Oui, championne d’Europe de la fiscalité, triste performance, qui aboutit à la destruction fatale des classes moyennes.
Emmanuel Macron avait fait un bon diagnostic concernant les maux qui accablent la France de façon chronique. Son programme paraissait séduisant et tranchait singulièrement avec le laisser faire et les faiblesses démagogiques de son prédécesseur.
J’ai même écrit des chroniques qui envisageaient son possible succès pour redresser la France qui avait emprunté depuis longtemps le chemin du déclin et du renoncement. (Lire chroniques 709 à 712 « Macron peut-il réussir ? »)
Un poids écrasant
Imaginez que pour courir un marathon, votre coach décide de vous faire porter un sac à dos de 20 kg ! Si vous parvenez jusqu’au bout, vous serez un surhomme, mais vous arriverez le dernier…
La France, qui se trouve en compétition avec l’ensemble du monde, et surtout avec ses partenaires européens, se trouve dans cette situation. Le poids de l’Etat correspond à un sac de 20 kg pour courir un marathon ! L’administration française est sans doute la plus onéreuse du monde.
La fiscalité française représente 56,7% du PIB, alors que la moyenne européenne est de 44,52%. Ces deux chiffres résument l’essentiel et, tant que cette disparité perdurera, la France poursuivra son déclin économique : c’est de la simple arithmétique !
Malgré ce poids écrasant de la fiscalité, l’Etat a épuisé ses ressources 2018 depuis le 30 Octobre, c’est-à-dire que depuis cette date il vit à crédit. Année après année, la dette s’alourdit!
La conclusion qui devrait s’imposer à toute personne de bon sens, c’est qu’il faut impérativement, et d’urgence, diminuer drastiquement les dépenses de l’Etat et commencer par diminuer le nombre de fonctionnaires. Hélas, trois fois hélas, ce n’est pas le choix qui a été fait. Par voie de conséquence, les français continueront de s’appauvrir.
Il faut néanmoins mettre au crédit de l’actuel gouvernement une baisse significative de la fiscalité des entreprises et une réduction des charges qui pèsent sur le travail ce qui, à terme, devrait améliorer la compétitivité de la France.
Autoritarisme d’Etat
Il semble qu’Emmanuel Macron ait renoué avec le jacobinisme ultra- centralisé, qui est l’autre mal français et qui est aussi la marque des démocraties faibles.
Le mouvement actuel, des nouveaux sans-culottes en gilets jaunes, correspond à un rejet de cet autoritarisme vertical alors que les citoyens demandent une démocratie horizontale dans laquelle ils sont impliqués.
Décider d’en haut et sans concertation, ni explication, de limiter la vitesse à 80 km/heure sur l’ensemble des routes, sans exception ni spécificité, constitue une faute politique grave concernant un sujet bénin qui irrite quotidiennement les citoyens.
Imposer une nouvelle taxe qui s’ajoute à des milliers d’autres, sous le prétexte d’écologie, est le signe d’un grand mépris pour les citoyens. Il est sain et légitime qu’à la fin ils se révoltent, comme jadis le Tiers-Etat écrasé d’impôts. Ce fut la paille de trop qui fit ployer le dos du chameau !
Qui a peur de la démocratie directe ?
Ces évènements signent une faillite de la démocratie représentative que je décris depuis longtemps et en particulier dans la chronique 662 « Agonie des démocraties parlementaires ».
J’en appelle à la démocratie directe qui constitue, à mes yeux, le seul recours pour sauver la démocratie du tsunami populiste qui menace. Qui peut prétendre que les français ne pouvaient pas s’exprimer par référendum pour décider s’ils jugeaient bon de limiter la vitesse sur les routes par mesure de sécurité ou de sauver la planète en augmentant le prix du diesel ?
Si on juge qu’ils n’en sont pas capables, c’est que l’on refuse la démocratie et il faut le dire ! toutefois, si le gouvernement avait souvent recours au référendum pour les sujets qui concernent directement les citoyens, il y aurait moins de crispation et la société serait plus fluide…
Les citoyens sont incapables de se gouverner par eux-mêmes, mais ne se laissent pas facilement gouverner par les autres. Ils sont d’humeur changeante et volatile, jouets de leurs émotions du moment. Mais ils mobilisent volontiers leurs énergies si les leaders leur offrent des perspectives, fixent un cap et leur donnent des raisons d’espérer.
J’approuve l’analyse du philosophe Luc Ferry lorsqu’il affirme : « Toute la politique moderne a tenu la sphère publique pour infiniment plus importante que la sphère privée… mais ce qui fait le sens de l’existence, ce qui lui donne sa saveur et son prix, se situe pour l’essentiel dans la vie privée ». Nous avons besoin de plus de qualitatif et de moins de quantitatif !
Je garderai ma confiance en Emmanuel Macron s’il sait redonner la parole au peuple, s’il sait lui faire confiance et le consulter, s’il parvient à s’élever au-dessus de la technocratie pour embrasser des valeurs plus humaines et donner un sens à ses actions pour nous réenchanter.