« L’armée a eu la peau de Cahuzac ». Tel est le titre d’un article passionnant du magazine Suisse l’Hebdo de cette semaine.
Le gouvernement français est aux abois et cherche désespérément à réduire ses dépenses. Le projet du ministre Cahuzac consistait à couper sévèrement le budget de l’armée, partant du principe que « la Grande muette » ne serait pas en état d’émouvoir l’opinion et subirait, sans réagir, les ponctions d’un Etat ruiné.

Le projet de Cahuzac était de tailler dans le vif et de couper un milliard dans le budget 2014 et plusieurs milliards les années suivantes jusqu’à ramener les dépenses de l’armée à 1.1% du PIB. Ceci aurait eu pour effet d’enlever à la France toute possibilité d’intervention et lui aurait fait perdre son titre de Grande Puissance et l’aurait reléguée au rang de puissance de troisième catégorie. Il fallait supprimer 30.000 postes à la défense et 15.000 dans l’industrie de l’armement public, sans compter les répercussions sur l’activité de Dassault, Thales et Nexter. En effet, le projet consistait à arrêter la production du Rafale, à annuler les commandes des hélicoptères de combat et à vendre le porte avions Charles-de-Gaulle…
Chaque année, depuis quarante ans le budget militaire ne cesse d’être rogné mais il finit par devenir famélique. Si la France avait suivi le projet Cahuzac, dès 2015 le rôle de l’armée devait se cantonner à la sécurité nationale. Le sénateur socialiste, Jean-Louis Carrère, président de la Commission de la défense s’est écrié : « La Patrie est en danger. Si nous appliquons les scénarios de réduction des moyens, nous aboutirons à un déclassement de notre pays». D’autres voix se sont élevées comme celle du général Lalanne-Berdouticq qui

devant l’Institut des Hautes Etudes de la Défense, a déclaré : « Ce monde, notre monde, reste dangereux. Comme les prophètes que personne n’écoutait dans les années 1930, je ne cesse de dire que le décuplement des dépenses militaires en Extrême-Orient depuis dix ans devrait nous inciter à mieux surveiller les diminutions insensées que subissent les nôtres. Dans l’Histoire en effet les mêmes causes produisent les mêmes effets et il y a donc tout à craindre des abandons qui se produisent chez nous. » et d’ajouter : « Enfin, cessons de nous croire à l’abri des menaces militaires… »
Ce fut le branlebas de combat au sein du lobby
militaro industriel hexagonal qui poussa la DCRI (Direction Centrale du Renseignement Intérieur) à agir vite. Il lui a suffi de regarder dans ses cartons et d’activer ses réseaux pour faire remonter quelques informations gênantes pour Monsieur Cahuzac. « On ne s’attaque pas impunément à l’armée française » aurait lâché un officier des renseignements généraux. Cet avertissement sans frais vaut pour d’autres ministres !…
Jérôme Cahuzac croyait sans doute qu’un pays moderne n’a pas besoin d’armée et que c’est un luxe inutile. Il aurait dû lire Pascal et s’en souvenir : « La justice sans la force est impuissante ; la force sans la justice est tyrannique. La justice sans force est contredite, parce qu’il y a toujours des méchants. La force sans la justice est accusée. Il faut donc mettre ensemble la justice et la force, et pour cela faire que ce qui est juste soit fort ou que ce qui est fort soit juste ».
Les peuples ne respectent que la force. Une des grandes faiblesses de l’Europe, c’est sa faiblesse militaire. Il ne reste que deux pays avec une armée dotée de quelques moyens : L’Angleterre et la France. Or nous avons tous vu la faiblesse de l’armée française au Mali lorsqu’il a fallu demander aux USA de transporter les troupes et de prêter ses drones. Aujourd’hui une armée sans drone est une armée aveugle. Heureusement qu’il lui reste les renseignements généraux !…