497 – LA CROISSANCE EST-ELLE DEVENUE UN MYTHE?

Le mythe est un récit explicatif fondateur, une croyance erronée portée de bouches en bouches, mais qui recèle en son sein une force symbolique où les sociétés puisent leurs forces.

 

La société industrielle occidentale a été portée, depuis son origine, par le mythe de la croissance économique infinie, en même temps que les progrès scientifiques et techniques. Mais selon nous, les progrès techniques fulgurants ont été rendus possible par l’invention de la machine à vapeur puis du moteur à explosion. Néanmoins ces inventions, qui ont révolutionné le devenir de l’humanité, ne furent que la résultante de l’utilisation du charbon, du pétrole et du gaz naturel, c’est-à-dire de ressources naturelles limitées, véritables capitaux de l’humanité.

La croissance économique continue, qui a subsisté jusqu’à l’orée du XXIème siècle, repose principalement sur deux données essentielles : des sources d’énergie et de matières premières bon marché, associées à une main d’œuvre abondante et bon marché. Au fur et à mesure que nous prenons conscience de l’épuisement de ces ressources naturelles, il apparaît clairement que l’humanité a bien vécu en puisant dans son capital. Les pays qui aujourd’hui n’ont plus ni énergie, ni main d’œuvre bon marché sont condamnés, au mieux à la stagnation, sinon à la décroissance. Certains pays en voie de développement bénéficient d’un rattrapage car ils ont encore accès à une main d’œuvre bon marché.

C’est pourquoi la croissance est devenue un mythe dans les pays développés, une épopée désormais impossible. Les USA peuvent encore espérer un peu de croissance grâce au gaz de schiste et une pression forte sur les salaires. Cependant, les pays européens qui ont sciemment décidés de refuser d’exploiter le gaz de schiste, à tort ou à raison, se ferment mécaniquement toute possibilité de retour à la croissance et peuvent même se préparer à la décroissance. Le remplacement des énergies traditionnelles par les énergies renouvelables (solaire et vent) font partie du mythe pour encore longtemps comme nous l’avons montré récemment (voir chronique 496).

Numériser 1 L’économie occidentale a cependant maintenu son niveau de vie ce qui a masqué, pour un temps, le déclin économique. Cette illusion a été entretenue grâce à un endettement chaque année plus important. Aujourd’hui, la dette croit plus vite que l’économie. Le peu de croissance économique ne correspond qu’à la croissance de la dette, ce qui est une autre façon de manger son capital. Il s’agit même d’entamer le capital des générations futures ! Le stock de la dette publique, accumulé depuis trois décennies, rend la vraie croissance encore plus impossible. Mais qui peut croire que la dette peut continuer à croitre encore longtemps ? Ce que l’on a appelé le « mur de la dette » illustre bien le dilemme et le moment de vérité est proche…

Lorsque les taux d’intérêts vont commencer à monter, cela signifiera que l’on approche du dénouement car il sera dès lors impossible de continuer à s’endetter. Or, sans augmentation de la dette il ne peut plus y avoir de croissance. Il convient dès lors de se préparer à la décroissance et de l’organiser. La décroissance n’est pas la fin du monde, mais probablement la fin d’un monde. Il faut commencer par réduire ses dépenses énergétiques. Ces économies passent par de meilleures isolations des bâtiments, des systèmes d’éclairage intelligents, des moyens de locomotion moins gourmands, des déplacements moins fréquents, l’achat de biens fabriqués localement et peu énergivores et aussi une agriculture plus raisonnable, sachant qu’aujourd’hui il faut dépenser 7.35 calories énergétiques pour récupérer 1 calorie d’aliment !…

images Si les pays occidentaux n’étaient pas gouvernés par des politiciens arrivistes ne raisonnant qu’à court terme, en fonction des futures élections, de grandes et belles choses seraient possibles. Il faudrait des gouvernants qui sachent prévoir, et qui ont le courage de poser des actes. Des leaders qui savent prendre des décisions de façon consciente et responsable pour conduire les peuples vers de nouveaux horizons réalistes, basés sur la responsabilité de chacun, et non pas sur une hyperconsommation porteuse de toutes les illusions.

Hélas, les républiques du mensonge continuent de réciter un bréviaire, obsolète et trompeur, basé sur l’illusion de la croissance indéfinie de l’économie. Elles feraient mieux de préparer la décroissance inexorable, ce qui ne veut pas dire moins de confort et moins de bonheur, mais simplement moins de gaspillage et moins de superflus !… Autrement dit, plus de qualité et moins de quantité.

 

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