3 – La corrida

Il parait que les Catalans ont interdits les corridas. Progrès ou signe d’intolérance? Lors d’une soirée entre amis si vous sentez que la conversation s’épuise ou bien si vous avez l’humeur belliqueuse je vous suggère de lancer le débat sur les corridas! Il y a fort à parier que le débat va s’animer et il ne manquera pas de pourfendeurs des corridas qui seront jugées archaïques, barbares, cruelles et sadiques. “Il faut les interdire diront les uns”, tandis que d’autres plaideront la défense des libertés, la protection de la Culture, la tradition ancestrale ou bien encore le caractère sacré du sacrifice. Bref vous terminerez la soirée fâchés avec la moitié de vos amis, sans savoir s’il faut élever la tauromachie au rang d’Art ou bien la considérer comme une cruauté indigne de l’homme.

Parler Corrida est un sujet qui sied bien au mois d’Août car c’est à cette époque que les arènes sont pleines ou du moins devraient l’être, mais il parait que désormais le public boude les corridas. Nous étions il y a peu à Arles où venait d’avoir lieu une corrida de bon niveau dans les arènes romaines. On en vient à penser que finalement la corrida est plus acceptable que le combat des gladiateurs! Pourquoi faut-il être absolument pour ou contre les corridas? Il est exact qu’il s’agit d’une pratique cruelle, mais il est non moins vrai que l’homme est doublement cruel par nature et par culture. La corrida n’est donc que l’expression de notre humanité puisqu’elle exprime qui nous sommes vraiment !

Vous avez dû remarquer comme moi que lors des dîners en ville il n’est pas rare de trouver les plus féroces accusateurs des corridas, sans vergogne, assis en face d’une assiette pleine de viande ! Il est bien difficile à l’homme d’être cohérent. Ne sommes nous pas hypocrites lorsque nous fermons les yeux sur les conditions affreuses dans lesquels les animaux sont tués dans les abattoirs, après une vie de reclus dans un élevage industriel ? Le plaisir gustatif est-il plus acceptable que le plaisir du spectacle de la corrida ? Lorsque les pourfendeurs des corridas seront devenus végétariens nous les écouterons avec plus d’attention.

Disons pour conclure que l’homme n’est pas à une cruauté près; le bouc émissaire ou la brebis expiatoire ne datent pas d’hier. Combien d’hommes sont morts sur l’autel du sacrifice dans des guerres souvent fratricides ? Bien sûr nous pouvons supprimer les corridas et nous ne manquerons pas de spectacles pour les remplacer mais aurons-nous, dans le même temps, éradiqué la violence et la cruauté qui est en nous ? Si le taureau n’est plus offert en sacrifice, quel sera la prochaine victime expiatoire ? A ce sujet je vous conseille la lecture du superbe livre de René Girard, professeur à Standford: La Violence et le Sacré.

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Un commentaire

  1. tu vois ? faut-il toujours écouter les anciens ? la corrida est un art ancestral ! alors ? que fait-on ?

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