Le récent débat politique au Portugal vient une nouvelle fois de nous démontrer l’état de délabrement dans lequel se trouvent nos démocraties représentatives. Le pays est en faillite et doit, coûte que coûte, faire des économies, mais le premier ministre José Socrates a été obligé de démissionner au milieu du gué car les partis politiques refusent les plans d’austérité indispensables.
Retenez le nom de Pedro Passos Coelho qui est à l’origine de ce coup bas à l’encontre de son pays. Pour accéder au pouvoir, cet homme a anéanti le peu de crédit dont le Portugal jouissait encore. Ceci confirme une nouvelle fois combien les hommes politiques ne s’intéressent qu’à eux-mêmes. Le Portugal doit trouver 9 milliards d’Euros d’ici Juin prochain pour assurer sa survie provisoire. Depuis la démission forcée de José Socrates le pays doit désormais emprunter à un taux proche de 10%, c’est à dire à un taux qui le mènera à la ruine dans un très proche délai. Il a donc fallu que la BCE vienne à la rescousse pour éviter l’effondrement.
Pourquoi faut-il absolument sauver le Portugal, après avoir sauvé la Grèce et sauvé l’Irlande ? Tout simplement pour sauver les banques françaises et allemandes qui ont prêté à ces pays. Il nous faut sauver les banques pour sauver l’Euro, c’est-à-dire sauver l’Europe ! Mais vous êtes en droit de vous demander pourquoi les banques ont-elles prêté de l’argent à des pays qui sont au bord de la faillite ? Parce que les banques ont emprunté à la Banque Centrale à des taux très bas, de l’ordre de 1%, pour ensuite prêter à ces pays au taux de 5% ou plus. Il faut donc aujourd’hui sauver les banques qui ont péché par excès de cupidité et qui continuent à se servir au passage avec des bonus astronomiques. Tout cela aura une fin, soyez en sûr, quand, à force de dépenser plus que l’on gagne et à force d’imprimer de la monnaie, tout le monde sera ruiné.
Or il est un événement récent qui pourrait bien accélérer le processus et nous amener plus rapidement que prévu vers la fin de la partie. En effet, la CDU, le parti d’Angela Markel, a lourdement perdu les élections récentes dans le Bad-Wurttemberg. Ce que reproche les électeurs à la Chancelière Allemande, c’est tout simplement l’aide apportée à la Grèce et à l’Irlande, puis bientôt au Portugal. Depuis des années les Allemands ont enchaîné les réformes et les plans d’austérité pour rester compétitifs. C’est l’éternelle histoire de la cigale et de la fourmi ! Les fourmis Allemandes ne veulent plus payer pour les pays qui ont mené des politiques inconséquentes et à courte vue.
Nous sommes face à un risque systémique et la situation peut mal tourner. L’économie et les finances de l’Espagne ne sont pas meilleures. Derrière il y a encore d’autres pays dont la France. Pour celle-ci on peut considérer que la grande épreuve de vérité interviendra en 2012, après les élections. Le nouveau gouvernement se trouvera face à de douloureuses et inévitables décisions.
Selon la dernière étude de l’OCDE de nombreux retraités de l’UE ont du souci à se faire ; la retraite des actifs faiblement rémunérés atteindra à peine la moitié du dernier salaire, c’est à dire trop peu pour éviter la pauvreté. Eh oui, sauver les banques a un prix et c’est nous qui payons !…Merci pour elles….Tout cela grâce à la démocratie représentative ! Les taux d’intérêt montent, l’inflation est à notre porte : The Game is over…
Citation du Jour :
« La politique a disparu parce que le système d’information a dérivé vers le spectacle. La démocratie représentative a fait place au sondage sur l’instant ».
Michel Rocard, le 4 Avril 2011 au siège de la CFDT
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