et s’est encore creusée de 34 milliards depuis le début de l’année. L’Italie se dirige vers le modèle Grec et l’endettement total dépasse les 2.000 milliards, soit 130% du PIB : de quoi donner le vertige ! Les taux de financement du pays grimpent dangereusement et frôlent les 5%, taux à partir duquel tout peut arriver…

Dans ces conditions, il est facile de comprendre que les partis politiques italiens renâclent à prendre le risque de gouverner. Il est tellement plus confortable de rester dans l’opposition et de rassembler les innombrables mécontents. Mais Silvio est à l’affut, et lorsque les autres auront montré leur incapacité à gouverner, il sera là à nouveau, prêt à tenir les rênes, pour le meilleur … ou pour le pire!

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