789 – Y A-T-IL UN BON SENS EN ECONOMIE ?

Le monde de la finance et de l’économie est en ébullition. Plus personne n’y comprend rien. Les experts se contredisent. Le simple bon sens peut-il remplacer les spécialistes ?

L’endettement

Nous le savons tous, de nombreux Etats se sont endettés au-delà du raisonnable jusqu’à atteindre plus de 100% du PIB, c’est-à-dire la totalité de la production du pays en une année. L’Italie, championne du monde en la matière atteint même 130%.

On pourrait s’attendre à ce que, face à des Etats surendettés, les créanciers demandent des taux d’intérêts élevés pour compenser le risque. Contre toute attente, ce n’est pas ce qui s’est passé, bien au contraire, puisque les taux n’ont jamais été aussi bas ! Nous en verrons plus loin les causes…

Dans ces conditions de taux bas, les gouvernements continuent à s’endetter de plus belle et à creuser les déficits pour satisfaire leurs promesses de campagne électorale et faire plaisir aux citoyens-électeurs qui vont ainsi laisser à leurs enfants d’énormes déficits en héritage ! Nous vivons dans des pays de Cocagne, l’argent est gratuit…

La création monétaire

On peut se poser la question de savoir qui prête à des Etats surendettés qui seront probablement incapables de rembourser. Il s’agit de Caisses de pension ou d’Etats qui disposent de devises. C’est le cas de la Chine qui a beaucoup acheté de bons du Trésor américain, c’est-à-dire de la dette US.

Mais les prêteurs se font rares et il a fallu trouver d’autres sources de financement. La réponse des Banques centrales a été simple et a consisté à créer de la monnaie à partir de rien. C’est simple comme bonjour, il suffit d’ajouter une ligne de chiffres sur les ordinateurs des Banques Centrales !

En temps normal, la création monétaire génère de l’inflation, c’est-à-dire l’augmentation des prix. En effet, l’argent diffuse à travers l’économie, la demande augmente, les prix et les salaires augmentent ainsi que les taux d’intérêt…

Sauf que, ce n’est pas ce qui s’est passé cette fois-ci. L’argent nouvellement créé a mal diffusé dans l’économie et la demande est restée molle malgré les centaines de milliards injectés. Les particuliers n’ont pas davantage emprunté pour acheter. Où sont donc partis ces milliards?

En fait, ils sont pour l’essentiel resté dans les circuits financiers et ont alimenté la spéculation. Ils ont été captés par les grandes sociétés, qui en ont profité pour racheter leurs propres actions, ou par les sociétés d’assurance pour investir dans l’immobilier. Ils ont aussi servi à améliorer le train de vie des gouvernements.

Le résultat global fut de faire augmenter le prix des actions et de l’immobilier, c’est-à-dire d’enrichir les riches, comme je l’ai maintes fois signalé dans mes chroniques. Dans le même temps, les citoyens ordinaires se trouvent encore plus endettés, car c’est en leurs noms que les gouvernements s’endettent !

Les taux d’intérêts négatifs

Nous nous trouvons donc avec une situation instable dans laquelle la masse monétaire est devenue considérable et le manque de confiance dans l’économie est au plus haut. Cette masse monétaire, détenue par les banques, ne sait plus où se placer car il y a peu d’emprunteur.

Chacun sent bien que l’on se trouve dans un cas de figure inhabituel et il y a comme une peur diffuse d’un effondrement global d’un système incohérent. Il y a maintenant tellement d’argent en circulation que les prêteurs sont près à faire des sacrifices. Les taux sont proches de zéro ! L’argent est gratuit !

Certains Etats, réputés sûrs, empruntent à des taux négatifs ! Imaginez un prêteur qui chaque année laisse 1% à l’emprunteur pour avoir le privilège de lui prêter !… Cela semble impossible car c’est le monde à l’envers… Et pourtant, actuellement, 17.000 milliards de dollars d’obligations offrent des rendements négatifs !

Les banques ont tellement peur d’un effondrement du système bancaire et financier qu’elles préfèrent placer leur argent avec des taux négatifs, soit directement dans les Banques Centrales, soit en prêtant aux Etats qui sont supposés plus sûrs !…

S’enrichir en empruntant

Dans ces conditions, les emprunteurs s’enrichissent aux dépens des prêteurs. Des compagnies d’assurance gagnent leur vie en empruntant au taux de -1%.

Si vous achetez aujourd’hui 216 Francs une obligation de la Confédération Helvétique vous serez remboursé de 100 Francs en 2045 ! Même la France, qui fait partie des pays surendettés, emprunte à taux négatifs…

Les taux d’intérêts négatifs sont décidés par les autorités monétaires, pour inciter les entreprises et les particuliers à consommer et ainsi relancer l’économie. En effet, cela devrait inciter l’épargnant à dépenser, plutôt que de voir son capital diminuer. Mais ce qui bloque le système, ce sont les impôts trop élevés que les gouvernements mettent en place pour éviter de creuser les déficits.

Ce que l’on paie en impôts ne va pas dans l’économie mais en dépenses non rentables faites par les gouvernants. Ce n’est pas par hasard si les pays dont l’économie se porte le mieux sont aussi ceux qui ont la charge fiscale la plus légère.

Le bon sens est-il avec la Microtaxe?

Pour débloquer l’économie qui stagne, et sortir des budgets déficitaires qui fragilisent les Etats, un groupe d’économistes propose tout simplement de supprimer les impôts sur le revenu et la TVA payés par les particuliers et les entreprises !

Cette solution peut paraitre puérile, sauf que ce groupe de réflexion fait remarquer que l’impôt actuel est archaïque et pas adapté à une économie numérique. D’ailleurs les grosses multinationales du numérique échappent à l’impôt !

Ils proposent de mettre en place une microtaxe forfaitaire de 0,1% sur l’ensemble des transactions financières, ce qui couvrirait largement la totalité des impôts actuels. Cet impôt serait plus juste, plus simple, plus transparent et ne nécessiterait aucune bureaucratie. Vous imaginez l’économie s’il n’y avait plus de fonctionnaires des impôts, plus de tracasseries administratives et de paperasseries fiscales !

Cela serait l’équivalent de billets de banque distribués par hélicoptère, mais en plus ciblé et plus subtil !

En Suisse, probablement le pays à la fois le plus moderne et le plus sage du monde, une initiative populaire sur l’installation d’une microtaxe est en route pour être soumise à référendum. Si le peuple plébiscite cette initiative qui va considérablement améliorer leur niveau de vie…nous verrons s’il y a un bon sens en économie.

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4 commentaires

  1. Comment peut-on raisonner sainement en partant du faux constat que le PIB est la production annuelle d’un pays alors qu’il n’est que la somme de ses dépenses ?

    C’est bien de raisonner avec bon sens mais quand on part de fausses définitions, on ne peut arriver qu’à des stupidités.

    En économie, l’incompétence fait des ravages, surtout parmi les braves gens et les économistes. Le PIB chiffre un négoce de marchandises et de services d’origine diverses (fabriquées, volées ou importées) payé avec un argent d’origine diverse (gagné, volé ou emprunté). Il se chiffre de 3 manières: en chiffrant ce qui a été vendu, en additionnant ce qui a été dépensé pour l’acheter et en additionnant toutes les ventes. C’est si simple !!!

    1. Le PIB est bien le “Produit Intérieur Brut”, c’est à dire ce qui est produit et dépensé en marchandises ou en services, il est la mesure, certes très imparfaite, de la richesse d’un pays. On peut en effet augmenter artificiellement le PIB avec des dépenses inutiles payées à crédit.

      1. Il est en effet scandaleux d’appeler produit ce qui n’est que du négoce, donc une dépense certaine pour obtenir une production d’origine inconnue et souvent chinoise. Ce ne serait une mesure de la richesse d’un pays que si, comme dans les foires du moyen-âge, la production était locale et l’argent, le fruit du travail.

        Considérer que l’on est riche parce que l’on achète une voiture chinoise avec un emprunt n’est pas raisonnable et pourtant mille fois répété par des gens qui ne comprennent pas ce qu’est le PIB et se font posséder par la malhonnêteté du mot produit. Faire le même PIB en achetant à crédit une voiture chinoise, ou comptant avec de l’argent gagné par son travail, une voiture française, devrait définitivement mettre au rancart le PIB dont les dirigeants et les médias ont tellement besoin pour rester dans le “faire-croire” qui les fait vivre.

      2. Je suis bien d’accord avec votre critique du PIB qui constitue une évaluation trompeuse. Néanmoins, même si on achète une voiture chinoise c’est qu’on a gagné l’argent qui permet de le faire ou on va le gagner. Par contre cet achat d’enrichit pas le pays dans lequel on se trouve, sauf l’Etat qui encaisse les taxes de douane…

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