6 – Qui sont nos Grands Hommes ? (I)

Dis moi qui tu aimes et je te dirai qui tu es !

Nous aimons les Grands-Hommes, les chefs, les Pères de la patrie. Nous aimons les vainqueurs et méprisons les vaincus, nous aimons les Conquérants, nous rêvons d’un Caudillo que l’on puisse vénérer…

Si vous doutez de ces affirmations, faites un petit retour en arrière et d’un regard circulaire, parcourez l’histoire à grandes enjambées. Quels sont les dirigeants qui ont laissés des traces dans l’histoire, quels sont ceux qui ont été le plus adulés, quels sont ceux dont on se souvient et que l’on vénère encore, les uns ou les autres selon sa culture et son pays ? Nous constatons avec un certain effroi que pratiquement aucun n’était un démocrate au sens où nous l’entendons aujourd’hui.

Abraham, Moïse ou Jésus, aucun de ces Juifs illustres n’ont prônés le moindre esprit démocratique, ce qui ne veut pas dire qu’ils étaient des tyrans.  Alexandre le Grand, le plus célèbre d’entre tous les Grecs d’hier et d’aujourd’hui, vainqueur contre Darius et dont l’Empire s’étendit d’Est en Ouest du Danube jusqu’à l’Indus et du Nord au Sud de Samarcande à Thèbes. Les Pharaons ont dirigé la riche Egypte pendant des millénaires, mais ni les Ramsès ni les Aménophis n’avaient de penchants démocratiques. Jules César domina Rome en mettant fin à une République épuisée et conquit l’Europe entière et l’Afrique du Nord, nous laissant des « Mémoires » que des milliers de Lycéens ont traduits avec émerveillement. Qui doute aujourd’hui de la grandeur de Jules César ? Nous pourrions passer ensemble en revue toutes les grandes et petites dynasties de Chine, du Japon ou du Cambodge qui ont eut en leur temps un rayonnement extraordinaire et que les peuples continuent de vénérer, mais nous ne trouverions pas le moindre indice démocratique. En Russie on célèbre encore la Grande Catherine ; au moyen Orient, Soliman le Magnifique est plus que jamais adulé ; en Europe nous avons un souvenir ému de Charlemagne, Empereur d’Occident, qui parvint en l’an 800, dont tout un chacun se souvient, à reconstituer une partie de l’Empire Romain. Nous sommes tous des fils de Charlemagne. La France a aussi ses héros légendaires, ses chefs héroïques, et même son Roi Soleil. Louis IX, roi de France pendant presque un demi siècle, fut parmi les plus prestigieux, estimé de tous par son courage et sa vertu au point que l’Eglise Catholique en fit un Saint, toujours vénéré et cité en exemple. Il participa à deux croisades et ne trouva jamais rien à redire au tribunal de l’inquisition. Ainsi chaque pays, chaque continent a son héros exemplaire, son père symbolique vénéré par le peuple. Simon Bolivar demeure l’emblème de l’Amérique du Sud hispanophone. Bolivar parlait avec talent de démocratie, c’était un mot à la mode en ce début du XIX siècle, mais il ne la pratiqua pas beaucoup. Hugo Chavez est aujourd’hui son plus grand admirateur et pas très à l’aise avec la démocratie.

à suivre…

Vous trouvez sans doute cette énumération fastidieuse, mais elle illustre la première partie de ma démonstration, à savoir que nos héros populaires ne sont pas des démocrates ce qui ne veut pas dire pour autant qu’ils furent de mauvais chefs. Or la pensée à la mode est aujourd’hui de croire qu’en dehors de la démocratie il n’y a point de salut. Cette idée prend sans doute sa source dans les expériences particulièrement malheureuses du XX siècle durant lequel on vit s’épanouir des dictatures abominables sous l’égide de Hitler, de Staline et de Mao Tsé-Tong, une triple conjonction qui marqua ce siècle d’un fer rouge. Ils furent adulés par leurs peuples et hélas aussi par beaucoup d’autres. Nous aimons les héros sanguinaires !

Il faudrait maintenant apprécier la capacité des démocraties à sécréter des Grands Hommes. Cela fera l’objet d’un prochain sujet. Mais je sens déjà surgir parmi vous quelques éruptions cutanées à la lecture de ce qui précède. N’hésitez pas à partager vos allergies avec nous….

Je cherche quelques noms de Grands Hommes qui furent de parfaits démocrates, il y en a quelques uns: Churchill?, De Gaule?Lincoln? Pensez vous qu’à notre époque le système démocratique tel qu’il est pratiqué soit susceptible de porter un Grand Homme au pouvoir ?

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3 commentaires

  1. complètement d’accord, il n’y a qu’à voir ce qu’est devenue la Yougoslavie après TITO. mes hommes sont -ils prêts pour une démocratie sereine et sage ? pas sûr !!!!

  2. Merci Colette pour ta remarque; TITO fut en Europe un grand leader dans un régime qui n’était pas démocratique. Oû sont les grands leaders des pays qui se disent démocratiques ?

  3. Mon cher Yves;
    La réponse à ta question de savoir si un régime démocratique est en mesure de donner naissance à un grand homme ne peut malheureusement qu’être négative, ou alors quand la chose arrive, c’est à son corps défendant(cf fin de la 4éme République).

    Pourquoi?

    Tout d’abord,parce que la démocratie ne peut fonctionner que par le compromis, c’est -à-dire sur la base d’une moyenne , qui par définition ne peut engendrer que des “moyens”, en d’autres termes des médiocres; ou bien si tu préfères , sur la base du plus petit dénominateur commun; c’est-à-dire que le jeu démocratique consiste à trouver celui ou celle qui adoptera le mieux le discours de la ménagère: à cet égard, l’inénarrable Ségolène est emblématique, et a su pousser le principe de la “cruchitude” jusqu’à une incandescence quasi parfaite, en prônant par exemple l’interdiction du string dans les lycées ou en souhaitant faire raccompagner des gendarmettes par des collègues gendarmes pour qu’il ne leur arrive rien en rentrant chez elles…N’oublions pas tout de même qu’elle s’est dangereusement rapprochée du cocotier,fixé comme chacun sait à 50%

    Giscard, au cours d’un intervalle de lucidité qu’il convient de saluer, n’avait-il pas dit que, de nos jours, les esprits les plus féconds n’embrassaient quasiment jamais de carrières politiques, mais plutôt,scientifiques,artistiques,littéraires….

    Ensuite, parce qu’en démocratie, toute la gestion du temps est basée sur le calendrier électoral et non pas sur ce qu’il serait souhaitable de faire “hic et nunc”; la réforme des retraites est parfaitement emblématique de ce point de vue: tout le monde sait que le projet actuel sera sans effet à compter de 2018; or au lieu d’un discours churchilien et salvateur, on nous sert des demies-mesures inopérantes à long termes, qui fera qu’on devra bientôt replancher sur le sujet.

    Plus globalement, et pour terminer , méfions-nous des apparences: tu cites, par exemple Jules César, dont d’aprés toi la fibre démocratique resterait à démontrer;assurément l’idée de démocratie, telle qu’on la conçoit aujourd’hui ,eut été pour lui, un peu baroque; certes, il a probablement été , avec telle ou telle peuplade barbare, pas aussi câlin que souhaitable…je conviens de tout cela; mais enfin, la Rome antique a tout de même été à l’origine du Droit, en d’autre terme d’une norme technique objective, à l’aune de laquelle l’humanité a pu,enfin, commencer à régler ses différents d’une manière sereine (ou presque).

    Napoléon que tout le monde traite comme un tueur en série, avec la bave aux commissures, a tout de même été un des premiers à considérer qu’on pouvait aussi faire quelque chose dans sa vie, non plus seulement par sa naissance, mais aussi par son talent, et à appliquer ce principe que les conventiels de la révolution avait théorisé.

    La France et les Français, sont ainsi fait, qu’ils ne réagissent qu’une fois au fonds du gouffre: cela fait partie des petits particularismes qui nous rendent reconnaissables entre tous. Cela peut donner le pire (Pétain) comme le meilleur (de Gaulle, Napoléon,si si j’y tiens).

    Bref, attendons le messie, mais soyons patients et vigilants: il peut quand même y’en avoir pour un momentet ne laissons pas passer n’importe qui a coté de l’imparfait tamis de la démocratie.

    Sur ce je t’embrasse et espère te revoir bientôt.

    Dominique;

    PS: bien entendu, j’adresse les coordonnées de votre chronique à mes enfants

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