1029 – L’OCCIDENT N’EST PLUS CREDIBLE

Les peuples sont-ils responsables de leurs destins? Par ses choix sociétaux, politiques, géostratégiques et militaires, l’Occident global s’isole du reste du monde. Son avenir est sombre car il va perdre non seulement sa suprématie économique mais aussi son leadership moral et son rôle de modèle démocratique. L’année 2024 marquera une date historique où se joue le destin d’une civilisation…

Rien n’est immuable. Les civilisations se développent, brillent, déclinent, puis disparaissent, semblables en cela à toute société et à toute vie. J’ausculte la société Occidentale depuis quelques décennies et, sur la durée, j’ai souvent montré que nous vivons clairement une phase de déclin.

Les modifications sont parfois lentes et peuvent passer inaperçues aux yeux de ceux qui sont trop jeunes pour avoir la perspective suffisante sur la durée. Les changements se font par à-coups brusques et, soudain, se précipitent après des périodes de latence. Suite à des évènements fortuits le cours des choses peut s’accélérer, sans crier gare, et tout se précipite…

« Tout ce qui est grand périt et ceux qui en héritent sont petits » écrivait Oswald Spengler dans son célèbre essai historique « Le déclin de l’Occident ».

Une société fatiguée

Les humains, comme l’ensemble des autres animaux, ne respectent que la force. La moindre faiblesse est aussitôt mise à profit par quelque prédateur pour prendre le dessus. Même si la sélection naturelle n’est pas toujours dictée par la loi du plus fort, c’est toujours le plus fort que l’on craint.

« Le monde occidental est attaqué pour ses valeurs et son hégémonie, justement parce qu’il perd de sa force » titrait le journal Le Monde, le 29 Mars dernier. L’auteur ajoutait « Nous sortons d’une parenthèse inédite, pendant laquelle l’occident a pu croire à la perspective d’une extension de la paix, de la prospérité et de la démocratie. Au moment de la chute du mur de Berlin, en 1989, certains avaient même évoqué la fin de l’histoire ».

Cette illusion puérile s’est évaporée car « la nature humaine est conflictuelle » et, surtout, parce que « rien n’échoue mieux que le succès ! ». L’occident, et surtout l’Europe, se croient encore du temps de leur splendeur, lorsque le soleil ne se couchait jamais sur l’étendue planétaire de leur pouvoir.

Mais, à force de se croire le meilleur et le plus fort, l’occident a été aveuglé par le souvenir de sa puissance. Il est de moins en moins craint et ne règne plus sans partage. De nouveaux empires veulent se faire entendre et constituent des modèles alternatifs qui attirent les regards des nations en recherche d’un nouveau modèle.

L’occident pouvait se vanter d’avoir mis en place un système démocratique performant auquel il rêvait de convertir le monde entier. Hélas, ce système s’est perverti en se transformant en démagogie. Pour se faire élire, les politiciens en sont venus à céder à tous les caprices des citoyens qui veulent toujours plus de droits et moins de devoirs.

De ce fait, les sociétés occidentales sont de moins en moins efficaces économiquement et de moins en moins fortes politiquement. Le libéralisme a manqué de rigueur et s’est progressivement transformé en laisser-aller.

Un malheur ne venant jamais seul, l’occident a vieilli démographiquement. Il lui manque la vitalité, source de fécondité. La nouvelle jeunesse, déjà fatiguée de vivre, ne rêve plus de famille et d’enfants. Elle prépare déjà des lois sur l’euthanasie active pour soulager le poids des anciennes générations qui pèsent de plus en plus lourd sur les épaules d’un petit nombre d’actifs!

Cette jeunesse fatiguée considère de moins en moins le travail comme un moyen d’épanouissement personnel mais, de plus en plus, comme un asservissement. Le travail devient une contrainte, parfois indispensable, mais toujours à éviter au maximum, pour plus de loisirs…

Discrédit moral

Toutes les sociétés humaines se sont bâties autour de valeurs fondatrices, partagées par l’ensemble de la communauté. C’est dans le terreau de ces valeurs que les civilisations ont prises leur essor, édictées leurs lois et assises leur pouvoir.

Au cours de l’histoire, chaque civilisation a vénéré de nouvelles valeurs et, à chaque fois que ces valeurs ont perdu de leur poids symbolique, les sociétés ont périclité. Tout se passe comme si les humains avaient besoin d’honorer des valeurs transcendantales pour se surpasser et y puiser leur force et leur raison de vivre.

Les religions ont souvent fait partie des systèmes de valeurs mis en place au fil des siècles et en ont constitué le ciment. L’occident s’est construit, en l’espace de 2000 ans, sur les bases du christianisme qui a imprégné profondément nos lois, nos coutumes et nos mentalités. Le christianisme a fait œuvre civilisatrice en occident, comme l’islam a fait œuvre civilisatrice au Moyen Orient. Mais, comme toute œuvre humaine, ces religions sont loin d’avoir été exemplaires, en maintes occasions.

L’occident était donc porteur d’une morale et d’une éthique, héritées du christianisme. Lorsque, à tort ou à raison, l’occident renie son passé chrétien, il abandonne aussi ses valeurs fondatrices de justice. Lorsque l’occident n’est plus admiré, il abandonne surtout son rôle de modèle universel.

 S’installe alors l’illusion d’une société laïque qui veut bannir les religions. Dans le même temps, les adeptes de l’Islam n’entendent pas renier leur religion qui devient le porte-étendard de leur communauté.

A terme, l’affrontement entre laïcité et islam est explosif car ce sont deux notions qui s’excluent mutuellement. A titre d’exemple, les brimades permanentes dont sont l’objet à l’école les jeunes françaises qui entendent porter le voile islamique, creuse chaque jour davantage le fossé entre cette communauté et la république.

Les guerres sont l’occasion de rebattre les cartes

C’est dans ce contexte de doute existentiel et de fatigue globale que l’occident a pris parti, de façon aveugle, dans deux conflits militaires dans lesquelles il aurait pu, au contraire, jouer le rôle d’arbitre et de médiateur.

En Ukraine, l’occident souffle sur les braises d’un conflit dont il fut l’artisan zélé. Depuis le début de cette guerre meurtrière, tout le monde sait très bien que l’Ukraine va perdre et qu’il eut été plus sage de négocier dès les premières semaines. L’attitude de l’occident est criminelle, car des centaines de milliers de jeunes meurent ou sont grièvement blessés, en vain.

Chaque jour qui passe ajoute de la misère à la misère, une partie de l’Ukraine est un champ de ruine. Dans quel but ? Pour satisfaire quels intérêts ? En Ukraine, l’occident va perdre l’honneur et la guerre ! Nous n’aurons même pas le remerciement des Ukrainiens qui sortiront de cette guerre meurtris et amers

Mais c’est à Gaza où l’occident a perdu le peu qui lui restait d’honneur ! Les crimes atroces, commis chaque jour par l’armée israélienne sur la population palestinienne, surpassent en horreurs les pires exactions, dont les Israéliens devraient être les premiers à garder en mémoire !

Au mieux, l’occident ne dit rien, au pire il approuve, comme l’a fait le gouvernement français qui perdu toute dignité. Après Gaza, sur quelles valeurs l’occident prétend-il bâtir le futur ? L’occident, dans sa globalité, a atteint le sommet de l’indignité sur laquelle il va se fracasser.

Aujourd’hui qui, dans le monde, veut prendre l’occident comme modèle ? Après Gaza, quel peuple peut encore s’identifier à l’occident et souhaiter lui ressembler ? Après l’Ukraine et après Gaza, la honte va imprégner chacune de nos cellules, sur plusieurs générations …

Souvenons-nous des regrets de Pyrrhus dans Andromaque de Racine :

                        « La victoire et la nuit, plus cruelles que nous

                        Nous excitaient au meurtre, et confondaient nos coups ».

Le monde occidental est attaqué pour ses valeurs et pour son hégémonie. Face aux nouvelles puissances émergentes, il devient agressif et perd de sa force matérielle et symbolique. Les deux guerres en cours vont creuser, de façon inexorable, le fossé entre l’occident et le reste du monde. Le déclin s’accélère et la chute devient une possibilité… Et n’oublions pas les pays Africains qui, en rejetant massivement le modèle occidental, peuvent constituer aussi un important facteur déclencheur !

 

Ne manquez pas les prochains articles

Un commentaire

Laisser un commentaire