477 – LE PORTUGAL FACE AU GRAND LARGE

Le Portugal, où nous venons d’arriver, s’est assoupi depuis quelques années. Son horizon aurait pu s’éclaircir grâce à ses relations outre-mer, mais de récents évènements remettent tout en cause.

 

Cette fois-ci, nous avons évité Lisbonne et avons filé en empruntant l’autoroute du sud, quasi déserte. L’absence de camion démontre que l’activité économique tourne au ralenti. Dans les petites villes du sud le commerce est léthargique et même dans les rues commerçantes de Faro, de très nombreux magasins ont tiré définitivement les rideaux. Les restaurants sont presque déserts maintenant que les touristes sont partis. Les temps qui viennent n’annoncent rien de bon puisqu’il va encore falloir rogner sur les salaires des fonctionnaires et sur les retraites…

Qu'elle aille se faire foutre la Troïka
Qu’elle aille se faire foutre la Troïka

 Le Portugal n’est plus un pays souverain depuis qu’il a été mis sous tutelle de la troïka, c’est à dire des trois instances internationales qui dictent sa politique économique, à savoir le FMI, la BCE et la Commission Européenne. Naturellement ce triumvirat est haï du peuple qui plie sous la charge qui lui est imposée. Le gouvernement portugais n’avait pas d’autre choix que la soumission pour éviter la ruine totale, après des années de dépenses excessives. Il faut reconnaître qu’il s’est engagé dans des mesures importantes d’économies et ne s’est pas contenté, comme en France, d’augmenter les impôts.

 L’économie portugaise donne le vertige et l’on a l’impression d’être au-dessus d’un abîme. Pour l’instant la descente aux enfers se fait marche après marche, progressivement, inéluctablement. Chaque régression économique semble éloigner le pays de la reprise car chacun attend, figé dans l’incertitude. La peur serait d’être soudain happé par le vide dans une spirale infernale. En attendant, le Portugal est comme en hibernation pour éviter le désespoir. 

Le gouvernement a pris certaines mesures pour relancer l’économie, en particulier il cherche à attirer des retraités européens et, principalement, la diaspora portugaise très importante en Allemagne, en Suisse et en France. C’est ainsi que les citoyens européens qui viendraient dépenser leur retraite au Portugal seraient totalement exonérés d’impôts pendant dix ans avec, en outre, pas d’impôt sur le capital ni de droits de succession. Beaucoup d’argent est en jeu, mais il est trop tôt pour juger de l’efficacité de cette nouvelle mesure très séduisante…

 

150.000 émigrèrent l'an passé
150.000 émigrèrent l’an passé

 Le Portugal est isolé, à l’extrémité Ouest de l’Europe, aux limites extrêmes de la communauté économique, dans une sorte de cul-de-sac. Mais les portugais se souviennent des vieilles relations culturelles qu’ils ont toujours entretenues au sein de la lusophonie qui s’étend au-delà des mers, en Afrique et en Amérique. De nombreux jeunes portugais diplômés émigrent vers le Brésil et l’Angola, encouragés par le gouvernement. Ce dernier a même proposé de fournir à ces pays des bataillons de jeunes instituteurs et professeurs. Mais il fut fraichement accueilli, en particulier par le Brésil qui a fait savoir qu’il n’avait nul besoin des enseignants portugais !

Les relations avec l’Angola sont au cœur des discussions actuelles. Ce pays est le deuxième exportateur de pétrole d’Afrique et regorge de matières premières. Il est pour le Portugal une source traditionnelle d’un important volume d’affaires. De nombreuses sociétés sont très actives en Angola et ce dernier place d’importants capitaux dans l’économie portugaise. Mais Lisbonne n’a pas su résister au besoin de faire la morale à son ancienne colonie. C’est un travers partagé par l’ensemble des anciens colonisateurs d’ici ou d’ailleurs. La Justice portugaise et les media ont voulu mettre leur nez dans certaines affaires angolaises dans lesquelles étaient impliqués des proches du président José Eduardo Dos Santos.

Ces velléités ont fait puissamment réagir le gouvernement de Luanda qui, du coup, remet en cause les

"Isabel Dos Santos continue d'acheter le Portugal" (c'est la fille du Président de l'Angola, la femme la plus riche d'Afrique)
“Isabel Dos Santos continue d’acheter le Portugal” (c’est la fille du Président de l’Angola, la femme la plus riche d’Afrique)

liens traditionnels avec le Portugal. Il vient d’annuler toutes les réunions intergouvernementales prévues et d’affirmer que « l’Angola va regarder vers d’autres horizons et va repenser sa politique extérieure avec d’autres priorités ». Chacun sait que les autres horizons en question se situent du côté de la Chine qui est déjà un partenaire très important et qui attend, en coulisse, sans faire de remarques désobligeantes !

 

Ainsi, le Portugal retient son souffle. Il craint de devoir rapatrier en catastrophe les 200.000 portugais installés en Angola. Cela serait autant de chômeurs en plus à indemniser et à  garantir une assurance santé. Sans compter la perte colossale pour l’économie du pays qui sombrerait. L’Angola pourrait être la charge de trop qui ferait plier le dos du chameau !… C’est aussi la revanche de l’ancien colonisé…

 

 

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