576 – LE FLEAU DE L’ETATISME

« L’étatisme est une doctrine, politique ou culturelle, selon laquelle l’État doit être le centre et la principale structure qui dirige, administre et contrôle toute ou partie de l’activité sociale ou économique ». L’étatisme se résume à un excès d’Etat qui met son nez partout, sous forme d’un interventionnisme tout azimut. Les individus sont sous tutelle, déresponsabilisés, avec une restriction de leurs libertés d’action.

imagesD’après les définitions qui précèdent vous constaterez combien nombre de démocraties contemporaines sont étouffées par l’étatisme, qui est un des plus grands fléaux que nous avons à combattre, car il entrave les initiatives, les libertés individuelles et le développement économique. En général, l’étatisme est une caractéristique essentielle de l’idéologie socialiste et va de paire avec de graves difficultés économiques dans les pays concernés. Il est même possible de démontrer que le dynamisme d’une nation est inversement proportionnel à son degré d’étatisme.

En Europe occidentale, la palme revient sans conteste à la Grèce dont les déboires sont principalement dus à son excès d’étatisme, le paroxysme ayant été atteint avec le gouvernement d’Alexis Tsipras. L’Etat y est le plus grand employeur avec un nombre de fonctionnaires très supérieur, en proportion, à celui des autres pays de l’Union. Ce nombre a doublé entre 2004 et 2009, ce qui explique une partie des problèmes d’aujourd’hui. « Le gouvernement ne s’intéresse qu’au secteur public. Son premier geste a été de réintégrer les 500 femmes de ménage du Ministère des Finances, licenciées par le précédent gouvernement », fait remarquer l’écrivain Grec Nikos Dimou. Clientélisme oblige ! A l’opposé, le gouvernement se préoccupe peu du million de chômeurs qui ne sont pas syndiqués et viennent du secteur privé.

images-1La première caractéristique de l’étatisme consiste à disposer du nombre maximum de fonctionnaires qui constituent la base électorale d’un gouvernement étatique. A cet égard, la France est la championne d’Europe puisque les agents de l’administration représentent 25% de la totalité des emplois, soit près du double de l’Allemagne. Il faut compter 90 fonctionnaires pour 1000 habitants en France, tandis-que l’Allemagne est mieux gérée avec seulement 50 fonctionnaires pour 1000 habitants !

Bien entendu, cette pléthore de fonctionnaires constitue un coût considérable pour l’Etat qui doit s’endetter chaque jour davantage pour supporter cette charge. Cet handicap diminue la compétitivité du pays qui, de ce fait, s’appauvrit et à cela s’ajoute naturellement une kyrielle de règlements administratifs, de contraintes et de contrôles qui alourdissent l’économie et freinent le dynamisme. En France, le coût des fonctionnaires absorbent à lui seul le tiers du budget de l’Etat ! Selon la Cour des Comptes, la France a été le seul grand pays européen à augmenter ses dépenses publiques entre 2010 et 2014 tandis-que les autres les baissaient. Ainsi l’Espagne a supprimé 100.000 emplois publics et a organisé une baisse des salaires de la fonction publique qui a ainsi participé à la sévère cure d’austérité que l’Espagne a dû mettre en place. Pendant de temps là, en France, les fonctionnaires ont continués à être choyé et à bénéficier de privilèges exorbitants. Ils n’ont nullement participé aux énormes difficultés qu’ont dû subir les employés du secteur privé en particulier au niveau du chômage…

citoyens-et-Admin-300x220Il ne faut pas croire que l’abondance de fonctionnaires améliore l’efficacité des services publics. Au contraire, on observe dans les pays affectés par l’étatisme une abondance de services, de bureaux et d’agences gouvernementales qui interfèrent les unes sur les autres et compliquent considérablement les démarches administratives et les ralentissent jusqu’à l’absurde. Nous avons une certaine expérience de la France et de l’Italie qui, sur ce point, rivalisent en complexité et en lenteur. De nombreux services de l’Etat ont 3 mois pour répondre à une requête, par exemple concernant une règle d’urbanisme. Or, en règle générale, le service de l’Etat ne se donne pas la peine de répondre mais vous devez attendre ce délai de trois mois avant de pouvoir procéder à une autre requête, auprès d’une autre administration et ainsi de suite en cascade !

Il se trouve que nous avons aussi l’expérience des démarches identiques dans deux autres pays non européens, la Suisse et les USA. Dans ces deux pays toutes les informations sont en ligne et disponibles pour tous. D’un simple clic vous avez les réponses administratives immédiates ce qui facilite énormément les transactions immobilières par exemple. Pour la même transaction, s’il faut 6 mois en Italie, il faudra 4 mois en France, moins d’une semaine aux USA et moins de trois jours en Suisse ! Si les USA comptent 15% de fonctionnaires par rapport à la population active, la Suisse, de loin la plus performante ne compte que 10% de fonctionnaires. Tout est donc une question d’organisation.

En effet, il est invraisemblable, qu’au 21ème siècle, avec les extraordinaires moyens de communication et de stockage de l’information que nous avons, il nous faille encore écrire à une administration pour avoir un renseignement ou une réponse et attendre trois mois ! Malgré ces progrès foudroyants, des pays comme l’Italie et la France n’ont pas été capables de simplifier les procédures et de diminuer le nombre de fonctionnaires. Ces pays là n’ont aucune chance de redevenir compétitifs et donc sont condamnés au déclin.

justiceLe système judiciaire français constitue sans doute l’exemple le plus frappant des dégâts de l’étatisme. D’une part, les tribunaux se laissent encombrer par un déluge d’affaires mineures qui pourraient être réglées rapidement à un autre niveau ou par voie de la médiation, d’autre part, l’accumulation vertigineuse des lois et des directives diverses, souvent contradictoires les unes avec les autres, constitue un maquis inextricable dans lequel les juges eux-mêmes se perdent et se contredisent. Il s’en suit une lenteur invraisemblable qui décrédibilise l’appareil judiciaire sans son ensemble. A titre d’exemple, nous avons attendu 15 ans un jugement sur un conflit immobilier mineur qui aurait pu être réglé en 15 minutes par un arbitre indépendant !

L’étatisme est donc un fléau très grave pour les pays qui doivent le subir et s’accompagne, en outre, d’un défaut de démocratie puisque l’administration décide de tout à la place des citoyens qui n’ont plus droit au chapitre. Il s’en suit une perte de responsabilité individuelle, les citoyens se comportent comme des enfants assistés par des parents trop bienveillants et ils deviennent dépendants d’un système dans lequel ils sont prisonniers. Ils attendent tout de l’Etat et en acceptent toutes les contraintes, même les plus ubuesques. Enfin, l’étatisme se survit a lui-même grâce au clientélisme et au populisme comme on le voit si bien en Grèce, mais aussi en France. Le système perdure car la masse des assistés votent pour que cela continue et les partis politiques font de la surenchère démagogique pour être élus. Hélas, à terme, ce système est condamné comme nous venons de le voir en Grèce et comme nous le verrons bientôt dans les pays qui persistent dans cette voie.

 

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